France 3 Bourgogne organisait lundi 14 juin un débat entre les principaux candidats aux élections départementales en Saône-et-Loire. Voici ce qu'il faut en retenir.
Les rédactions de France 3 Bourgogne-Franche-Comté se mobilisent pour les élections départementales avec l'organisation de plusieurs débats. Pour comprendre les enjeux des élections de votre département, pour vivre au plus près les campagnes et suivre vos candidats, nous organisons un débat pour chaque département de la région. Après l'Yonne et la Nièvre lundi 7 juin, place désormais à la Côte-d'Or et la Saône-et-Loire ce lundi 14 juin.
Le débat, enregistré dans les conditions du direct en fin de journée ce lundi 14 juin, a été diffusé en deuxième partie de soirée sur France 3 Bourgogne. Nous vous proposons de le revoir en intégralité ci-dessous. Cinq candidats étaient autour de la table :
- André Accary (DVD), président sortant du conseil départemental
- Violaine Gillet (PS)
- Aurélien Dutremble (RN)
- Dominique Lotte (DVC)
- Ivan Maréchal (DVG)
Une gauche en ordre dispersé
Alors que le département était avant 2015 aux mains de la gauche, le groupe Gauche 71 ne présente pas de candidats dans l'ensemble des cantons. "Une partie de nos camarades ont choisi de faire sécession. Donc ça a changé le schéma sur l'ouest du département", reconnaît sur notre plateau Violaine Gillet (PS). "Il y a aussi une partie du département où on est historiquement faible, on peut le dire."
Dominique Lotte fait partie de ceux qui sont partis. Ancien du Parti socialiste, il a déjà annoncé qu'il soutiendrait André Accary, président sortant divers droite du département. "Je suis toujours un homme de gauche. Je crois qu'il y a besoin que toutes les bonnes volontés se retroussent les manches pour apporter une solution idoine à notre population, justifie-t-il. C'est ce qui m'amène à me dépasser moi-même, à accepter des gens qui comme moi ont une histoire de gauche et d'autres qui ont une histoire plus centrale voire divers droite."
Ivan Maréchal, candidat divers gauche dans le canton de Chalon-sur-Saône 3, se présente sous une alliance qui réunit le Parti communiste, la France insoumise et la Gauche républicaine et socialiste. Ailleurs dans le département, des unions différentes ont eu lieu. Interrogé sur l'absence d'une étiquette commune sur l'ensemble de la Saône-et-Loire, il répond : "Ça aurait été effectivement plus clair, mais la réalité fait que chaque dynamique se développe d'une certaine manière à un rythme différent. Nous avons vocation à trouver une bannière commune et avoir un vrai travail à l'échelle du département."
Le Rassemblement national présente lui pour la première fois des candidats dans l'ensemble des cantons du département. "C'est un premier succès d'être présent partout", commente sur notre plateau Aurélien Dutremble, candidat RN dans le canton de Mâcon-1. Aucun binôme FN n'avait été élu en 2015 en Saône-et-Loire.
Nous avons choisi de détailler plus spécifiquement deux thématiques, celle du vieillissement de la population et celle du tourisme en Saône-et-Loire. Voici l'essentiel de ce qui a été dit.
Quels outils face à une population vieillissante ?
La population de la Saône-et-Loire est, après la Nièvre, la plus âgée de la Bourgogne-Franche-Comté. "On a une tranche où il y a un vrai défi majeur à relever. On a commencé à le faire en 2017, notamment avec l'ouverture du centre de santé. Aujourd'hui, c'est 70 médecins généralistes. Vous ne traitez pas ces questions avec une seule action. Il faut avoir plusieurs directions", indique André Accary, président DVD sortant du conseil départemental.
"On a fait des contre-propositions parce qu'on a des budgets sur lesquels on a des marges de manœuvre […] En termes de prise en charge, on avait proposé d'avoir le choix non pas d'être maintenu à domicile mais de vivre à domicile, et dignement", répond Violaine Gillet (PS). "Un service départemental de l'aide à domicile, c'est possible, on en a les moyens. Calculer les tarifs de la dépendance, notamment en Ehpad, en fonction des revenus pour baisser le reste à charge, c'est possible aussi, on en a les moyens."
Le représentant du RN propose lui "le recrutement de médecins spécialisés". "Ce sont des professions un peu éloignées du monde rural […] Pour les personnes qui sont encore plus éloignées, nous voulons discuter sur un bus médicalisé pour aller au plus près des populations", détaille Aurélien Dutremble. Il ajoute : "Nous pouvons dégager une certaine manne financière en réorientant du budget. Il y a 7 millions d'euros du budget qui sont dépensés par le conseil départemental auprès de 390 mineurs non accompagnés, qui sont arrivés en France clandestinement. Ces 7 millions d'euros peuvent aller dans le recrutement dans les Ehpad pour améliorer l'accueil et le soin."
Une proposition qui fait réagir Dominique Lotte (DVC). "On peut tout dire et son contraire. La sécurité à tout crin, le développement de l'éolien, supprimer l'accompagnement des mineurs non accompagnés, qui est une compétence obligatoire du département. Si vous aviez cette idée-là, je pense que Monsieur le préfet vous tirerait plus que les oreilles. En contrepartie, vous voulez que le département assume des politiques qui ne sont pas les siennes. Choisissez, soit on est élu départemental, soit on est élu à l'Assemblée nationale. Mais pas les deux à la fois", rétorque-t-il au représentant RN.
Comment dynamiser l'attractivité touristique du département ?
Le tourisme "est un axe majeur", précise André Accary (DVD). "Quand on est arrivé aux affaires, 80 % du budget était sur du fonctionnement. Aujourd'hui, on a renversé les choses. On investit beaucoup sur le tourisme."
"Le tourisme est un des secteurs d'activité qui peut être celui du département. Il ne doit pas se substituer à la filière industrielle et à l'agriculture", détaille de son côté Ivan Maréchal (DVG). "La communication vient comme un dernier étage de la fusée pour valoriser une offre touristique constituée. Ce qu'il manque sur ce territoire, c'est plutôt d'avoir un vrai travail de structuration et de qualification de l'offre touristique".
Violaine Gillet (PS) regrette de son côté le manque d'informations sur l'impact des investissements sur le tourisme, notamment du côté des campagnes de communication. Elle ajoute : "La région est celle qui est cheffe de file sur le tourisme et avec laquelle on peut être complémentaire. On n'a pas besoin d'être en guerre avec la région. Elle propose un tourisme durable et qui s'appuie sur les familles, je pense que c'est l'avenir du tourisme."
"L'idée est d'aller encore plus loin en termes de coordination, complète Dominique Lotte (DVC). On est, en terme de tourisme, un territoire de passage et pas de séjour. Il va falloir qu'on arrive à capter une partie de ces populations au travers d'une mutualisation des acteurs, des outils, des opérateurs qu'ils soient publics ou privés."
André Accary rappelle le projet qu'il a lancé de parc historique et de spectacles, baptisé Éclat. "C'est quelque chose qui se construit doucement. On va rentrer dans une phase de débat public." Un projet que ses opposants regrettent de ne pas avoir pu consulter en détail. "J'aurais aimé qu'on en entende davantage parler dans l'hémicycle puisqu'on en a parlé il y a plus de dix-huit mois. Le président Accary s'était engagé sur notre amendement à mettre en place une commission de suivi […] Je constate qu'aujourd'hui les choses se font de façon très peu transparente", détaille ainsi Violaine Gillet (PS).
"Nous pensons qu'il faut d'abord coordonner les acteurs locaux, travailler avec eux, pour définir ce que l'on souhaite faire, expose de son côté Ivan Maréchal (DVG). Peut-être que ça arrivera à un projet de type parc touristique, mais construit par les acteurs locaux. Nous ne croyons pas aux projets extérieurs qui arrivent sans aucun lien avec le territoire."
Les candidats ont également répondu à des questions flash sur le RSA jeune, le retour au 90 km/h, le développement de la vidéosurveillance ou encore leur définition en une phrase de la Saône-et-Loire. Des réponses à découvrir en vidéo ci-dessous.
Qui sont les candidats en Saône-et-Loire ?