Habitant de Digoin (Saône-et-Loire), Vincent Barges a participé au relais de la flamme olympique le 16 mai dernier, lors de son passage dans l'Aude. Un "honneur" pour ce champion multimédaillé de joute nautique... qui s'est pourtant terminé sur une note amère.
C'était pour lui une consécration. "Un moment magique" qu'il attendait avec impatience depuis novembre 2023, date à laquelle il a appris sa participation à l'événement. Une "fierté", aussi, à la fois pour lui-même, mais aussi "pour sa ville et son sport, d'ailleurs pas représenté aux JO."
Car Vincent Barges fait partie des quelque 10 000 Français sélectionnés pour participer au relais de la flamme olympique. "Mon profil cadrait parfaitement", explique celui qui vit à Digoin, en Saône-et-Loire. "J'ai été 6 fois champion de France de joute nautique méthode lyonnaise, et pendant 20 ans, j'ai été dans les 4 meilleurs jouteurs du pays."
C'était donc tout naturellement qu'il s'est porté candidat pour le relais de la flamme, à l'occasion d'un partenariat entre l'entreprise dans laquelle il travaille et l'organisation des Jeux Olympiques. Quelques mois avant l'arrivée de la flamme en France, il apprend qu'il la portera le 16 mai dans l'Aude, sur le site de la forteresse de Peyrepertuse. "Un lieu magnifique, au milieu des montagnes", souligne-t-il.
Il se rend sur place la veille, en compagnie de sa femme et de ses deux enfants. Une partie de sa famille - frère, tante, cousins - lui fait même une surprise en le retrouvant sur place. "Ça été une grande joie... qui est vite retombée." Car très vite, il doit faire face à une première déconvenue : "quand on est arrivé, on a rencontré des personnes qui nous ont tout simplement dit qu'il serait interdit à ma famille de monter sur le site pour me voir porter la flamme.".
Ma famille a pleuré d'avoir fait tout ce chemin, pour ne pas pouvoir me voir.
Vincent Barges,porteur de la flamme olympique
Impensable pour Vincent, qui vient de parcourir 650 kilomètres pour l'occasion. Il décide donc de contacter l'organisation afin de trouver une solution. "Je leur ai expliqué la situation, et ils m'ont dit d'envoyer une liste des personnes qui étaient avec moi." Ce qu'il fait - sans succès.
Le matin du relais, les gendarmes refusent de laisser la famille accéder au site. Ce dernier était en effet bouclé au titre du dispositif de sécurité, sur ordre du préfet. "À ce moment, on a tous eu de la peine. Ma famille a pleuré d'avoir fait tout ce chemin, pour ne pas pouvoir me voir", soupire Vincent.
Ses proches décident toutefois de ne pas se laisser abattre. À force de négociations et de "coups de fil de gendarme en gendarme", son épouse et ses enfants parviennent finalement à passer le cordon de sécurité. Seulement, le temps qu'ils arrivent sur place, Vincent était déjà parti. "Au bout de 6h30 de route, ils m'ont regardé porter la flamme sur un téléphone, sur un parking à 2,5 kilomètres de là où ça se passait", déplore-t-il.
Résultat, ce moment qu'il attendait depuis des mois a été "gâché". "Ça aurait dû être la joie, le bonheur de savoir que toute ma famille était présente pour me voir. Ça n'enlève rien à la grandeur du moment, sauf que ça aurait pu être parfait mais ça a été une déception immense. Tout ça parce qu'un seul homme en France a dit "non", sans penser aux porteurs de flamme."
S'il assure ne pas en vouloir aux forces de l'ordre qui "faisaient simplement leur travail", il regrette malgré tout que des places n'aient pas été réservées pour les familles des porteurs. "Il y avait plein de spectateurs à certains endroits : maire, adjoints, secrétaire de mairie, club de randonnée du coin... mais personne n'a pensé aux familles, alors qu'elles avaient plus leur place que certains. C'était un manque de respect total pour nous tous."