Alors qu'il sera mis en vente aux enchères le 7 février prochain, L'Espérance de Saint-Père (Yonne) était ouvert à la visite vendredi 19 janvier. Les curieux et potentiels acquéreurs ont pu se rendre compte de l'ampleur des travaux à mener pour réhabiliter l'ancien restaurant de Marc Meneau.
Il était jusque-là seulement possible d’en voir la devanture. Une façade recouverte progressivement par les branches et la verdure, dont l’accès est bloqué par une grille blanche aux teintes de plus en plus orange à cause de la rouille.
Cette façade, c’est celle de L’Espérance, à Saint-Père dans l’Yonne, l’ancien restaurant du chef triplement étoilé Marc Meneau. Une institution, ancienne grande table de la gastronomie française, bientôt mis en vente aux enchères, mais ouverte ce vendredi 19 janvier à la visite.
Gravats au sol, murs troués et charpentes au plafond
Sur place, des curieux mais aussi de potentiels acheteurs venus visiter ce qu’il reste du mythique établissement. A l’extérieur, comme à l’intérieur, cet ancien lieu prestigieux tombe en ruine. "Je suis venu car c’est une maison qui a toute une histoire. Il y a beaucoup de travaux à faire. C’est à remettre en vie", confie un visiteur au micro de Lounis Khelaf.
Au milieu des gravats, face à des murs de pierres troués ou sous un plafond à nu qui laisse apparaître la charpente, difficile de se projeter et d’imaginer la brigade du chef Meneau en pleine action. Même si pour certains, les souvenirs sont toujours intacts.
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"Je venais manger ici avec mes parents. Ca fait très mal au cœur de le voir dans cet état. Il n’y a plus rien. Ce sont des souvenirs magnifiques parce que c’était une cuisine incroyable. On mangeait toujours de façon extraordinaire", se souvient un ancien client qui a même obtenu un autographe de Serge Gainsbourg dans ce restaurant.
C’était un des poumons de la région. Tout le monde venait ici. On aime notre région. Si des gens peuvent investir ici, ce serait une formidable nouvelle
Un visiteur
Une bâtisse, trace d’une histoire gastronomique riche, qui recherche un nouveau projet pour revivre. Même si certains sur place ont du mal à se projeter. "Il y a tout à faire pour un porteur de projet. Mais moi, ça ne m’intéresse pas, c’est beaucoup de frais-là !", confie un homme venu pour l’occasion. Il faudrait en effet plusieurs millions pour réhabiliter les lieux.
Le dernier projet de réhabilitation date de 2016. Mais le groupe hôtelier qui avait racheté L’Espérance a fait faillite, le condamnant à la vente aux enchères.
Le maire de Saint-Père espère une reprise
Christian Guyot est le maire de Saint-Père depuis 1977. Il a connu l’âge d’or de sa commune, portée par l’activité du restaurant. Alors avec la chute de cette grande table, c’est un peu tout son village qui a perdu en attractivité.
"Nous souhaitons ardemment qu’un repreneur se manifeste et qu’il puisse redonner vie à l’établissement pour que le village retrouve la vie sociale et économique qu’on a perdu. On a perdu énormément d’habitants, la démographie est en baisse. Ce n’est pas la seule raison mais ça y a énormément contribué. Et puis on a perdu en renommée", explique l’élu.
C’est un crève-cœur. Ça ne devrait pas exister
Christian Guyot, maire de Saint-Père
Le 7 février prochain, seront proposés à la vente différents lots de ce qu’était le domaine : le Moulin des Marguerites (qui abritait les suites de luxe), le Pré des Marguerites, le restaurant crée par Marc Meneau à des prix plus abordables et L'Espérance. Mais Christian Guyot s’inquiète pour cette dernière partie.
"Elle est dans un état qui nécessite un apport financier considérable pour une remise en état. On est à la recherche d’un porteur de projet depuis longtemps. Mais on est aussi intéressé par un groupement. La collectivité n’exclut pas une entente".
Lors de la mise en vente, L’Espérance sera proposé au prix de base de 160 000 euros.