Uber Eats, Deliveroo, Stuart : les coursiers misent sur le couvre-feu

Depuis le samedi 24 octobre, le couvre-feu s'applique en Côte-d'Or et en Saône-et-Loire. Entre 21h et 6h, ces territoires sont à l'arrêt. Si les restaurants et les bars semblent les plus touchés par ces mesures, d'autres en revanche pourraient en profiter... 

Le malheur des uns fait le bonheur des autres et dans les prochaines semaines, l'adage pourrait une nouvelle fois se confirmer. Quand les restaurateurs devront baisser la grille, d'autres feront tourner les dérailleurs à toute vitesse. 
 

À partir de ce week-end, le couvre-feu va contraindre les restaurateurs à fermer plus tôt. Mais ces derniers pourraient bénéficier d'un coup de pouce afin de limiter la casse. En effet, les coursiers de différentes plateformes de livraison (Uber Eats, Deliveroo, Stuart...) pourront toujours circuler. Et livrer des clients. 

" Pour l'instant, on a peur que les restaurants ferment leurs portes pendant le couvre-feu, expose Cyril, livreur pour Uber Eats depuis décembre 2018. Mais s’ils continuent à faire à manger c’est clair que ça serait génial pour nous ". 

Il poursuit : " Pour nous ça serait une aubaine parce qu’entre 21h et 22h on marche plutôt bien en général. En plus toutes les personnes qui veulent aller au resto (sic) et qui ne peuvent plus y retourner deviennent des clients potentiels... "


Aux bons souvenirs du confinement

Pendant le confinement du printemps dernier déjà, les coursiers avaient poursuivi leur travail. Et la période s'était avérée fructueuse. 
" Au début on avait un petit peu peur et on ne savait pas comment ça allait se passer se remémore Rémy, coursier pour Uber Eats, Finalement mon salaire a flambé, c'est monté en flèche ! En temps normal, je suis entre 200 et 300 euros par semaine, alors que pendant le confinement je faisais ce chiffre en 2 ou 3 jours. "
 

Pendant le confinement mon salaire a flambé !

Rémy - coursier pour Uber Eats



À la veille d'entamer le couvre-feu, celui qui est aussi membre du SCUUD, le syndicat des coursiers dijonnais, se montre confiant : " À mon avis ça va encore mieux fonctionner que pendant le confinement. À cette période, la plupart des étudiants étaient rentrés chez leurs parents tandis que là ils seront chez eux, à Dijon. Et à Dijon, on mise beaucoup sur les étudiants ".
 
Cyril, qui a créé le SCUUD mais qui ne travaillait pas pendant le confinement, confirme les propos de son camarade : " Il y a clairement eu une augmentation du travail. Certains ont fait des chiffres phénoménaux ". 


Un système en questions


Mais à quel prix ? " Au prix de notre santé répond Cyril, du tac-au-tac, Uber Eats c'est un système très vicieux. On sait qu'on fait de l'argent au péril de notre santé. ". Les coursiers sont auto-entrepreneurs et donc rémunérés à la course. Chaque course rapporte en moyenne cinq euros. Le but du jeu est donc de les enchaîner. 

Depuis plusieurs années avec son syndicat, Cyril dénonce les conditions de travail des livreurs de la plateforme américaine. Il pointe notamment du doigt une importante chute de ses revenus. En deux ans, ils ont réduits de moitié. La faute à un nombre de coursiers toujours plus important d'une part. La faute surtout à la plateforme qui a progressivement diminué les coûts.  " À chaque course on a une partie fixe autour de 2,20 euros à laquelle s’ajoutent 80 centimes par kilomètres. Pour moi une bonne journée c’est entre 55 et 60 euros en quatre heures. Avant c’était ça en deux heuresexpose le coursier.


Si pour l'heure son syndicat ne recense que trois adhérents, Cyril l'assure, nombreux sont ceux qui lui témoignent leur soutien. Les autres se montreraient trop " frileux " pour s'engager et craindraient des représailles de la part d'Uber. Pourtant ceux qui dénoncent aussi leurs conditions de travail sont légion : " certains livreurs se sentent exploités à tel point qu’ils s'estiment être esclaves ". 


Dans les rues de Dijon, le ballet incéssant des vélos devrait s'intensifier pendant le couvre-feu. Les quelques 600 coursiers que compte la ville devraient être très sollicités pendant cette période.

Le reportage de Paul Abran, Gabriel Talon et Philippe Sabatier :


 
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