Comment les personnes qui vivent dans la rue sont-elles protégées pendant la pandémie due au coronavirus ? Les bénévoles et les salariés des associations et des centres d'hébergement et de réinsertion sociale organisent la solidarité et font appel aux dons. Le point à Belfort et à Dole.
Ce jeudi soir, pour la première fois depuis presque deux ans, Christophe Seingry est rentré directement à son domicile après sa journée de travail. Sans passer par les cases "solidarité" et "convivialité". Christophe avait imaginé une soupe solidaire, avec les SDF. Une fois par semaine, la soupe était servie sur le marché des producteurs de Dole, dans le Jura. L'action était menée avec les bénévoles de son association, "l'ouvre-porte Dole". Il a décidé de tout arrêter. Un crève-coeur :
Certains ne comprennent pas ce qui se passe, ils sont perdus... ça a été très difficile de prendre cette décision, mais regrouper des personnes était bien trop risqué
Triste et inquiet pour ses amis SDF, Christophe Seingry ? Oui, mais au téléphone on ressent aussi un certain soulagement dans sa voix :
C'est génial la solidarité qui est en train de se mettre en place ! Les bénévoles de l'association m'ont tout de suite dit qu'il fallait continuer les maraudes
La maraude ? Deux personnes qui parcourent la ville pour aller à la rencontre des SDF, leur proposer de quoi manger, discuter quelques minutes, prendre de leurs nouvelles. A bonne distance bien sûr, pour éviter toute contamination.
A Dole, comme le précise Christophe Seingry, la coordination semble bien fonctionner entre les différentes structures d'aide aux SDF : CCAS (centre communal d'action sociale), Croix-Rouge ou Banque alimentaire. La plupart des SDF devraient donc pouvoir trouver rapidement un hébergement pour se protéger de l'épidémie.
Besoin de dons et de bénévoles à Belfort
A Belfort, la fondation de l'Armée du Salut intervient auprès de 300 personnes en grande précarité. Selon Thierry Novelli, le directeur de la structure :
C'est compliqué pour certaines personnes d'être confinées dans un appartement, en particulier celles qui souffrent de problèmes psychologiques, on fait le maximum pour garder le contact avec elles
Ce vendredi 20 mars, il ne restait plus que 3 ou 4 SDF encore en attente d'un hébergement. En plus du parc locatif mis à disposition de l'Armée du Salut, des studios meublés ont été proposés par un bailleur social, Néolia.
La grande majorité des salariés de l'Armée du Salut sont désormais en télétravail. Mais un tiers est en arrêt, pour les mêmes raisons que la plupart des Français : santé fragile, entourage à protéger. D'où un appel au bénévolat, dès maintenant :
Nous avons besoin de bénévoles pour intervenir aux côtés de nos professionnels, chercher les repas à la banque alimentaire ou à l'hôpital, aider à les distribuer,
explique Thierry Novelli.
Cet appel au bénévolat se double d'un appel aux dons. Draps, serviettes, couches et lait pour bébés, produits d'hygiène féminine, fruits et légumes frais : ce sont quelques-uns des dons que les Belfortains peuvent déposer, au 7 rue Jean-Baptiste Colbert.
Voyez ou revoyez notre reportage tourné en 2019 et consacré à l'association l'ouvre-porte de Dole et à l'organisation de la soupe solidaire :