Il n'a pas la réputation du pinot et autre chardonnay. "Vin vert", "acide","creux", l'aligoté est méprisé depuis bientôt 50 ans. Une injustice pour l'association des "Aligoteurs" qui offre une nouvelle jeunesse à ce cépage historique en lui consacrant son premier salon lundi ce 23 avril 2018.
"Il se marie aussi bien avec les asperges et les fruits de mer qu'avec les fromages. L'aligoté est un vin profond, équilibré mais en manque de notoriété", déclare Laurent Fournier, vigneron.
Un désamour qui n'a fait que grandir au fil des années. Alors, pour donner à l'aligoté des lettres de noblesse, ils sont 400 professionnels viticoles à s'être déplacés au restaurant du Bois Rouge au coeur de Flagey-Echezeaux. Au menu, déguster et redécouvrir ce vin de terroir qui a sa place dans le monde de la gastronomie.
L'aligoté, victime de la standardisation
Une opération promotionnelle pour l'aligoté, car ce vin a souffert depuis son apparition en Bourgogne au 17e siècle. Un rendement trop important qui l'a rendu aqueux, ainsi qu'une dilution systématique dans la crème de cassis ont eu raison de son nom et de son héritage. Sur les terroirs prestigieux, on lui a préféré les grands noms bourguignons à rayonnance internationale, quitte à arracher ses pieds de vignes pour les remplacer par les chardonnay et les pinots noirs.
"Ce vin a une longueur terrible, on a discuté avec des restaurateurs japonais, ils ont plein d'accords mets-vins à proposer, c'est un grand cépage qui peut accompagner de beaux plats", insiste le secrétaire des Aligoteurs, Laurent Fournier.
Quelques mètres plus loin, Pablo Chevrot, vice-président de l'association, est en pleine séance de dégustation. Pour lui, c'est le refus de promouvoir l'aligoté à l'exportation qui a contribué à le faire oublier. Et pourtant, si l'image de l'aligoté est terne dans l'Hexagone, sa cote à l'étranger est en pleine ascension. "Les pays importateurs lointains ont une véritable aura pour ce cépage ! Les consommateurs en ont marre des standards, ils aiment la tradition mais veulent de la nouveauté, l'aligoté s'inscrit parfaitement dans ce cadre. Les étrangers l'ont compris, les plus grosses surfaces exploitées d'aligoté sont en Moldavie, en Roumanie et en Bulgarie .
Un vin familial
Mais qu'on se rassure, l'aligoté garde pleinement son identité bourguignonne. "Tous les vignerons en cultivent, c'est familial", insiste François Ambroise, viticulteur à Prémeaux-Prissey. Et pour convaincre les derniers réticents à s'y essayer, "l'aligoté se marie parfaitement aux gougères et au jambon persillé", précise-t-il.
Reportage d'Amélie Douay et Antoine Laroche