La cour d'appel de Rennes vient de condamner à deux ans de prison ferme le conducteur de la voiture qui avait écrasé Théo Stéphan, en 2019, sur un parking de Landéda dans le Finistère. La justice a relaxé les deux autres occupants du véhicule. Le père de la victime se dit "dévasté" par ce jugement.
Ce mardi 12 septembre 2023, la cour d'appel de Rennes a condamné à deux ans de prison ferme le conducteur de la voiture qui a écrasé Théo Stéphan, un adolescent de 17 ans, à la sortie d'une boîte de nuit de Landéda dans le Finistère en 2019.
Pour le père de la victime, "c'est la déception car un seul est condamné alors qu'ils étaient quatre impliqués, confie Loïc Stéphan, à l'issue du délibéré de la cour d'appel. Il y a des faits gravissimes. Théo a été tué, il a été traîné sous la voiture, ils lui ont roulé sur la tête, arraché le bras. Si ça, ce n'est pas condamnable, il faut changer les lois". "Et Théo, il est où là-dedans ? ajoute-t-il. Il est au cimetière et cela ne dérange personne. Ils n'ont même pas eu la décence de venir au tribunal aujourd'hui".
Les faits
Le drame s'est déroulé dans la nuit du 18 au 19 mai 2019. Théo Stéphan a été écrasé, à deux reprises, par une voiture sur un parking alors qu'il était au sol. C'est l'un de ses amis qui l'a trouvé. Ce dernier avait été alerté par la mère de la victime, inquiète que son fils ne soit pas revenu.
L'enquête a pu déterminer que le principal prévenu avait roulé une première fois sur Théo Stéphan et que le propriétaire de la voiture avait écrasé une seconde fois le corps du jeune homme.
Malgré le massage cardiaque opéré par les secours, l'adolescent - découvert dans "une mare de sang" - décédera rapidement.
Le principal suspect venait de passer la soirée avec trois autres jeunes hommes, dont un mineur, quand il a pris le volant de la voiture de l'un d'eux pour, selon lui, "mieux la garer". "Sans permis", "alcoolisé et sous l'emprise de stupéfiants", il avait alors effectué "une marche arrière sur deux ou trois mètres" et avait écrasé Théo Stéphan allongé sur le parking.
Seulement voilà, l'alerte aurait pu être donnée bien plus tôt, car le conducteur et son passager sont retournés chercher les deux autres pour "discuter immédiatement du problème avec la voiture".
Marche blanche et volte-face du parquet de Brest
À l’issue de l'instruction qui aura duré trois ans, les quatre jeunes ont été renvoyés devant les juridictions brestoises le 5 janvier 2023 : le conducteur a été condamné à 6 mois de prison avec sursis pour "conduite sous l’empire de l’alcool et de stupéfiants, et défaut de permis de conduire".
Les deux autres personnes, poursuivies pour "non-assistance à personne en danger", ont été relaxées. Dans la même affaire, un autre passager, mineur, a quant à lui été condamné par le juge des enfants à un an de prison avec sursis pour "non-assistance à personne en danger".
Pas d'homicide involontaire pour le tribunal de Brest dont le jugement a choqué la famille de la victime. "Théo n'existe pas dans leurs condamnations. C'est inadmissible et inexplicable. Il n'y a pas de mots à la hauteur de ce qu'ils ont fait" s'indignait alors Loïc Stéphan.
La famille de l'adolescent a organisé une marche blanche trois jours après ce premier procès.
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Le parquet de Brest, pour sa part, a fait volte-face et s'est finalement décidé à faire appel de la décision qu'il avait lui-même réclamée. La cour d'appel de Rennes a donc réexaminé le dossier le 13 juin 2023.
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"Cette décision n'enlèvera rien à la douleur de chacun"
Cette fois-ci, le parquet général a requis trois ans de prison ferme à l'encontre du conducteur pour son "comportement routier totalement dangereux".
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Au final, la cour d'appel de Rennes l'a condamné ce mardi 12 septembre à deux ans de prison ferme et deux autres avec sursis probatoire pendant trois ans. Ce qui l'obligera à travailler, se soigner et indemniser les parties civiles. Il a également interdiction de fréquenter les établissements de nuit et les débits de boissons.
Le jeune homme - dont le casier fait aussi état de "deux mentions postérieures" pour "usage de stupéfiants" et pour "conduite sous l'empire d'un état alcoolique" - sera convoqué devant un juge d'application des peines (JAP) pour aménager la partie ferme de sa peine. Son permis de conduire a été annulé et il devra enfin s'acquitter d'une amende de 2.000 euros.
Les deux autres jeunes ont à nouveau été relaxés de la "non-assistance à personne en danger". "Il ne s'agit pas de porter de jugement de valeur sur le comportement des deux autres, Théo était décédé après le premier choc donc on ne peut juridiquement pas leur reprocher ce délit " a précisé la présidente de la chambre des appels correctionnels.
"Sur le plan moral, chacun est libre de penser ce qu'il veut de cette bien triste affaire et la cour est bien consciente que cette décision n'enlèvera rien à la douleur de chacun" a-t-elle conclu devant les proches de Théo Stéphan, qui se disent "écœurés" par le jugement. "Tout ça pour ça, lâche le père de Théo. Ils n'ont jamais cherché à sauver Théo, ils ont continué à boire des bières et l'ont laissé crever comme un chien sur le parking".
