Il a été ministre sous Giscard d'Estaing puis Mitterrand : Jean-Pierre Soisson est mort

L'ancien ministre et maire d'Auxerre (Yonne) Jean-Pierre Soisson est décédé ce mardi 27 février à l'âge de 89 ans. Il aura été une figure de la Ve République, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing puis de François Mitterrand.

Jean-Pierre Soisson, personnage politique incontournable. Un opportuniste, diront certains. Ses renversements d'alliances ont rythmé la vie politique française et bourguignonne durant 44 ans. On a appris ce mardi 27 février 2024 le décès de l'ancien ministre, à l'âge de 89 ans. Il souffrait d'un cancer depuis plusieurs années.

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Tout commence en 1968. Le jeune haut fonctionnaire, habitué des cabinets ministériels, est élu pour la première fois député de l'Yonne, sous l'étiquette Républicains et Indépendants (FNRI). "Je me considère comme responsable du développement économique et social de ma région, la région d'Auxerre, disait-il alors. J'entends consacrer à ce développement toutes mes forces".

Un premier mandat à l'Assemblée Nationale qui en augurera neuf autres. Une longévité impressionnante, tout comme à la mairie d'Auxerre. Jean-Pierre Soisson en prend les rênes en 1971. Il ne les lâchera que 27 ans plus tard, en raison du cumul des mandats.

Fidèle lieutenant de VGE

Sa carrière prend une dimension nationale à partir de 1974. Pendant 7 ans, ce fidèle lieutenant de Valéry Giscard d'Estaing ne cessera d'occuper des maroquins ministériels : il entre dans le premier gouvernement Chirac au poste de secrétaire d'Etat aux universités, puis sera chargé de la formation professionnelle ; Jean-Pierre Soisson sera aussi de tous les gouvernements Barre, il sera le "monsieur Jeunesse et Sports durant cette période".

En 1977, il fonde le Parti Républicain pour soutenir l'action de Valéry Giscard d'Estaing et fédérer les différents courants centristes. Mais après la victoire du socialiste François Mitterrand en 1981, il devient un barriste convaincu, au point de lâcher VGE, plus en capacité selon lui de battre la gauche à la présidentielle.

Revirement en 1988

En 1988, nouveau revirement. Jean-Pierre Soisson accepte l'offre de François Mitterrand d'entrer dans un gouvernement d'ouverture. "Si Raymond Barre avait été élu, il aurait fait l'ouverture, justifiait-il à la sortie d'un conseil des ministres. Il y aurait eu des ministres socialistes dans le gouvernement. François MItterrand a été élu, il fait l'ouverture, il est donc normal qu'il y ait des ministres centristes dans le gouvernement".

Jean-Pierre Soisson devient donc le ministre du Travail de Michel Rocard. On lui doit notamment une loi développant les mesures d'accompagnement et de reconversion pour les salariés licenciés dans le cadre d'un plan social. Il sera reconduit dans le gouvernement Cresson comme ministre de la Fonction publique.

Qu'on arrête le soupçon, qu'on arrête la délation !

Jean-Pierre Soisson en 1992

à propos des accusations sur son élection à la Région Bourgogne avec les voix du Front National

Une période émaillée par un premier scandale, lors des élections régionales de 1992. L'Auxerrois est soupçonné d'avoir été élu à la tête de la région Bourgogne avec les voix du Front National. Un ultimatum est lancé par les socialistes. Il préfère démissionner du gouvernement. "Qu'on arrête le soupçon, qu'on arrête la délation ! Qu'on arrête la rumeur de Dijon, arguait-il sur le plateau de FR3 Yonne. Et si je quitte le gouvernement, c'est pour défendre mon honneur". 

Honneur qu'il aura visiblement su défendre puisque quelques mois plus tard, Pierre Bérégovoy le réintègre au poste de ministre de l'agriculture.

Exclu de l'UDF

Mais en 1988, rebelote à la région Bourgogne. Après 3 tours de votes et de multiples tractations en coulisses, Jean-Pierre Soisson est élu à la tête de l'exécutif régional, avec les voix de l'extrême-droite. Les Bourguignons manifestent leur indignation dans la rue. Jacques Chirac monte au créneau contre cette alliance, et l'UDF exclut ce membre encombrant. Sous la pression, le stratège icaunais démissionne. Mais il se fait réélire dans les mêmes conditions, une quinzaine de jours plus tard, sous les huées de l'opposition qui demande sa démission.

Non seulement Jean-Pierre Soisson ne démissionnera pas, mais il briguera un nouveau mandat en 2004. Le combat de trop. Il est certes réélu à la Région, mais malgré ses négociations avec François Sauvadet, il ne sera pas reconduit à la présidence. Le règne est fini.

"Je suis passé devant mes anciens bureaux avec un pincement au coeur, racontait-il ému à France 3 Bourgogne. Mais c'est la vie... On va de pincements en pincements, jusqu'au jour où le coeur s'arrête..."

En 2011, à 76 ans, son mandat de député s'achevant, cette bête politique annonçait son retrait de la vie publique. Il souhaitait passer les dernières années de sa vie dans l'écriture.

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