"C'est davantage d'incertitude pour les viticulteurs" : en Bourgogne, la douceur de février fait craindre le gel d'avril

Les températures particulièrement clémentes actuellement pourraient accélérer la pousse des bourgeons de vigne, qui deviendraient alors plus vulnérables au de gel de printemps. Beaucoup ont en tête le terrible épisode d'avril 2021.

"En avril, ne te découvre pas d'un fil." On connaît l'adage, les viticulteurs tout particulièrement : en Bourgogne, ils se souviennent encore du terrible épisode de gel d'avril 2021, qui avait ravagé une large partie de la récolte à venir. 

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En ce début 2024, l'heure n'est pas à la catastrophe, mais la météo très douce pour un mois de février fait prendre de l'avance à la vigne. Et ce n'est pas une bonne nouvelle.

"La vigne pleure, c'est trop tôt"

En ce moment, le travail dans les vignes c'est "tirer le bois", c'est-à-dire débarrasser la vigne des restes de la pré-taille effectuée à l'automne. Or "quand on retaille, on voit que la vigne commence à pleurer, c'est-à-dire que la sève pousse et c'est trop tôt pour ça", explique Dominique Gallois, viticulteur à Gevrey-Chambertin.

Le risque ? Que les bourgeons sortent trop tôt... puis gèlent sur pied en cas d'épisode de grand froid. "Lorsque les bourgeons sont verts, ils ont moins de résistance au gel", explique Benjamin Bois, maître de conférence en climat et viticulture à l'université de Bourgogne. "Généralement, le débourrement (l'ouverture des bourgeons) a lieu mi-avril, sauf vers Chablis et Châtillon-sur-Seine qui ont l'habitude des épisodes de gel. Mais sur la côte viticole et dans le Jura, on est moins habitué."

C'est une sorte de course entre la dernière gelée, et la date de débourrement

Benjamin Bois

maître de conférence en climat et viticulture à l'université de Bourgogne

Si la météo reste trop douce, les premiers bourgeons pourraient sortir d'ici mi-mars. Quid du gel ? Impossible de savoir précisément comment évoluera la météo dans les prochaines semaines. "C'est davantage d'incertitude pour les viticulteurs", confirme Benjamin Bois.

Que peuvent faire les viticulteurs ?

En tout état de cause, les vignerons ont trois possibilités pour gérer au mieux ces incertitudes climatiques, selon le maître de conférence :

  •  "Anticiper sur le long-terme pour éviter le gel en taillant le plus tard possible, voir après débourrement. Ça se fait beaucoup maintenant. On laisse deux bois très longs, puis quand ces bourgeons ont éclos, on les élimine." Cela retarde de quelques jours la croissance des bourgeons à la base du pied de vigne - on gagne entre deux jours et une semaine en moyenne.
  • Utiliser des moyens de lutte active contre le gel : bougies, arrosage des vignes, tours antigel... "Ce sont des nuisances pour les riverains, ça peut occasionner de la pollution, mais ce sont des méthodes qui ont un certain degré d'efficacité", relève Benjamin Bois.
  • "Mieux gérer les stocks : les vignerons acceptent le caractère aléatoire du climat et décident de ne pas tout vendre d'un coup mais de faire du stock. En Bourgogne, les prix ont augmenté après le gel de 2021 car les viticulteurs ont gardé une partie de leur récolte."

Dans tous les cas, l'incertitude sur la vigne ne sera pas levée avant la mi-mai, période des redoutés Saints de Glace - Saint-Mamert (11 mai), Saint-Pancrace (12 mai) et Saint-Servais (13 mai). D'ici là, "ce serait bien que d'ici fin mars, on retrouve un froid de saison. Tout le monde apprécierait", conclut Benjamin Bois.

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