En 1923 sort de terre, la petite nécropole nationale de Morvillars. A 15 kilomètres seulement de la nécropole du Territoire de Belfort, celle des Glacis et son millier de soldats. Cette particularité, on la doit au Maire de la commune, Louis Viellard, qui l’a financé en partie sur ses deniers.
Louis Viellard, maître de forges dans l’entreprise familiale est maire de la cité de Morvillars depuis 1905. Il a succédé à son père à ce poste à l’âge de 27 ans. Cela va durer quatre décennies. Juste avant la guerre, il est aussi élu au premier tour député du Territoire-de-Belfort. Dès le début du conflit, lui et son épouse, Louise Viellard, ouvrent aux blessés, leur demeure, le vieux château qui devient « ambulance » puis « hôpital auxiliaire 31 ». Il reçoit la visite du général Pétain en 1918. Y sont soignés les hommes touchés au thorax, aux yeux, et au crâne. Louise Viellard sera décorée de la médaille des épidémies et les deux époux recevront la Croix de guerre et la Légion d’honneur.
En 1920, le projet du maire est de construire un cimetière militaire et le monument aux morts du village là où sont déjà érigées une cinquantaine de sépultures prussiennes et françaises du siège de 1870.…Ce sera une nécropole nationale avec des tombes individuelles et perpétuelles telles que prévues par la loi du 29 décembre 1915. Le projet total coûte très cher, près de 30 000 francs. La ville contracte un prêt mais pour lui éviter un endettement excessif, Louis Viellard fait don de la moitié de la somme.
La nécropole est achevée en 1923 pour abriter 155 poilus (dont des coloniaux malgaches) et un soldat écossais de 20 ans. Ils sont morts sur le front alsacien ou décédés dans les hôpitaux de Morvillars et ses environs. Le monument en grés, œuvre de l’architecte « du gouvernement » Robert Danis reproduit une lanterne des morts, comme on en trouvait au Moyen-âge. Une flamme y brûle jour et nuit. Elle sert de monument aux morts pour la commune. Le jour de l’inauguration Louis Viellard aura cette phrase prémonitoire et pleine de grandiloquence : » Si, par malheur, la haine qui toujours nous guette, devait de nouveau bondir d’une rive à l’autre du Rhin, nous jurons que nos poitrines feraient un rempart à vos sépultures… »