Pour faire face à l'épisode de crue exceptionnel qui touche actuellement la Bourgogne, Voies Navigables de France (VNF) mobilise toutes ses équipes en cette période de crise. Il s'agit d'endiguer tout risque de submersion du Canal de Bourgogne et de faciliter l'écoulement des eaux fluviales pour éviter tout risque de sur-inondation.
Astreintes de nuit, doublement des effectifs sur le terrain. Depuis un peu plus de deux semaines, VNF se mobilise pour faire face à l’épisode de crue exceptionnel qui impacte la France et ses cours d’eau. En Bourgogne, toutes les attentions sont portées autour du Canal de Bourgogne, en prise directe avec l'Armançon dans sa partie Nord.
On a les yeux rivés en permanence sur Météo-France et sur vigicrues
Lundi soir, à deux heures du matin, les techniciens de terrain de VNF étaient encore à pied d'oeuvre pour surveiller les 94 kilomètres du Canal de Bourgogne. Depuis plusieurs jours, l'ouvrage de navigation géré par VNF (Voies Navigables de France) a été mis en sécurité et déconnecté du réseau fluvial, pour éviter tout débordement. Comme annoncé par Vigicrues, "les pluies abondantes du week-end dernier ont fait basculer l'Armançon en vigilance jaune avec une hausse significative de son niveau d'étiage. L'onde se propage vers la partie aval du tronçon jusqu'en cours de nuit de mardi 12 mars à mercredi 13 mars 2024".
"Lors d'un épisode de crue comme celui-ci, l'idée est de fermer toutes les prises d'eau qui alimentent le Canal de Bourgogne - il y en a quatre, entre Rougemont et Migennes - et de garder à l'oeil les sources qui, gonflées par les pluies, continuent de l'alimenter en sous-terrain et sur lesquelles nous n'avons aucune prise", nous explique Palcal Freuchet, adjoint au CEMI de l'Armançon, chez VNF.
Autre levier d'anticipation, le niveau des biefs - portions de canal situées entre deux écluses - a été abaissé depuis plusieurs jours pour absorber une possible montée des eaux. Mais, lorsque le phénomène se produit et que la cote maximale est atteinte, intervient alors un système de déchargeoire à ventelles, qui permet d'évacuer le trop-plein d'eau dans le milieu naturel et ainsi d'éviter au canal de déborder, nous explique-t-on encore.
Les réservoirs qui alimentent le canal, et qui sont tant utiles en période estivale, ont aussi une cote de retenue maximale à ne pas dépasser. Leurs trop-pleins sont eux aussi évacués vers le réseau fluvial par l'intermédiaire de rampes de délestage.
Sur l'Yonne navigable, le débit est sous étroite surveillance
En Bourgogne, un autre secteur est scruté de près par les équipes de VNF, celui de l'Yonne navigable. Là encore se fait sentir l'effet de cette masse d'eau surabondante qui doit s'évacuer par l'Yonne et rejoindre la Seine d'ici peu. Sur cette portion gérée par Voies Navigables de France entre Auxerre et Montereau-Fault-Yonne, le débit est "très important", nous explique Luc Détanges, adjoint au chef de l'UTI Nivernais Yonne chez VNF, qui évoque les effets d'une crue "vingtennale".
"À cet endroit, les débits du Serein et de l'Armançon se conjuguent pour gonfler celui de l'Yonne. Nous devons alors "effacer" la vingtaine de barrages de navigation pour redonner à l'Yonne un écoulement le plus naturel possible". Il s'agit en fait de maintenir un débit maximal à ne pas dépasser, celui de 500 m3 /seconde relevé au niveau de Joigny, au-delà duquel la navigation devient interdite sur le fleuve.
Autre préoccupation, aussi importante que le débit : "Il faut éviter tout risque de surinondation, et pour ce faire nous devons encore une fois "mettre à blanc" tous les ouvrages qui pourraient contrarier l'écoulement de l'eau sur l'Yonne : Nous sommes en situation de crise avec des points sur la situation 3 fois par jour", renchérit Luc Détanges.
De la confiance et de la modernisation attendue chez VNF
Olivier Fauriel, directeur territorial Centre Bourgogne chez VNF, ne manque pas d'insister sur toute la confiance qu'il place en ses équipes, qu'il aime appeler "le peuple de l'eau". "Toujours un oeil sur la météo et sur les avis de vigilance crues inondation, et qui jouit d'un savoir-faire empirique", se confie-t-il. Un savoir-faire qui ne pourra se passer d'un vaste projet de modernisation du réseau avec la multiplication annoncée de capteurs de niveau, histoire de s'assurer de toujours garder la tête hors de l'eau...