Ce jeudi 21 juin, Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône et candidat aux élections législatives, a publié un arrêté interdisant la vente de Sniffy aux mineurs dans sa ville. Le 6 juin, le ministère de la Santé avait déjà demandé à la Commission européenne d'interdire cette poudre.
C'est un arrêté qui fait grand bruit, à quelques jours du premier tour des élections législatives : ce jeudi 21 juin, le candidat et maire de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), Gilles Platret, a annoncé qu'il interdisait la vente de "Sniffy" aux mineurs de sa ville. Ce produit, apparu sur le devant de la scène ces derniers mois, est une poudre présentée comme ayant des effets énergisants.
Depuis l'an dernier, il est vendu sur internet ou chez des buralistes. Sniffy propose deux moyens pour consommer sa poudre : "par voie orale ou sublinguale." Ces changements ont été effectués depuis le début du mois de juin. Au départ, ce produit était vendu pour être consommé d'une manière bien différente : en l'inhalant à l'aide d'une paille coincée dans une narine.
Ce procédé rappelle directement la consommation de cocaïne. C'est ce principe qui est dans le viseur du maire de Chalon : "ce type de pratique représente un véritable danger pour les jeunes en banalisant, ou même pire, en valorisant la consommation de stupéfiants," explique-t-il dans ce même communiqué.
"On a voulu casser la dynamique. Sur le territoire communal, je peux veiller à ce que les bureaux de tabac ne vendent pas ce produit," ajoute-t-il, avant d'estimer qu'il lui "était presque moralement impossible de ne pas interdire cette poudre."
Une grosse demande pour le produit
Du côté des buralistes, les avis divergent sur Sniffy. À Chalon-sur-Saône, nombreux sont ceux ayant décidé de ne pas vendre cette poudre. Joël Henry, gérant du bar-tabac Le Balto, n'en commercialise pas car "il ne sait pas encore quelles conséquences peuvent avoir ces produits sur les gens."
Kevin Bastos, buraliste au Galia, n'est pas pour "cette gestuelle, elle rappelle vraiment la manière dont on sniffe de la cocaïne. C'est pour ça qu'on ne commercialise pas."
Pourtant, la demande pour ce produit est forte : fin mai, l'entreprise expliquait être en rupture de stock. Chalon-sur-Saône ne fait pas exception.
Le public visé n'est pas le seul à vouloir tester cette poudre. "Les adultes viennent en nous demandant du Poppers. Ils voient le produit et nous demandent ce que c'est," explique Arthur Raynaud, gérant du bar-tabac Le Brazza. C'est un des rares commerçants de la ville à avoir décidé de vendre cette poudre, et il l'assume pleinement.
"Personne ne peut cracher sur Sniffy vu le prix. Je les vends depuis 10 jours à 9,90 € la boîte et je les achète bien moins cher. Personnellement, je ne vais pas dire non à ces marges." Ce choix n'est que peu suivi au niveau national. Philippe Coy a estimé à l'AFP à "quelques dizaines" le nombre de bureaux de tabac qui vendent cette poudre.
Sur l'interdiction, des avis qui divergent
Sur l'arrêté en lui-même, les avis sont là aussi partagés. Kévin Bastos estime qu'il n'est "pas pertinent. Le produit est rare à trouver et ceux qui veulent en acheter trouveront toujours des alternatives hors de Chalon ou sur Internet." De son côté, Arthur Raynaud trouve que le maire a eu une bonne idée. "C'est mieux pour les mineurs," ajoute-t-il.
Gilles Platret, lui, estime qu'il fallait prendre cette décision. "L'arrêté a été très réactif, moi j'agis sur le territoire de la commune. Maintenant, je souhaite vraiment qu'on puisse aboutir vite à une interdiction à l'échelle européenne de la vente de ce produit." Cette demande tombe à pic : le ministère de la Santé avait déjà saisi la Commission européenne le 6 juin dernier afin d'interdire Sniffy.