Fanny et sa famille habitent à Autun (Saône-et-Loire). Son fils de 12 ans, Rayan, est atteint de psychose infantile et entre régulièrement en crise au point d'être un danger pour ses proches. Ses parents attendent désespérément de l'aide.
Quand son compagnon quitte le domicile familial pour se rendre à son travail à Autun, Fanny est consciente qu'elle peut le rappeler à tout moment. Il sait qu'elle peut lui demander de rentrer en urgence, car leur fils, Rayan, cherche à s'en prendre à Fanny physiquement.
À l'école maternelle, il a pris des ciseaux et s'est mis en danger.
FannyMère de Rayan
Rayan a 12 ans et est le premier de ses trois enfants. Il a été diagnostiqué de psychose infantile cinq ans plus tôt. "Depuis petit, on voit qu’il a un comportement différent. Il se mettait toujours en danger, on devait mettre des protections. Au début, on se disait : “c’est le fils de son père, qui n’a peur de rien !” Mais finalement, on a fini par voir pas que ce n’était pas normal. Lorsqu'il est entré à l'école, il a pris des ciseaux et il s'est mis en danger. Il s’est fait virer dès sa deuxième année de maternelle", raconte Fanny. La mère de 39 ans n'a pas d'autre choix que d'arrêter de travailler pour s'occuper de son enfant.
"Mon compagnon doit tenir mon fils au sol"
En 2021, Fanny et son compagnon emménagent à Autun avec leurs trois enfants : Rayan, son petit frère et sa petite sœur. Mais la cohabitation entre les trois n'est pas simple. "Quand il fait une grosse crise, c’est toujours pour des problèmes bénins. Par exemple, il joue avec ses frères et sœurs, on lui prend le ballon, il se met en colère et il les menace. On doit les rentrer tous les deux, parce que Rayan cherche à prendre un couteau dans la cuisine. Mon compagnon doit tenir mon fils au sol et attendre qu’il se calme."
J’ai peur de l’issue pour les prochaines crises.
FannyMère de Rayan
Un événement qui s'est répété de nombreuses fois. Généralement, la gendarmerie se rend au domicile de Fanny et prend acte des faits. Emmené aux urgences, Rayan sort au bout de quelques heures.
Lorsque le garçon de 12 ans est en crise, il doit prendre un médicament pour le calmer. Mais il est souvent bien difficile de lui donner. D'autant plus que Rayan grandit, et prend de la force. "Il a le dessus sur moi physiquement, il a pris du poids à cause du traitement. J’ai peur de l’issue pour les prochaines crises. Mon conjoint a un emploi du temps aménagé pour être à 17h à la maison. Je ne peux pas être seul avec lui, son frère et sa sœur."
Sa famille attend désespérément de l'aide
Une situation qui n'est pas gérable pour Fanny et son conjoint. Mais ses frères et sœurs se sont malheureusement habitués à voir Rayan les menacer verbalement et physiquement. "Pour eux, c’est normal de s’enfermer quand il a une crise. Mon autre fils me dit qu’il a peur que mon conjoint reprenne le travail. Ils arrivent à discuter avec lui, ils peuvent regarder la télé ensemble, mais j’essaie de les séparer au quotidien, faire en sorte qu’ils aient un minimum de lien avec lui, car ses crises partent souvent au contact d’autres gens."
Je pense que des gens plus qualifiés peuvent s’occuper de ce genre de cas que moi.
FannyMère de Rayan
Au mois de juin, un drame a bien failli se produire à leur domicile. Le père de famille raconte : "Rayan n’a pas supporté la présence de deux personnes étrangères à la maison, dont son éducateur. Lorsqu’on lui a demandé de quitter la pièce pour que les adultes puissent discuter, il est monté en tension et il a jeté un stylo. Sans prévenir, il a pris un couteau et il a tenté de mettre un coup de couteau au visage de sa mère. L’éducateur a dû lui faire une clé de bras pour l'amener au sol."
Fanny ne sait plus comment s'y prendre. La plupart des établissements ne veulent pas le garder sur longue durée à cause de ses crises. "C’est un cas extrême. On est au maximum du traitement. On recherche le moyen de saisir une autorité supérieure, ou qu'un médecin voie cet article nous contacte avec une solution."
"C'est insupportable de tenir son fils au sol"
Le mari de Fanny ne sait pas combien de temps sa famille peut encore tenir sans aide. "Je rentre dans un état dépressif. Je ne me sens vraiment pas bien, quelque chose s’est brisé. Je n'ai qu’une envie, c’est être au travail pour passer à autre chose, mais j’ai cette hantise que ma compagne m’appelle et me dise : “Rayan est en crise.” J’ai cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête, cette tension qui me hante. J’essaye de me faire aider."
Je fais des cauchemars où je tiens mon fils par terre en état de crise, c'est insupportable de tenir son fils au sol et de voir son regard vide.
Père de Rayan
À la rentrée, Rayan sera pris en charge pas une structure mise en place par le SESSAD (Service d'éducation spéciale et de soins à domicile) d’Autun. Il sera accompagné d'un éducateur à temps partiel. Il aura également rendez-vous une fois par semaine pour une psychothérapie au CMP (centre médico-psychologique) d’Autun. Une aide jugée insuffisante par Fanny et sa famille, qui cherchent désespérément une structure capable d'accueillir Rayan sur une longue durée.