Aux Eurocks, il y a la musique, le site naturel de la presqu'île de Malsaucy mais aussi... le camping et son ambiance. Depuis des années, l'aérodrome de Chaux, à 3 km du festival, accueille jusqu'à 19 000 vaillants venus profiter entre amis ou en famille jusqu'au bout de la nuit. Immersion.
Jeudi 29 juin. À Sermamagny (Territoire de Belfort), l'aérodrome de Chaux s'est transformé en une vraie petite ruche. Il est 10h50. Dans quelques minutes, huit plus précisément, les portes du camping des Eurockéennes vont ouvrir leur porte. Les festivaliers, eux, n'ont pas attendu. En effet, ils sont déjà quelques centaines à attendre devant les grilles.
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Mais l'attente est joyeuse, musicale et festive. Pas de grommèlements d'impatience, bien au contraire. "Vous voyez, quand on est tous massés là, ensemble, ça c'est les Eurocks" s'exclame Céleste. Le jeune homme, lunettes en cœur sur le nez, transporte avec lui une brouette. "C'est le moyen de transport indispensable ici (rires). On pose tout dessus, les tentes, les chaises, les packs de bières. C'est le côté pratique".
Et des moyens de transports particuliers, on en voit défiler un bon paquet. Certains suspendent sacs et tentes sur un bâton de bois, portés sur leurs épaules, tandis que d'autres optent pour la solution du caddy.
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C'est le cas d'Audrey, une fidèle des Eurocks depuis 12 ans. "On a le réchaud, la crème solaire, tout ce qui faut pour dormir, et on a même l'enceinte pour ambiancer un peu tout ça". La sono crache du Indochine, comme un symbole.
10h58. Les vigiles commencent à s'écarter, les campeurs pourront bientôt pénétrer dans leur lieu sacré. Et certains ont un objectif en tête. "Il faut être stratégique" explique Tom, venu de Strasbourg avec sa bande de copains. "Entrer les premiers, c'est aussi avoir le meilleur spot". C'est-à-dire ? "Près de la forêt, pas très loin des commodités, avec de l'ombre". Maxime n'est pas du même avis : "En cas de pluie ou d'orages, les arbres, vaut mieux éviter. Non, le bon coin, c'est d'être pas trop loin des douches. Comme ça, quand tu rentres à 2 heures du matin, c'est un bonheur".
Ca y est, les portes s'ouvrent. Au fur et à mesure que les festivaliers pénètrent sur les lieux, d'autres arrivent par le chemin caillouteux qui relie le camping aux différents parkings. Passé l'entrée, il reste des efforts. Nicolas et Jeanne peuvent en témoigner. "Pousser son caddy rempli sur l'herbe, c'est du sport" nous font-ils remarquer devant notre air amusé. On n'en doute pas.
Petit à petit, la surface herbeuse se remplit. Il y a alors deux écoles : les fameuses rangées de tentes "deux secondes", signe des campeurs les moins aguerris, et les véritables "village-vacances", où sous les tonnelles se construit un vrai petit campement, à l'ombre. C'est le cas d'Audrey, que nous retrouvons alors. "L'installation est importante. Ce soir, nous serons vingt, donc les copains qui bossent aujourd'hui nous ont filé leur tente pour qu'on prépare tout. On a même de quoi creuser des toilettes sèches".
Même si j'habitais en face, je viendrais au camping. C'est une ambiance, des sourires, des souvenirs. Et puis là, la fête continue après la clôture du festival
Audrey,festivalière depuis 12 ans
Bien qu'habitant à moins de 15 minutes du site, la jeune femme l'assure "ici, c'est un lieu sacré. On vit ça comme des vacances. Quand on grandit, c'est dur d'avoir des congés en même temps que tout tes amis. Eh bien nous, on fait ça ici, aux Eurocks".
Pour Casa, 53 ans, et Nico, 23 ans, venus respectivement d'Alsace et de Haute-Saône, "l'ambiance du camping est immanquable, et permet de mixer toutes les générations". Maillet en mains, enfonçant les sardines, Nico l'affirme, "j'étais le premier arrivé sur les lieux à 7h du matin, avant la sécurité". Tout ça pour "réserver notre emplacement".
"C'est normal que l'on soit un peu protecteur" renchérit Casa. "En campant au même endroit depuis des années, on s'est mis à connaître tous nos voisins. Et à chaque Eurocks, on se retrouve là, avec le sourire, c'est la tradition". Un fonctionnement bien loin de l'anarchie à laquelle on pourrait s'attendre d'un camping de festival.
Il est 12h, les tentes se font de plus en plus nombreuses. On repère de curieux accessoires, comme des doudous géants, ou des minis piscines gonflables "pour garder la bière au frais". Pour certains, c'est déjà l'heure du repas. Dobé, 21 ans, savoure ainsi une salade de pâtes et de tomates fraîches. Un plat qui tranche avec les gâteaux apéros sortis chez la plupart des autres festivaliers. "C'est peut-être parce que c'est ma première année au camping" s'en amuse-t-il.
À ses côtés, son amie Eva. La jeune femme a déjà participé aux Eurocks, mais campera pour la première fois cette année. "C'est un mélange d'appréhension et d'excitation" nous décrit-elle. "Appréhension, car on espère réussir à retrouver notre tente. Et surtout, à dormir. Mais bon, on a qu'une vie, on a tellement entendu parler du camping qu'on ne pouvait pas ne pas le tester".
12h15, nous quittons le camping des Eurockéennes. Le village grandit à vue d'œil. Les copains se retrouvent, les bouteilles sont de sortie, les cris retentissent et de tous les côtés, la musique retentit. "Et encore, si vous saviez ce que ça va être cette nuit" nous glisse un festivalier. Ça promet.