"Éric Ciotti est trop clivant" : le président de l'Yonne s'explique après son départ des Républicains

Patrick Gendraud, président du conseil départemental de l'Yonne, a annoncé en milieu de semaine quitter Les Républicains, en réaction à l'accession d'Éric Ciotti à la tête du parti début décembre. Il déplore notamment la ligne trop extrême du député des Alpes-Maritimes.

Il l'avait annoncé, c'est désormais chose faite. Mercredi 21 décembre, une dizaine de jours après l'élection du nouveau président des Républicains - qui s'est soldée par la victoire d'Éric Ciotti -, Patrick Gendraud, président du conseil départemental de l'Yonne, a annoncé à France Bleu Auxerre quitter le parti. "C'est une décision mûrement réfléchie, qui n'a pas été facile à prendre", nous avoue-t-il aujourd'hui.

Il faut dire qu'entre lui et le parti historique de droite, issu des cendres successives du RPR et de l'UMP, les liens ne datent pas d'hier. "J'ai eu la chance de rencontrer Jacques Chirac quand j'avais 15 ans", se souvient avec un brin de tendresse l'ancien maire de Chablis, qui se décrit comme un chiraquien de "toujours". "Ma chère maman a travaillé à ses côtés pendant plus de 30 ans, donc ça laisse des traces. Je me suis intéressé grâce à lui à la politique, en 1976, quand le RPR a été créé."

J'étais derrière Chirac. J'ai toujours été dans une mouvance gaulliste, à droite, mais la droite modérée, le centre-droit.

Patrick Gendraud,

président (SE) du conseil départemental de l'Yonne

Des positions trop extrêmes

Une ligne modérée qui explique en partie son départ des Républicains, au lendemain de l'élection du député des Alpes-Maritimes. "Ça a déjà commencé à la présidentielle. Là déjà, je n'ai pas aimé ce qu'il s'est passé. Valérie Pécresse et Xavier Bertrand étaient sortis du mouvement, ils sont revenus... Puis il y a eu des primaires auxquelles Éric Ciotti est arrivé en deuxième. J'ai le sentiment que Valérie Pécresse s'est ensuite sentie obligée de droitiser son discours, pour lui faire plaisir."

Mais le 10 avril 2022, le parti essuie un véritable camouflet. La présidente de la région Île-de-France échoue à se qualifier au second tour de l'élection présidentielle et termine avec le score calamiteux de 4,78%. "Arrive ce qui arrive, il faut un responsable et Christian Jacob démissionne", analyse Patrick Gendraud. "Finalement, c'est Éric Ciotti qui prend la tête du parti. Or j'avais dit que s'il était élu, je quitterais le parti. Pour moi, c'est quelqu'un qui est beaucoup trop à droite, beaucoup trop clivant."

Éric Ciotti a des thèses qui laissent croire que les seuls soucis de notre cher pays sont l'immigration et la sécurité. Il fait ce que j'appelle du populisme.

Patrick Gendraud,

président (SE) du conseil départemental de l'Yonne

"Quand on lui demande pour qui il compte voter en cas de second tour Macron-Zemmour, il répond sans hésiter Zemmour. Or, je suis malgré tout un homme public, et il est hors de question que je cautionne cette ligne qui ne me correspond pas", poursuit l'élu icaunais. Et d'ajouter : "Et au-delà de ça, je pense que Ciotti n'est pas un leader charismatique comme ont pu l'être Chirac, Sarkozy ou même Fillon."

"Je ne vais pas me jeter dans les bras de qui que ce soit"

Alors, quel avenir pour le président du conseil de l'Yonne ? Une chose est certaine : il ne prévoit pas d'adhérer à une autre formation politique. "Pour le moment, je prends un peu de recul", tempère-t-il. "Ma seule démarche a été de prévenir le président des LR dans l'Yonne, Guillaume Larrivé, à qui j'ai simplement demandé de me dégager de toute responsabilité au sein du parti. J'ai précisé que je ne renouvèlerai pas mon adhésion, mais je ne vais pas me jeter dans les bras de qui que ce soit."

Pour présider le département, je n'ai pas besoin d'avoir une étiquette collée dans le dos.

Patrick Gendraud,

président (SE) du conseil départemental de l'Yonne

Ancien député malheureux de la première circonscription de l'Yonne, Guillaume Larrivé a de son côté affirmé ne pas être surpris par la décision de son désormais ex-collègue. "Il fait souvent des allers-et-retours, en quittant l'UMP hier, en revenant ensuite à LR, en repartant maintenant... avant peut-être d'essayer de revenir quand les temps seront plus calmes", nous a-t-il déclaré, ce vendredi 23 décembre. Revenir, peut-être, quand le parti changera à nouveau de nom ? Pour le principal intéressé, rien n'est moins sûr : "aujourd'hui, Les Républicains sont dans un piteux état. C'est un constat que tout le monde peut faire."

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