"Question de tranquillité publique" ou "décision arbitraire" ? À Belfort, plus de 60 épiceries et fast-foods devront fermer leurs portes la nuit

Mercredi 11 septembre, le maire de Belfort Damien Meslot (LR) a annoncé la mise en place prochaine d'un arrêté municipal imposant la fermeture des épiceries de nuit et des fast-foods pendant la nuit, sur une partie de la ville.

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"Points de rassemblements nocturnes", "nuisances sonores", "bagarres", "stationnements anarchiques", "jets de détritus"... Voici les situations inconfortables provoquées, selon le maire (Les Républicains) de Belfort Damien Meslot, par les épiceries et fast-food ouverts la nuit dans sa ville. Un inquiétant état des lieux qui l'a amené à restreindre les horaires de ces commerces "qui n'arrêtent pas d'augmenter ces derniers mois" assure l'édile.

En réaction, un arrêté préfectoral prendra effet lundi 16 septembre dans la cité du Lion. Dans le détail, il imposera "la fermeture des commerces de détail alimentaire de 23 h à 6 h du matin et les commerces de restauration rapide de 1 h à 6 h" précise la mairie. Et ce pendant trois mois, avec une possible reconduction. 

"Des riverains se plaignent de l'agitation"

Cette décision impactera 61 commerces et ne concernera qu'une partie de la ville : sur l'avenue Jean-Jaurès et sur une partie du centre-ville comprise entre les voies ferrées et le faubourg de Montbéliard (inclus le faubourg des ancêtres). "Si l'on prend cet arrêté, c'est avant tout pour des questions de tranquillité publique" reprend Damien Meslot.

Je reçois des courriers de riverains qui se plaignent de l'agitation. Certains ont même reçu des menaces. Je veux que l'ordre et la quiétude règnent à Belfort.

Damien Meslot,

maire LR de Belfort

"Nous avons remarqué également il y a peu une sorte de concurrence qui s'installait entre épiceries de nuit" continue l'édile. "Concurrence qui peut mener jusqu'à une rixe. Il y a quelques jours avenue Jean-Jaurès, un pavé a été jeté contre une vitrine". Le maire de Belfort indique également que des contrôles de police auront lieu dans ces établissements "car certains se sont installés sans autorisation et vendent de l'alcool sans en avoir le droit".

Un arrêté "injuste" et "arbitraire" ?

Une décision vivement critiquée par certains membres de l'opposition. "C'est un arrêté arbitraire" s'est insurgé l'Insoumis Florian Chauche. "Restreindre des dizaines de commerces alors que seulement quelques-uns posent problème, cela n'est pas normal. Les nuisances, ces commerçants n'en sont pas tous responsables ".

Ce sujet est une obsession de M.Meslot depuis quelque temps. Comment vont faire ces commerces pour survivre, alors que certains ne travaillent que la nuit ? Des commerçants honnêtes, pour certains essayant de s'intégrer en France, vont être pénalisés injustement.

Florian Chauche,

conseiller d'opposition (LFI) à la mairie de Belfort

Pour l'ancien député, l'arrêté "va porter un coup supplémentaire au centre-ville, qui a déjà perdu un nombre important de commerces". Un argument que balaye Damien Meslot, maire de Belfort. "Nous sommes une petite ville et vu le nombre peu important de personnes venant faire leurs courses ou manger la nuit, nous nous posions déjà des questions sur la rentabilité de ces enseignes" assure-t-il.

"Pour nous, c'est une catastrophe"

Et qu'en pensent les principaux concernés ? "Depuis 6 mois, on est ouvert jusqu'à 3h du matin" explique Ahmed Shohag, cogérant de l'épicerie Jaurès Market au micro de nos journalistes Jules Beaucamp et Rémy Poirot. "Pour nous, ça marche mieux la nuit que la journée, il y a moins de gros supermarchés. Donc cette fermeture avancée, c'est une catastrophe. Surtout le week-end, où on fait un gros chiffre d'affaires".

Ahmed n'a pas encore été informé par la mairie, et s'inquiète donc pour l'avenir de son commerce. Une inquiétude partagée par certains Belfortains, dont cette cliente sortant justement de l'échoppe. "C'est très utile, c'est un commerce de proximité" assure-t-elle. "Il y a tout le nécessaire si je rentre tard ou qu'il manque quelque chose. C'est vrai que parfois, certains ont bu la petite bière de trop, mais personnellement, ça ne me gêne pas".

Je ne comprends pas cette décision. Ce sont des gens courageux, qui travaillent tard. Il faut réglementer ou mettre des patrouilles de police pour baisser les nuisances. Mais là, on va vraiment impacter ces commerçants.

Un gérant d'un bar belfortain

Un avis contrasté partagé par un riverain. "C'est vrai que c'est très pratique pour dépanner" dit-il. "Mais il y en a qui achètent de l'alcool et font du bruit. Mais ça ne m'empêche pas de dormir". "J'habite là et c'est vrai que le souci, c'est que ces épiceries vendent de l'alcool à certains qui zonent et on les entend" confie un autre Belfortain. "Mais ça pourrait être réglé avec un renforcement de la présence policière".

"Ils répondent à des besoins de la population"

"Ces commerces sont importants : je pense aux gens qui travaillent de nuit, qui finissent tard, qui veulent du beurre ou des œufs pour se faire à manger. Ils seront embêtés" estime quant à lui Yvan Reboul, président des Vitrines de Belfort, associations des commerçants de la ville. "Ces magasins vont être obligatoirement pénalisés alors qu'ils répondent à des besoins de la population.

"Il aurait été plus intéressant de les sensibiliser aux risques liés à la vente d'alcool et aux nuisances, plutôt que restreindre les horaires" continue-t-il. "Après, peut-être que ce n'est qu'un test de trois mois. On fera le bilan à la fin de cette période. J'espère pour ces commerces que l'arrêté ne sera pas prolongé". Cette décision controversée aura-t-elle un réel effet sur la tranquillité de la ville ? Rendez-vous en janvier pour de premières réponses.

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