Alors que Bercy annonce la création d'un comité de suivi début septembre, les salariés belfortains craignent toujours pour leurs emplois. Du côté de GE, on se veut rassurant mais ferme tout en ouvrant la porte des discussions avec les partenaires sociaux. Détails.
► Une lettre de la direction aux salariés
En cette rentrée, les salariés belfortains de GE ont reçu un courrier composé d'une lettre et d'un entretien de Patrick Mafféïs, directeur des opérations pour l'Europe de GE Power. Ce dernier annonce que les instances de GE sont ouvertes aux discussions et insiste plusieurs fois sur la nécessité de dialoguer. "Nous devons offrir aux salariés de la visibilité. Le dialogue est nécessaire et le moment est venu pour les partenaires sociaux de s'asseoir à la table des discussions" explique-t-il, tout en précisant que le marché est en net repli puisque "les commandes à Belfort ont été divisées par deux" et que "Belfort ne peut pas s'affranchir des efforts faits également par l'ensemble des sites de GE Power."
Selon Patrick Mafféïs, les rumeurs concernant un possible transfert d'activité vers les États-Unis sont "des spéculations infondées".
Philippe Petitcolin, délégué syndical CGE-CGC, sera en direct dans notre journal 19/20, ce 28 août 2019.
► Un comité de suivi convoqué début septembre
Un comité de suivi des engagements pris par General Electric (GE) en 2014 lors du rachat des activités énergie d'Alstom sera convoqué début septembre, a annoncé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire dans un courrier.
Fin juillet, l'intersyndicale avait adressé au ministre de l'Economie une "mise en demeure" réclamant notamment "une analyse robuste permettant de vérifier la réalité des engagements pris" par le groupe depuis 2014, alors que le géant industriel américain a annoncé fin mai son intention de supprimer près de 1.050 postes en France, dont pratiquement 800 dans l'entité turbines à gaz du site de Belfort, soit la moitié de ses effectifs.
"Des échanges d'information ont depuis eu lieu avec General Electric qui me permettent de vous confirmer que je convoquerai un tel comité (de suivi) début septembre, dont l'objet sera de faire un bilan complet de la tenue des engagements de General Electric relatifs à l'activité gaz, dont la compatibilité du plan de restructuration envisagé avec ces engagements", écrit Bruno Le Maire dans ce courrier daté du 14 août.
► Le Ciibel, un collectif d’innovation industrielle
Un collectif d’innovation industrielle, baptisé Ciibel, s'est constitué cet été à Belfort. Ce collectif composé de salariés de General Electric, de ses sous-traitants, de patrons mais aussi étudiants a la ferme intention de continuer à faire de la cité au lion un territoire d'innovation. "Nous souhaitons faire advenir des activités économiques industrielles pérennes et innovantes pour notre territoire. C’est la raison même de la création de CIIBEL (Collectif Innovation Industrielle Belfort)" explique un questionnaire en ligne qui en appelle aux bonnes idées de chacun pour faire vivre le territoire.
"Une sélection des projets les plus pertinents sera réalisée fin août avant que ne soient constituées des équipes porteuses de projets et avant la tenue d’un hackathon – événement qui réunira tous les participants pour faire avancer ses projets — en novembre" détaillent nos confrères de l'Est Républicain.
► Un lanceur d'alerte accuse le groupe de fraude
Harry Markopolos, expert en comptabilité frauduleuse et à l'origine de l'affaire Madoff a récemment annoncé la faillite imminente de General Electric en dénonçant également une escroquerie. Selon lui, "il s’agirait d’une escroquerie encore plus grande que celle qui a mené à la faillite d’Enron, la plus grosse société américaine à l’époque. Elle porterait sur 38 milliards de dollars. Harry Markopolos prévoit que la firme américaine dépose son bilan au plus tard en 2020", comme l'explique Médiapart.
► Une manifestation le 18 septembre
Une journée de mobilisation est prévue le 18 septembre avec une manifestation à Belfort, en soutien aux salariés de General Electric Belfort.
► Les syndicats font des propositions concrètes
Fin juillet, la CGT a présenté son "plan B", en dix propositions, pour sauvegarder les emplois à Belfort. Le syndicat réclame notamment une prise de participation publique majoritaire au capital de General Electric EPF (Belfort) à travers la Banque publique d'investissement.
Il propose aussi de renforcer la recherche et développement, de diversifier l'activité en confiant à Belfort non seulement la fabrication des turbines mais aussi leur réparation, effectuée aujourd'hui aux Etats-Unis. Enfin, la CGT met en avant la part que peut se tailler General Electric dans le marché de l'énergie verte.