C'est un petit chef d'oeuvre d'ingéniosité, imaginé par des paysans du Jura, au 19 ème siècle. Le téléphérique porte-lait de Blois-sur-Seille a fonctionné jusqu'en 1983. Aujourd'hui, des amoureux du patrimoine veulent le restaurer et le faire revivre.
Imaginez que vous vivez au 19ème siècle, dans la montagne du Jura. Vous êtes un paysan, producteur de lait à comté. Deux fois par jour, après la traite des vaches, il faut descendre les lourdes "bouilles" à lait, les bidons, à la fruitière de Blois-sur-Seille. 5 kilomètres, 200 mètres en contrebas, par des chemins escarpés. Quelle que soit la météo, ou la hauteur de neige. Un travail épuisant et dangereux.
Et puis un jour, un autre paysan vous parle de ce qu'il a vu, dans les Alpes... C'est une histoire vraie, racontée par Laurent Besançon, le maire de Blois sur Seille :
Un des producteurs avait fait son service militaire à Grenoble. Il avait été séduit par la découverte d'un téléphérique qui portait des charges, des pierres. Il a ramené l'idée ici à son retour !
Jusqu'en 1893, les sept producteurs de lait du hameau du Chaumois-Boivin, sur le premier plateau du Jura, faisaient parvenir leur production à la fruitière à comté, implantée dans le village de Blois-sur-Seille. Ils parcouraient, à l’aide d'une carriole, les cinq kilomètres de sentier qui les séparaient de la fromagerie.
Grâce à la brillante idée d'un téléphérique, ramenée de Savoie par l'un d'entre eux, tout change à partir de 1893. Ils s'associent pour faire construire un porte-lait. Ils confient la réalisation à un artisan de Saint-Lamain, une commune à quelques kilomètres de là.
C'est un petit chef d'oeuvre d'ingéniosité, comme le confie, admiratif, Joël Chambard, le président de l'association "Les loups de Blois", le comité local des fêtes. 500 mètres entre le départ et l'arrivée du téléphériqure porte-lait, 200 mètres de dénivelé... et zéro consommation d'énergie !
Il n'y a pas de moteur, il fonctionne par gravité. Le panier plein, depuis le premier plateau, faisait monter le panier vide, ça faisait 200 litres de lait par voyage !
En 1977, Joël Chambard avait tourné des images du téléphérique porte-lait, qui fonctionnait encore. Voici son film :
Avec une gare située à flanc de plateau et une seconde dans la vallée, à quelques mètres de la fruitière, le téléphérique, simple dans sa conception, mais ingénieux, permettait matin et soir après la traite, de faire descendre, par simple gravitation, un panier chargé de quatre bouilles de 50 L de lait chacune. Le second panier, avec ses bouilles vides, remontait par traction vers le plateau.
Appel aux dons pour la restauration
Le téléphérique porte-lait a cessé de fonctionner en 1983, à la fermeture de la fruitière de Blois-sur-Seille. Les cabanes qui abritaient les installations ont été restaurées par la commune. Aujourd'hui, il s'agit de faire renaître l'installation.
La restauration, avec la mise en sécurité pour l’accueil du public, devrait coûter 100.000 euros. Une grosse partie des fonds devrait provenir des collectivités. Le reste dépendra des dons. Le projet a été retenu par la Fondation du Patrimoine qui a lancé la souscription, et en a fait un de ses "coups de coeur".
Un dossier a également été déposé pour inscrire le projet au loto du patrimoine.
Une nouvelle destination touristique fin 2021 ?
Si tout se passe bien, les travaux pourraient débuter au cours de l'été 2021, pendant trois à six mois.
L’objectif sera de le faire fonctionner à nouveau, lors des journées du patrimoine, ou d’événements culturels ou touristiques. Et pourquoi pas recréer des liens avec la filière comté, lors d’animations spécifiques, pour fabriquer à nouveau du comté sur place ?
Le projet de restauration du périphérique porte-lait de Blois-sur-Seille, raconté par notre équipe de reportage