Interpellée par le mouvement Paris Animaux Zoopolis sur la cruauté des méthodes de capture et gazage des pigeons pour limiter leur nombre en ville, la commune de Belfort va bientôt expérimenter deux pigeonniers contraceptifs. Les œufs y seront rendus stériles à la main.
"En tant qu'élue en charge du bien-être animal, je ne pouvais pas me satisfaire d'une telle situation, explique d'entrée Christiane Einhorn, conseillère municipale déléguée à la ville de Belfort. Même si le nombre de pigeons euthanasiés, par capture puis gazage, était limité par rapport à leur population totale à Belfort, en moyenne 70 à 80 par an, cela ne va pas dans le sens du bien-être animal. Et cette technique ne sera plus utilisée dorénavant. La mise à mort d'un animal est toujours un échec."
Cependant, la lutte contre la prolifération des pigeons en ville est un problème sérieux. Si l'on considère que 150 oiseaux produisent une tonne de fientes par an, ce sont tous les toits, façades, et balcons qui en font les frais, ainsi que les services municipaux et les particuliers.
"S'ils ont le gite et le couvert, les pigeons s'installent, renchérit l'élue. On peut les déloger en installant des pics, mais il y a toujours des gens qui considèrent qu'il faut les nourrir. Or bien souvent ce n'est pas leur rendre service, car cette nourriture n'est pas adaptée à leurs besoins" ajoute la conseillère municipale au micro de Sarah Francesconi.
Tuer le problème dans l'œuf
Encouragés par le mouvement Paris Animaux Zoopolis, les services de la ville de Belfort ont donc cherché un moyen de réduire le nombre des volatiles en douceur, mais surtout des solutions qui ont fait leurs preuves
Le choix s'est porté sur des "pigeonniers contraceptifs", des abris sécurisés en bois et toit en zinc de 4 m2 comprenant des cellules pour abriter des couples de pigeons.
"Dans un premier temps, on va y installer un couple de pigeons domestiqués pour y attirer les autres, explique Hamid Hamlil, technicien à la direction générale de l’environnement de la ville de Belfort. Ensuite, on va "agrainer" les volatiles, c'est-à-dire leur donner du grain pour qu'ils reviennent. Enfin, quand les femelles auront pondu, une personne viendra, une fois toutes les deux semaines, secouer les œufs à la main, afin que le jaune se mélange au blanc et qu'aucun oisillon ne se forme dans la coquille."
Un couple de pigeons donnant naturellement naissance à 14 petits par an, qui eux-mêmes en font 80 l'année suivante, puis 250 au bout de trois ans, cela devrait empêcher l'apparition de milliers de volatiles. Du moins, c'est ce que la municipalité espère.
Deux premiers pigeonniers contraceptifs seront bientôt installés dans les quartiers des Glacis et du Mont. Si l'opération est un succès, le dispositif sera étendu à toute la ville.