Sécheresse en Bourgogne : Comment aider les espèces en danger?

Les sécheresses répétées depuis trois ans ont placé certaines espèces dans une situation délicate en 2023. La Société d'histoire naturelle d'Autun (SHNA) fait le point et donne des conseils pour aider à la préservation de la biodiversité.

Les conditions environnementales ne cessent de se dégrader en Bourgogne. La sécheresse persiste depuis l'été 2021, avec seulement décembre 2021, juin et septembre 2022 comme mois non-déficitaires en pluie selon un rapport de MétéoFrance

Parmi les espèces les plus touchées : la faune bourguignonne.  

Les crapauds gênés dans leur reproduction

La sécheresse touche inévitablement les espèces dépendantes des milieux aquatiques. Les amphibiens sont terrestres, mais ils passent une grande partie de leur vie dans l'eau, notamment pour se développer et se reproduire. 

Nicolas Varanguin de la SHNA s'inquiète de voir les zones humides s'évaporer : "Il faut qu'il pleuve au printemps, beaucoup d'espèces en dépendent. La période de reproduction approche ou a commencé pour certains. Avec l'évaporation de l'eau on peut avoir 100% d'échec de reproduction dans certaines zones."

Parmi les espèces les plus vulnérables, le crapaud sonneur à ventre jaune, menacé au niveau européen, va être fortement impacté par la disparition des points d'eau. "Il se reproduit dans des flaques d'eau ou des très petites sources, souvent peu à l'abri des arbres donc d'autant plus vulnérables à l'assèchement."

Face à cette contrainte, ce crapaud a la longévité pour lui, puisqu'il peut vivre entre 15 et 25 ans. Grâce à cela, Nicolas Varanguin théorise: "grâce aux stratégies évolutives ils pourraient décaler leur reproduction à l'hiver ou se reproduire deux fois par an."

Les animaux aquatiques aux abois

Si certaines espèces peuvent se passer occasionnellement d'eau pour vivre, pour les animaux aquatiques c'est une condition indispensable à leur survie. 

C'est le cas de l'écrevisse à pattes blanches

"C'est un animal qui a besoin d'eau en permanence", affirme Damien Lerat, astacologue à la SHNA. "Ses possibilités de déplacements sont relativement limitées, elle ne peut pas se maintenir à certains endroits." Le crustacé devient donc un proie facile pour de nombreux prédateurs. 

La disparition de l'espèce n'est pas à exclure, après tout "l'écrevisse a déjà complètement disparu dans certains territoires". Pour Damien Lerat, le risque est réel et ça pourrait "être une perte pour le patrimoine naturel"

Les insectes, base de la chaîne alimentaire, en péril

Mathurin Carnet est entomologiste à la SHNA, il explique que les insectes ont pu résister à la première année d'anhydrie, mais que sur la durée "ça devient très compliqué pour beaucoup d'espèces"

Il cite notamment l'agrion orné, une libellule majoritairement présente en Bourgogne. "C'est une espèce qui peut supporter une période de sécheresse en se cachant dans la vase, mais là ça fait 2 voire 3 ans que ça dure", s'inquiète-t-il. "Elle a besoin de petits ruisseaux pour vivre, mais avec la sècheresse et le changement des pratiques agricoles elle a disparu sur certains sites." 

La disparition, c'est ce qui guette les hexapodes, comme ce papillon nommé le cuivré des marais, qui est une espèce protégée en France. Il vit dans les prairies humides fortement impactées par la sècheresse. 

"Cet impact climatique fait diminuer les populations d'insectes", regrette Mathurin Carnet. "Le risque c'est d'avoir des espèces qui disparaissent ce qui peut impacter la pollinisation par exemple, mais il y a le fait aussi que la base alimentaire que constituent les insectes pour une partie de la faune ne diminuent fortement." Il explique par exemple que les ornithologues déplorent des "pertes dans les nichées" à cause d'un manque de nourriture. 

Que faire pour les aider? 

  • Pour nos amis les petites bêtes, l'entomologiste assure que "laisser simplement un petit carré d'herbes hautes quand on tond" peut favoriser la préservation de certaines espèces en assurant un coin de fraîcheur et d'humidité.
  • Nicolas Varanguin invite les plus motivés à construire un point d'eau, car c'est un habitat de nombreuses espèces. Il encourage aussi à "laisser des cachettes naturelles comme des tas de cailloux ou des piles de bois ou encore à laisser un accès à nos caves" pour que les animaux puissent se reposer en sécurité.
  • La préservation des zones humides et l'économie de l'eau en général est un point indispensable pour Damien Lerat. "Nous pourrions aussi reboiser les abords des cours d'eau et maintenir ceux qui existent déjà." Enfin il exhorte à ne pas introduire d'espèces exotiques, car elles peuvent être porteuses de maladies.
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