Témoignage. Eurockéennes 2023. "C'est mon Noël à moi" : depuis la création du festival, Hervé n'a loupé aucune édition

Publié le Mis à jour le Écrit par Antoine Comte
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Chez les Cordier, les Eurockéennes de Belfort riment avec tradition. Le papa, Hervé, a fait tous les jours du festival depuis sa création, en 1989. Une passion qu'il a transmise à ses deux filles, Lola et Apolline, devenues à leur tour des fidèles de l'événement. Pour eux, "Les Eurocks" sont un moment familial incontournable. Rencontre.

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Faire parler Hervé Cordier des Eurockéennes de Belfort n'est pas chose aisée. Le cinquantenaire nous l'assure, il "n'aime pas se retrouver sur le devant de la scène". Scène, le mot est lâché. Mais c'est précisément ce qui nous intéresse chez lui. Les scènes des Eurockéennes de Belfort, celui que l'on surnomme affectueusement "le doyen des Eurocks" en est le spécialiste, côté spectateurs. Et pour cause, depuis 1989 et la création du festival, c'est simple, Hervé Cordier n'a pas loupé "une seule journée" de festivités. 

Une statistique impressionnante. En 32 ans d'Eurocks, Hervé Cordier a pu voir performer des dizaines d'artistes connus et reconnus, assister à des centaines de shows démesurés, engranger des milliers d'anecdotes et de souvenirs. Nous lui demandons donc logiquement de remonter dans le temps, au moment de la première édition, en 1989.

"Ah, ça fait loin" sourit-il. "Déjà, le festival ne s'appelait pas les Eurocks, mais "Le ballon", car il devait se tenir initialement au Ballon d'Alsace. J'en avais entendu parler à la radio et j'étais séduit. J'ai donc acheté mes places à la FNAC de Dijon avec mon ex-femme. C'était parti".

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Et Hervé fut tout de suite piqué. "J'avais 20 ans, j'étais fan de musique et à l'époque, on ne connaissait pas encore les festivals" raconte-t-il. "Une fois que l'on rentre sur ce site de Malsaucy, c'est un tel espace de liberté. Les gens se laissent aller, on navigue de scène en scène, on écoute des artistes incroyables pendant trois jours : Catherine Lara, Jacques Higelin, Les Garçons Bouchers, Noir Désir... C'est du bonheur, un moment de décompression". 

Je prends mes places avant même de connaître la programmation. Et ça continue depuis 33 ans. Je suis pris au piège. Je me dis, "tu ne peux pas louper une année avec tout ce que tu as déjà fait"

Hervé Cordier,

habitué des Eurockéennes de Belfort

De cette première année naît une tradition : "on se réserve le week-end des Eurocks". "C'est devenu un rendez-vous annuel, mon Noël à moi", s'exclame Hervé. "Pendant trois ou quatre jours, plus de tracas, plus de factures, plus de responsabilités. Rien que de la musique et des gens que j'aime".

Vous l'aurez compris, pour le cinquantenaire, les Eurockéennes rime aussi avec amis. "Au fil des années s'est constitué un petit groupe d'habitués, devenus des copains. Pour certains, je ne les vois qu'aux Eurocks. Au départ, on était 4, maintenant, on est un groupe de 30-35. Et, avec les enfants de chacun, notre bande grandit chaque année !"

Car oui, chez les Cordier, les Eurockéennes sont aussi une affaire de famille. Lola, 24 ans, et Apolline, 22 ans ont très vite suivi les traces de leur papa. "Je me suis toujours dit que je voulais les amener" reprend Hervé, ému. "Ça fait partie de ma vie, je voulais partager ça avec elles".

Ce sera chose faite en 2012, alors que Lola avait 14 ans et sa sœur Apolline, 11. "Depuis que l'on était enfant, on le voyait revenir avec des goodies des Eurocks" se remémore Lola. "Alors quand il nous a emmenées pour la première fois, c'était quelque chose. Même s'il a dû changer ses habitudes pour nous surveiller".

Pour nous aussi, c'est devenu une tradition. Petit à petit, on amenait des copains avec nous aux Eurockéennes. On ne reste plus tout le temps avec papa. Nous aussi, on grandit, donc on profite autrement. Mais souvent, pour le dernier concert, on se retrouve tous. Ces moments sont importants. On perpétue la flamme familiale aux Eurocks

Apolline Cordier,

fille d'Hervé

Aujourd'hui, les enfants ont grandi, les parents ont vieilli, mais tous partagent cette expérience. "On campe tous ensemble" explique Hervé Cordier. "Ce mélange des générations, je trouve ça très beau. Ce sont des journées de communion dans une superbe ambiance, où l'on échange beaucoup autour de la musique".

J'ai pu voir des monuments ici : Bowie, Metallica, Bob Dylan, James Brown. Ça restera gravé à vie, je n'avais même pas conscience de qui j'avais en face de moi. Ces types sont des légendes. Et puis les Eurocks, c'est aussi suivre l'évolution des artistes. En 89, Noir Désir, à leur début, jouaient sur une remorque. Quand ils sont revenus, c'était sur la Grande Scène.

Hervé Cordier,

historique des Eurockéennes de Belfort

Et alors qu'une partie des historiques des Eurocks estiment que le festival a perdu son côté familial, Hervé n'est pas nostalgique. "Bien sûr qu'il y a du changement. Plus de sécurité, des sponsors partout, plus de public, plus de tout. Mais c'est l'air du temps" concède-t-il. "On a la chance d'avoir un des plus grands festivals de France chez nous, à un prix qui reste abordable. Il faut y aller".

À quelques jours de cette 33e édition des Eurockéennes, la famille Cordier "compte les heures" et "prépare les affaires". "On est sur un petit nuage" confie Lola. "On n'a qu'une hâte, c'est arriver sur le site avec une bière et se dire "ça y est, on est aux Eurocks". Et si Hervé, avec les années, "ne pourra plus se permettre de nuits blanches" et "ne connaîtra pas tous les artistes", il ne boudera pas pour autant son plaisir. "Avant, j'y allais pour voir des têtes d'affiches. Maintenant, je découvre des chanteurs, je picore. C'est tout aussi agréable" confie-t-il.

Le 29 juin, ouvrez donc l'œil. Sur la presqu'île de Malsaucy, vous croiserez peut-être les Cordier "prêt du coin gauche de la Grande Scène" s'amuse Apolline. "C'est notre point de rendez-vous depuis petites, lorsqu'on veut tous se retrouver". Certaines choses ne changent pas.

Hervé, lui, assure une chose : "je continuerai à aller aux Eurocks tant que je pourrai marcher. Ce festival m'a vu grandir, je veux vieillir avec lui". Avec un objectif en tête, partager une édition des Eurockéennes avec sa petite-fille Alix, âgée d'un an et huit mois. "Ça aurait de la gueule ! Elle a déjà le body du festival, c'est bien parti", conclut le doyen des Eurocks dans un sourire.

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