Un accord "informel" élaboré par l'intersyndicale et la direction de General Electric prévoit de sauvegarder près de la moitié des 792 suppressions de postes prévues initialement sur le site de Belfort. Des tractations officieuses sont toujours en cours.
21 octobre : date fatidique pour les salariés de General Electric. Le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) prévu par la direction devrait être présenté auprès des services de l'Etat. C'était sans compter sur deux jours de réunions décisives. A Bercy, Bruno Le Maire a joué les arbitres entre direction et intersyndicale de General Electric, réunis au Ministère.
De sources syndicales, un accord aurait été trouvé à l'issue de ces deux jours de réunion. Il prévoit de sauvegarder environ 300 emplois sur les 792 menacés de suppression sur le site de Belfort. Hier, le plan a été proposé aux salariés. Ils ont jusqu'à lundi pour le refuser ou l'accepter. Cette journée du 21 octobre sera quoi qu'il en soit déterminante pour leur avenir.
Si ce nouveau projet est accepté par les salariés, il raménerait l'intersyndicale à la table des négociations, pour des discussions formelles jusqu'au 29 novembre. Il repousserait ainsi le dépôt du PSE initialement prévu lundi 21 octobre. Si le plan est refusé, le PSE sera bien déposé. Les services de l'Etat - la DIRECTE en l'occurence- disposeront de 21 jours pour valider ou non le PSE.
L'usine de turbines à gaz de Belfort est toujours bloquée, pour le dixieme jour consécutif. Trois syndicats mènent le piquet de grève. Il y a d'abord la CFE-CGC, le syndicat des cadres et des techniciens, favorable au compromis proposé aux salariés. Le syndicat SUD, minoritaire, l'est également. Enfin, la CGT pointe du doigt un accord défavorable pour les salariés.
Car en contrepartie des emplois sauvegardés, la direction prévoit un plan d'économie de 12 millions d'euros. Plus encore, l'accord repousserait les suppressions d'emplois dans le temps mais ne les annulerait pas. Une première vague de suppression d'un peu plus de 300 postes est prévue au premier trimestre 2020, les 125 restant pour la fin d'année. Enfin, le manque de perspective et l'abscence de projet industriel à moyen terme est une inquiétude partagée chez les salariés. La plupart craignent un nouveau plan social similaire dans les prochaines années.
En coulisses, les tractations sont donc intenses... et intestines. Le ministère et les syndicats CFE-CGC et SUD tentent de convaincre la troisième voie de l'intersyndicale : la CGT. Pour le moment, aucun terrain d'entendre n'a été trouvé.
La CGT n'acceptera pas le compromis, le syndicat parit sur l'invalidation du plan social intitial par les services de l'Etat. Selon un représentant : "ce n'est pas un caprice ou une parole iraisonnée de syndicaliste mais une manière de ne pas s'asseoir sur nos acquis." Le bras de fer pour la lutte sociale à Belfort pourrait donc continuer.