C’est ce vendredi 3 juillet 2015 qu'expire le délai d'un mois fixé par le président de la République pour le rapprochement entre Areva et EDF. Les discussions sont toujours en cours entre les deux groupes et l'inquiétude grandit chez les salariés.
"Les négociations se poursuivent", indique-t-on chez Areva et EDF, en assurant qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre cette durée d'un mois.
Le 3 juin, l'Elysée avait en effet tranché en faveur d'une reprise par EDF de la majorité de l'activité réacteurs d’Areva, "sous réserve de la conclusion d'un accord de partenariat stratégique" entre les deux groupes publics.
L’Elysée avait ajouté qu'ils finaliseraient "les principes de ce projet dans un délai d'un mois".
#DirectAn : «Le gouvernement a tranché en faveur de la solution donnant le contrôle majoritaire d’Areva NP à EDF» #Varin
— AREVA France (@AREVAfr) 10 Juin 2015
Sur quoi les discussions achoppent-elles?
Mais, une semaine plus tard, lors d'une audition à l'Assemblée nationale, Philippe Varin, président du conseil d'administration d'Areva, avait déclaré qu'aboutir dans les temps demanderait "un changement radical du niveau de coopération" entre les deux groupes et il estimait que "la proposition d'EDF (devait) être revue".EDF a fait une offre indicative d'environ 2 milliards d'euros pour Areva NP, qui regroupe la conception et la fabrication des équipements, mais aussi l'assemblage de combustible et les services aux réacteurs existants. Dans les comptes d'Areva, cette division est valorisée 2,7 milliards d'euros. "On a l'impression que ça achoppe entre les deux parties", notamment sur la valorisation d'Areva NP, déclarait jeudi soir Jean-Pierre Bachmann, coordinateur CFDT chez Areva, à l'issue d'un comité de groupe européen.
@YvesMarignac l’offre de la filière française va au-delà de la construction des réacteurs : elle est forte dans les services aux réacteurs
— SFEN (@SFENorg) 24 Juin 2015
Y a-t-il des points d'accord ?
Si des différences subsistent effectivement sur le prix, "sur beaucoup de sujets, il n'y a plus de divergences", affirme une source proche des négociations.Car, les deux sociétés doivent aussi avancer notamment sur :
- la création d'une société commune regroupant les activités de conception, gestion de projets et commercialisation des réacteurs neufs
- les accords commerciaux les liant dans les combustibles et le retraitement
- la question de savoir qui devra porter le risque lié au chantier de l'EPR finlandais, qui accumule les retards et fait l'objet d'une procédure d'arbitrage.
France-Chine : signature de trois accords par #AREVA et ses partenaires CNNC, CGN et EDF http://t.co/nCX849TIJ4
— AREVA France (@AREVAfr) 30 Juin 2015
L'inquiétude des salariés d’Areva
L'anxiété grandit notamment sur les trois sites de Saône-et-Loire (Le Creusot, Saint-Marcel et Chalon-sur-Saône) qui totalisent environ 2 300 emplois)."Ce qu’on nous a annoncé, c’est la suppression de 3 à 4 000 postes en France. Mais, sans vision industrielle, on ne sait absolument pas ce qu’on construira demain", déclare Jean-Luc Mercier, délégué CGT à Creusot Forges et Areva NP.
"La seule vision qu’on nous donne aujourd’hui ce sont les partenariats avec la Chine, avec notamment une commande qui devait se faire au départ à Saint-Marcel et qui en fin de compte est finalisée en Chine", dit-il.
Les salariés d’Areva redoutent qu’on aille vers un démantèlement du géant du nucléaire français.