Le parquet ouvre la voie d'un procès pour l'ex-femme du tueur en série, dans le cadre de trois affaires : les disparitions de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin.
Cette nouvelle était attendue depuis plusieurs mois. Début février, le pôle "cold cases" de Nanterre annonçait la fin des instructions pour les affaires de disparition de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin. Trois "cold cases" dont était soupçonné le tueur et violeur en série Michel Fourniret, décédé en 2021. Son ex-épouse, Monique Olivier, toujours en vie, est suspectée d'être sa complice.
La juge d'instruction doit encore se prononcer
Aujourd'hui, l'affaire prend un nouveau tournant puisque le parquet vient de requérir un procès envers Monique Olivier, selon une information de l'AFP. Il reste encore une étape : c'est maintenant à la juge d'instruction Sabine Kheris de trancher sur la tenue, ou non, de ce procès.
Monique Olivier, 74 ans, est incarcérée depuis novembre 2018, à la prison pour femmes de Rennes. Elle purge déjà deux peines : la réclusion à perpétuité pour complicité de quatre meurtres et un viol en réunion commis par Michel Fourniret, et vingt ans de réclusion pour un cinquième meurtre.
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Les ultimes secrets du couple meurtrier ?
Ces trois derniers dossiers pour lesquels Monique Olivier pourrait être jugée concernent des victimes dont les corps n'ont jamais été retrouvés.
- Marie-Angèle Domèce (1988)
Marie-Angèle Domèce, handicapée mentale de 19 ans, avait disparu le 8 juillet 1988 à la sortie de son foyer d'Auxerre. Michel Fourniret avait avoué son meurtre en 2018, sans jamais révéler l'emplacement du corps. Fin janvier, une "ultime vérification" a été faite dans l'Yonne avant la clôture du dossier d'instruction. Les gendarmes ont mené des fouilles (infructueuses) autour de Fleys, dans le Chablisien.
Fin janvier 2023, à l'issue de ces fouilles, la soeur de Marie-Angèle, Véronique Domèce, nous avait confié : "Je ne pense pas retrouver le corps de ma sœur, à moins que la co-auteure [Monique Olivier] veuille bien s'exprimer à ce sujet pendant le procès."
- Joanna Parrish (1990)
"L'ogre des Ardennes" avait également avoué le meurtre d'une autre "disparue de l'Yonne" : Joanna Parrish, cette Britannique retrouvée morte dans la rivière Yonne à Monéteau en 1990. L'autopsie avait révélé qu'elle avait été violée et battue avant sa mort.
Quant à Estelle Mouzin, disparue à Guermantes (Seine-et-Marne) en 2003, son corps n'a jamais été retrouvé malgré les aveux de Monique Olivier et Michel Fourniret, reconnaissant que la fillette avait été séquestrée, violée et tuée dans les Ardennes. En 2020, une trace d'ADN d'Estelle était retrouvée sur un matelas saisi en 2003 dans la maison ardennaise des époux Fourniret.
Les familles des trois disparues sont défendues par maître Didier Seban, spécialiste des "cold cases". En février 2023, il déclarait :
"La vérité judiciaire est importante pour les familles de victimes."
Maître Didier Sebanavocat des familles des disparues
"Les familles se sont tellement battues pour l'obtenir. Il y aura naturellement un avant et un après procès, même si l'absence de Michel Fourniret à ce procès fera ressortir les fautes de notre système judiciaire."
Les "disparues de l'Yonne" : la conspiration du silence
France 3 Bourgogne a récemment consacré une série documentaire aux "disparues de l'Yonne", "La conspiration du silence". Elle revisite les affaires de disparitions et de mœurs qui ont frappé le département de l’Yonne des années 70 jusqu’au début des années 90.
Car les crimes de Michel Fourniret ne sont pas les seuls à avoir assombri le département de l'Yonne. Dans les années 70 et 80, Émile Louis, autre violeur et tueur en série, surnommé le "boucher de l'Yonne", commet au moins sept viols et assassinats.
► Une série en huit épisodes de 35 minutes à revoir ici.