Sur l'ensemble de la France métropolitaine, une quarantaine de territoires proposent aux usagers la gratuité totale de leur réseau de transports en commun. En Bourgogne-Franche-Comté, une seule commune a fait ce choix il y a plusieurs années, avec succès : Joigny, dans l'Yonne.
Elle circule six jours sur sept, à raison d'un passage par heure. Depuis 2009, les habitants de Joigny (Yonne) bénéficient des services de la "P'tite navette" pour se déplacer dans la ville. S'il ne circule qu'intra-muros, le bus dispose d'un avantage de taille pour les usagers : tout le monde peut l'emprunter sans débourser un seul centime !
Pourquoi ce choix de la gratuité ? "D'abord, il fallait permettre aux habitants qui ont des difficultés à se déplacer de pouvoir le faire", explique le maire (PS) Nicolas Soret. "Et puis, d'un autre côté, on cherchait évidemment à faire en sorte que les habitants puissent au maximum éviter de prendre leur voiture, c'est-à-dire le but de tout service de transport en commun."
14 ans après sa mise en service, la "P'tite navette" est un franc succès. Elle est utilisée, chaque année, par 140 000 usagers - Joigny compte un peu plus de 9 000 habitants. "Les chiffres parlent d'eux-mêmes", souligne l'édile.
"Les transports sont un service public qu'il convient de financer"
De quoi inspirer d'autres municipalités ? D'après l'Observatoire des villes du transport gratuit, 43 territoires en France métropolitaine ont opté pour cette solution. Notamment des "petites" collectivités, comme Figeac (Lot), Nyons (Drôme) ou Châteaudun (Eure-et-Loir), mais aussi des agglomérations plus importantes comme Dunkerque (Nord) et Niort (Deux-Sèvres).
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C'est précisément ces communes de taille moindre, à l'instar de Joigny, qui bénéficieraient le mieux de la gratuité des transports. "Les villes plus petites n'ont pas un réseau extrêmement développé qui leur permet d'assumer la gratuité", juge Cédric Journeau, président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) Bourgogne-Franche-Comté. "D'autant que les structures de distribution des titres de transport peuvent représenter un coût important pour ce type de collectivités."
"Il faut bien comprendre que rien n'est gratuit. Les transports sont un service public qu'il convient de financer", ajoute-t-il, en précisant que la gratuité "est loin d'entraîner systématiquement une diminution de l'utilisation de la voiture".
Ce qu'admet Nicolas Soret : "je pense que les habitants essaient de moins prendre la voiture, mais ça tient du sentiment qui ressort des discussions avec les administrés. On ne peut pas le mesurer." Pour la municipalité, les transports en commun gratuits coûtent, au total, 165 000 euros par an.