Dans la 2ᵉ circonscription du Territoire de Belfort (Belfort-Valdoie), les deux candidats qualifiés pour le 2ᵉ tour des législatives dénoncent une campagne "violente", "indigne". Guillaume Bigot (RN) et Florian Chaude (député sortant LFI) se pointent mutuellement du doigt.
Une campagne violente. C’est ce que rapportent les deux candidats encore en lice dans la 2ᵉ circonscription du Territoire de Belfort pour les élections législatives 2024.
“Cette campagne n’a rien à voir par rapport à 2022. On voit bien qu’il y a une libération de la parole et des actes racistes et antisémites sur la circonscription”, assure Florian Chauche, député sortant La France Insoumise, arrivé deuxième au premier tour avec 28,02 % des voix. Guillaume Bigot, candidat du Rassemblement National, arrivé en tête au premier tour avec 37,86 % des suffrages a, quant à lui, déposé plainte pour "diffamation et injure publique".
Des polémiques médiatisées...
Plusieurs polémiques ont rythmé la campagne dans cette circonscription. Deux d’entre elles datent du mercredi 3 juillet 2024. L’éditorialiste de CNews a porté plainte pour “diffamation et injure publique”. La raison : la diffusion d’un tract de la part de l’Insoumis où se trouve une photo de Guillaume Bigot accompagné du mot “raciste” avec deux citations qui appartiendraient au candidat RN. Florian Chauche affirme que ces citations sont sourcées.
Guillaume Bigot a publié sur X (anciennement Twitter) une vidéo sur laquelle un jeune mineur affirme avoir été agressé par des militants du Nouveau front populaire, à Belfort lundi 1 juillet. Le jeune homme explique avoir été intimidé par trois personnes près du stand de Florian Chauche. Il a déposé une main courante. "Je trouve que ce n'est pas digne de notre démocratie. La démocratie implique le choc des idées et des convictions mais pas des attaques ad hominem grotesques et injurieuses", écrit le candidat RN, qui a préféré répondre par sms à des questions écrites.
De son côté, Florian Chauche a répondu par un communiqué sur les réseaux sociaux. Il donne une autre version de l’histoire.
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... Et des tags de croix gammées, insultes racistes et sexistes
Si les candidats s’affrontent par écran interposé, le conflit prend une tout autre dimension sur le terrain.
On sent les gens agressifs. Un électeur qui affirmait avoir voté RN est venu devant notre permanence vociférer pendant au moins un quart d’heure. On s’est enfermé à clé dans la permanence et on s’est posé la question d’appeler la police.
candidat du Nouveau Front populaire, Florian Chauche
Tags de croix gammées, insultes racistes et sexistes… le député LFI rapporte plusieurs incidents violents. Lors d’un porte-à-porte à Belfort, un militant racisé aurait été traité de “sale bougnoule” et de “race de rat”. Le militant a déposé plainte par la suite.
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Mercredi 3 juillet au soir, des militants Front populaire tractaient à la gare de Belfort. “On leur a dit qu’elles étaient des prostituées”, indique le Belfortain. Sur la commune d’Essert, en début de semaine, “quelqu’un nous a accueillis avec un salut nazi et un "Heil Hitler"”.
Pour Florian Chauche, la situation est très inquiétante. “On voit comment se comporte [déjà] une partie de l’électorat RN. Donc s’ils [le RN] arrivent au pouvoir, qu’est-ce que ce sera ?”, présage-t-il. Et de reprendre : “On voit le visage de l’extrême droite, raciste, violente, antisémite”. Il cite également en exemple les débordements survenus à Valdoie le 22 juin, peu avant le premier tour : pour la Saint-Jean, un jeu par équipe aurait été organisé. Le nom des équipes : “Bardella” et “Sale immigré”. Une enquête pour provocation à la haine a été ouverte.
Sollicité, Guillaume Bigot nous a répondu concernant ces actes et paroles violentes : "Si c'est vrai, ce n'est pas acceptable et s'il nous apporte des preuves, nous le soutiendrons dans sa démarche. Sans preuve et sans plainte de sa part, il s'agit de manœuvres et de calomnies".
Le candidat Front populaire assure, pour sa part, ne pas vouloir “fracturer le Territoire de Belfort” et ne pas souhaiter alimenter les frictions : “On fait campagne pacifiquement, on tracte, on fait du porte-à-porte et on se passerait bien de ce genre de polémiques”.