En 2020, les exportations de vins de Bourgogne ont progressé de 0,8% en nombre de bouteilles par rapport à 2019. Une exception quand les ventes de tous les autres vignobles sont en baisse. Une stabilité acquise malgré la crise sanitaire grâce à la progression des ventes en Europe.
Les vins de Bourgogne ne connaissent pas la crise, ou en tout cas ont réussi à limiter la casse malgré la taxe Trump et la pandémie de Covid-19.
Sur les 90,5 millions de bouteilles expédiées en 2020, l'Europe et les DOM-TOM représentent 52 % des ventes à l'export en volumes, pour 39 % du chiffre d’affaires. En Europe, les vins de bourgogne affichent une progression de 10,8 % de ses ventes de 10,8 % en volume et de 11,6 % en chiffre d’affaires par rapport à 2019.
"Cela a eu pour effet de porter le chiffre d’affaire au-delà du milliard d’euros" a précisé François Labet, président du BIVB. "En ce qui concerne l’export nous maintenons notre croissance. Nous maintenons le cap. Ce qui est tout à fait remarquable parce que chacun connaît les difficultés que connaissent nos amis d’autres régions viticoles françaises."
Toutes les ventes de appellations françaises sauf la Bourgogne (+1,4%) et les liqueurs (+4,5%) ont reculé, notamment le Champagne (-17%), selon la fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) qui regroupe 85% des entreprises exportatrices françaises.
Une baisse importante des ventes aux Etats-Unis
La part des exportations hors de l'Union Européenne a été en revanche très impactée par la crise sanitaire puisque le BIVB constate une baisse des ventes des vins de 8,4% en volume comparé à 2019, notamment aux Etats-Unis, premier marché.
La pandélie et la taxe Trump expliquaient en grande partie la baisse des ventes et des exportations aux Etats-Unis. En octobre 2019, les vins et spiritueux français se sont vus imposer des taxes à hauteur de 25%.
Le BIVB note cependant une reprise durant la seconde moitié de l'année 2020. "Les exportations pour les fêtes de fin d’année (4ème trimestre 2020) ont été très bonnes pour les vins de Bourgogne avec une progression de 3,4 % en volume et de 5,6 % en chiffre d’affaires par rapport à 2019." Cependant, cela n'a pas compénsée les pertes du début de l'année.
Dans le détail, la surtaxe de 25% sur les vins et spiritueux français, instaurée par l'ancien président américain Donald Trump et récemment suspendue, a entraîné une baisse de 15,2% des ventes aux Etats-Unis en volume et 22% en valeur.
On peut espérer qu’un accord global sera trouvé et que cette taxe extrêmement injuste sera levée."
Mais une bonne nouvelle est tombée le 5 mars dernier puisque l'administration Biden a décidé de suspendre les taxes mises en place dans le cadre du conflit Boeing/Airbus pour 4 mois, le temps de reprendre les négociations commerciales entre l'Europe et les Etats-Unis. "Ce répit prometteur laisse augurer d’une reprise rapide sur le premier marché des vins de Bourgogne à l’international" indique le BIVB.
"On peut espérer qu’un accord global sera trouvé et que cette taxe extrêmement injuste, puisqu’elle ne devrait pas nous frapper, nous, petits producteurs de vins, sera levée" espère François Labet.
Le Royaume-Uni devient le premier marché des vins de Bourgogne
Conséquence de la pandémie et de la taxe Trump, le premier marché en valeur et en volume est aujourd'hui le Royaume-Uni. Il a dépassé les Etats-Unis avec une augmentation des ventes de 14,3% en volume et de 12% en valeur.
"La Grande-Bretagne est passé devant les Etats-Unis au niveau volumes et puis nous avons des marchés que nous n’avons jamais abandonnées essentiellement en Europe du nord", souligne François Labet, "les marchés à monopole ont connu des progressions fulgurantes comme la Suède, la Norvège, ou de l’autre côté de l’Atlantique, le Canada."
Un constat partagé par Jean-Paul Durup, vigneron dans le Chablisien. "A partir du moment où vous touchez un monopole, vous touchez les magasins d’état qui représentent les cavistes. Je vois que nous continuons à très bien travailler avec le Canada. Ce marché est en progression sur le chablisien." "On a réussi à s’en sortir grâce à d’autres marchés dans des pays qui marchent bien comme les pays nordiques, le Canada", ajoute Jean-François Brocard, vigneron lui aussi à chablis.
Malgré ces bons résultats, les professionnels bourguignons restent attentifs au moindre soubresaut de ce marché très concurrentiel. Ils attendent notamment de voir si la peur d’un "No deal Brexit" a entraîné un sur-stockage depuis 2019 ou si la consommation va se maintenir à ce niveau.
Grâce à la progression des ventes sur ces marchés, la pandémie n'a pas arrêté pas la croissance des exportations de vins de Bourgogne.
En 2020, 9 marchés sur les 20 principaux ont contribué à la stabilité des ventes à l'export
Selon le BIVB, "9 pays sur les 20 principaux importateurs de vins de Bourgogne ont favorisé la stabilité des ventes. Ils représentent 49 % des volumes exportés, pour 42 % du chiffre d’affaires." En Europe, ce sont principalement le Royaume-Uni, le Danemark, les Pays-Bas, la Suisse, la Suède et l'Irlande. A l'extérieur des frontières de l'Europe, les vins de Bourgogne ont connu une forte progression de leurs ventes en Corée du Sud, à Taiwan et au Canada.
Les ventes de vins de Bourgogne boostées par le e-commerce
Dans ce double contexte sanitaire et économique incertain sur l’année 2020, les vins de Bourgogne sont parvenus à globalement conserver leurs parts de marché dans les circuits de distribution qui ont pu rester ouverts indique le BIVB.
Cela s'explique notamment par le boom du e-commerce durant la pandémie. Ce marché, qui n’en était qu’à ses balbutiements depuis 10 ans, est aujourd’hui devenu un canal crucial pour la distribution de vin.
En France, le E-commerce représentait, en 2019, 9 % à 10 % des ventes de vins tranquilles et effervescents, avec une croissance de 6,9 % (avant même l’arrivée de la crise sanitaire due à la COVID-19). "Si la restauration est à l’arrêt nous avons développé des parts de marché dans magasin de proximité et évidemment dans tout ce qui est e-commerce" indique François Labet. "A l’évidence, ce circuit de distribution est devenu irremplaçable."
Avec le confinement, nombreux sont les Français qui ont pris l'habitude de commander du vin sur internet. Un marché qui a connu une augmentation de 20% d'activité en 2020. Une aubaine pour la filière viticole touchée par la fermeture des restaurants.