Alain Dreyfus-Schmidt, avocat pénaliste belfortain, est décédé à l'âge de 61 ans

L’avocat pénaliste belfortain Alain Dreyfus-Schmidt est décédé dans la nuit de lundi à mardi 14 novembre, à l'âge de 61 ans.

Alain Dreyfus-Schmidt, avocat bien connu dans le Territoire de Belfort, est décédé à l'âge de 61 ans, dans la nuit de lundi à mardi 14 novembre. La maladie qui l'avait placé en retrait des salles d'audience depuis plusieurs mois a malheureusement fini par l'emporter. 

Le ténor du barreau, notamment connu pour ses plaidoiries marquantes, avait plusieurs fois été candidat aux élections locales à Belfort pour diverses formations de gauche. Il avait également siégé au conseil municipal de Belfort comme conseiller. Il venait d'une famille d'avocats. Son père Michel Dreyfus-Schmidt était ancien vice-président socialiste du Sénat. 

Affaire Lebetain, Boukrourou, Nasica, Péchier...

En 2019, Alain Dreyfus-Schmidt voit son nom entrer dans l'affaire Frédéric Péchier, cet anesthésiste de Besançon soupçonné de nombreux empoisonnements. L'avocat de Belfort défend alors Catherine Nambot, consœur du Dr Frédéric Péchier à la clinique St-Vincent de Besançon. Cette dernière soupçonne Frédéric Péchier d'avoir voulu l'empoisonner. 

Dans l’affaire Pierre Nasica, ce jeune Belfortain de 15 ans dont le corps avait été découvert dans la neige au pied du Lion de Belfort en décembre 2010, Me Dreyfus-Schmidt et Me Patrick Uzan avaient fini par faire avouer leur client Yacine Sid en plein procès d’assises en 2016. Yacine Sid qui avait toujours nié les faits, avait craqué, écopant de 20 ans de réclusion criminelle. Il avait reconnu une altercation avec le lycéen qui était mort de coups de couteau.

Alain Dreyfus-Schmidt avait pris la défense de la famille de Mohamed Boukrourou. À Valentigney (Doubs), en 2009, cet homme de 41 ans avait trouvé la mort suite à une arrestation "musclée" effectuée par quatre policiers. Il était mort d’un arrêt cardio-respiratoire. En appel, les fonctionnaires avaient été mis hors de cause. L'avocat avait également marqué les esprits dans l'affaire du parricide de Lebetain, lors du procès aux assises en 2004. Il avait réussi à faire reconnaître par le tribunal l'irresponsabilité mentale de son client, Vincent Grimmler, âgé de 15 ans au moment où il avait tué son père et sa mère. Ce dernier avait finalement été relaxé.

Homme de gauche, indépendance d'esprit sans concession, fervent défenseur de la dépénalisation du cannabis, l'avocat avait eu affaire à la justice à deux reprises. En 2019, il avait refusé un contrôle stupéfiant après un excès de vitesse. Il avait été condamné à trois mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel. Son contrôle s'était avéré positif à la cocaïne et au cannabis. Plus tôt, en 2012, il avait été condamné pour outrage à personne dépositaire de l’autorité publique.

"Notre tristesse est grande"

Bastien Faudot, conseiller départemental et municipal de Belfort (Mouvement républicain et citoyen), a publié un bel hommage à l'homme de justice. "Au revoir Alain. Ton humour, ta tendresse, ta fougue, ton regard tragique sur le monde, tempéré par un inusable optimisme, vont nous manquer. Depuis 6 mois, tu luttais avec un courage et une dignité exemplaires face à la maladie. Tu nous envoyais des nouvelles, des saillies cinglantes, une caricature, ou un selfie depuis ta chambre d’hôpital avec ce regard trompe-la-mort. Samedi quand nous t’avons rendu visite, l’issue ne faisait plus vraiment de doutes, mais tu riais encore. Une grande leçon de vitalité. Aujourd’hui, j’ai une pensée affectueuse pour « mamie », pour ton fils et tes proches qui sont restés à tes côtés, jusqu’au bout. Salut l’artiste, adieu l’ami", a-t-il publié sur les réseaux sociaux.

Le groupe politique d'opposition municipale "Pour Belfort en Grand", dont fait partie Bastien Faudot ainsi que Samia Jaber et Jacqueline Guiot, a réagi : "C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de notre collègue et ami Alain Dreyfus-Schmidt ce mardi matin, même si nous connaissions jour après jour son combat contre la maladie. Son engagement politique aura été celui de la fidélité, d’abord à sa famille, car il lui tenait à cœur de continuer à marquer la vie politique belfortaine comme l’ont fait son père, le sénateur Michel Dreyfus Schmidt et son grand-père, le maire de Belfort Pierre Dreyfus Schmidt. Fidèle à sa famille politique aussi, il a été à nos côtés dans de nombreux combats. Élu conseiller municipal en 2014, nous avons découvert un élu attachant, fougueux parfois, mais toujours sincère. Comme au barreau, le verbe haut, il combattait sans relâche l’injustice, qu’il dénonçait à chaque prise de parole. Alain Dreyfus Schmidt était un véritable humaniste. Un ami attachant et une personne rare. Le groupe Belfort En Grand, ses élus, saluent la mémoire d’un ami et présentent leurs condoléances à toute la famille, en particulier à son fils Hugo, son épouse Stéphanie et à sa sœur Kalou."

Damien Meslot, maire de Belfort, a publié un communiqué de presse peu de temps après l'annonce de la mort d'Alain Dreyfus-Schmidt. "C'est une grande figure du barreau pénal qui nous quitte, Alain Dreyfus-Schmidt, avocat pénaliste brillant et engagé dans la vie politique locale auprès de la gauche sociale démocrate, a été un adversaire politique déterminé et républicain", écrit l'élu des Républicains. Et de conclure : "Alain Dreyfus-Schmidt était un grand avocat. Il a marqué toute une génération par son intelligence, son éloquence et son talent. Chaque affaire était un combat qu'il menait comme un boxeur. Notre tristesse est grande, mais nous pensons avant tout à la peine de ses proches à qui j’adresse en mon nom et celui du Conseil Municipal de Belfort nos très sincères condoléances".

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