Guerre en Ukraine : on vous raconte l'histoire des Pysanky, ces œufs de Pâques vendus pour venir en aide au peuple ukrainien

L’association Les Enfants de Tchernobyl réalise sa vente annuelle de Pysanky des œufs de Pâques tout droits venus d’Ukraine. Une récolte d’autant plus importante cette année, en raison de la guerre dans ce pays. D'où viennent ces œufs ?

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 « Ces œufs, je les peignais avec ma famille à Pâques », raconte Yana. Cette étudiante ukrainienne à Besançon (Doubs) se souvient des fêtes de Pâques, où chacun et chacune décoraient des coquilles d’œufs pour en faire des Pysanky (ou au singulier Pysanka). Ces œufs de Pâques ukrainiens sont remarquables par leurs décorations colorées, leurs inscriptions – вписати ou « pysaty » en ukrainien signifie « inscrire ».

Symboles de vie

« C’est une vieille tradition », prévient d’emblée Yana. Pour Yana, ces œufs, symboles de vie, sont associés à des rituels-clefs : « Lors de commémoration de proches décédés, les pysanky représentaient le Christ ressuscité. Une manière de dire que la vie continue » explique-t-elle.

Des objets indissociables de la fête religieuse. « Sans Pysanky, pas de Pâques », lance Oksana, Bisontine d'origine ukrainienne. Ses souvenirs rattachés à ces œufs sont, assure-t-elle, « les meilleurs » : « C'est vraiment la seule fête qu'on célébrait. Ma mère et moi allions à l'Eglise pour bénir les gâteaux et les pysanky. Je me rappelle que chaque famille venait avec son petit panier rempli d'œufs. » 

Tout un art

« Quand j'étais petite, à l'école, je dessinais avec des pinceaux, des dessins de fleurs, d'oiseaux. Puis adolescente, les motifs étaient plus simples. Avec ma mère, je me servais d'épluchures d'oignons pour les teindre », narre Oksana. Les souvenirs sont similaires pour Yana, qui ajoute : « D’abord, nous faisions des petits trous pour vider les œufs. » Il s’agit, en effet, de bouillir des coquilles d’œufs blanches dans de l’eau avec des épluchures d’oignons, pour les colorer.

Si les pysanky réalisées à la maison sont plutôt des petites bricoles, certains spécimens s'apparentent à de véritables œuvres d’art. Il existe ainsi plusieurs façons de décorer ces œufs. « En fonction des endroits, les peintures sur les œufs sont différentes. Chaque région est reconnaissable par la forme et les couleurs des motifs », indique Yana. Sur les pysanky, des arbres, des oiseaux, des étoiles ou des formes géométriques peuvent être remarqués. 

 Les pysanky bannies sous l’URSS

« Ce que j'aime avec cette tradition, reprend Oksana, c'est qu'elle continue à unir, à rassembler des gens autour de ces œufs ». Ces rituels, d'abord associés à la religion orthodoxe, deviennent aujourd'hui un véritable acte de folklore ukrainien. Et c'est en partie lié à l'histoire. Lorsque l’Ukraine était annexée à l’URSS, toutes les pratiques religieuses ont été bannies avec le communisme. Depuis 1991, soit la chute de l’URSS, ce folklore ukrainien a refait son apparition en force – un musée ouvert en 2000  y est même consacré à Kolomyia en Ukraine !

 

Si beaucoup relient les pysanky à Pâques et à la culture chrétienne, leur origine se trouverait plutôt dans la tradition slave. D’après l’ouvrage de Vira Manko, La Pysanka folklorique ukrainienne (2005), les pysanky étaient considérées comme des talismans. La croyance en un dieu du soleil Dazhboh faisait des oiseaux des créations divines puisqu’ils pouvaient s’approcher du ciel. Ainsi, si les êtres humains ne pouvaient attraper les oiseaux en plein vol, ils pouvaient au moins récupérer les œufs pondus. Ces œufs étaient considérés comme magiques.  En outre, l’œuf représentait aussi la renaissance de la Terre, lors des rites de printemps.

Acheter des pysanky pour une association

Chaque année, l'association Les Enfants de Tchernobyl vend des pysanky dans l'Est de la France. La campagne « 10 000 oeufs pour les Enfants de Tchernobyl » se tiendra cette année du samedi 19 mars au lundi 18 avril 2022.

Cette organisation alsacienne organise des actions humanitaires en Ukraine, Russie et Biélorussie, et particulièrement l'accueil d'enfants ukrainiens et russes issus de familles modestes pendant trois semaines, dans les départements alsaciens et dans le Doubs, la Haute-Saône et le Territoire de Belfort. Les petits vacanciers viennent des régions d'Ukraine et de Russie les plus touchées par a catastrophe nucléaire. 

« Cette opération revêt une plus grande importance aujourd'hui avec le contexte de guerre en Ukraine. Les projets peuvent se tenir grâce à cet argent », admet Dominique Gatineau, au conseil d'administration de l'association. Les pysanky proposées sont des œufs en bois, peints à la main, par des artisans ukrainiens.

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