VIDÉO. "Trop, c'est trop !" Il y a 10 ans, les Bonnets rouges sonnaient la révolte contre l'écotaxe

durée de la vidéo : 00h03mn46s
Le reportage de Séverine Breton ©France 3 Bretagne

A l'automne 2013, la colère gronde en Bretagne contre l'écotaxe poids-lourds. Les portiques sont détruits ou endommagés. Manifestations et rassemblement se succèdent à la pointe finistérienne. Patrons et salariés, gauche et droite défilent main dans la main, sous un même couvre-chef : le bonnet rouge.

Été 2013. La colère couve en Bretagne. Et monte d'un cran le 2 août lorsque le premier portique écotaxe est abattu à Guiclan, dans le Finistère. Les manifestants qui occupent la RN 12 ne portent pas encore le bonnet rouge mais scellent ici ce qui deviendra un mouvement de révolte d'ampleur.

L'écotaxe poids lourds, issue du Grenelle de l'Environnement de 2007 et votée par le Parlement en 2009, arrive dans un contexte de crise économique pour le territoire breton. Les plans sociaux se succèdent, particulièrement dans le secteur de l'agroalimentaire où 2.500 emplois sont supprimés en quelques mois.

"Le vent vient de l'Ouest"

Cette taxe, qui vise les véhicules de plus 3,5 tonnes et doit permettre à l'Etat d'engranger un milliard de recettes par an, est l'impôt de trop. "Le vent vient de l'Ouest. Que Paris fasse attention car on va arriver sans tarder" prévient Olivier Le Bras, lequel, ce jour-là à Guiclan, porte la voix des ouvriers de l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau. Sous le coup d'un redressement judiciaire depuis février, l'abattoir est liquidé début octobre, mettant 889 salariés sur le carreau.

LIRE : Ecotaxe : les Bonnets rouges dénoncent "l'acharnement de l'Etat" contre six "lampistes"

Agriculteurs, pêcheurs, transporteurs, patrons et salariés de l'agroalimentaire se fédèrent, "car on ne va pas bosser pour engraisser le gouvernement" dit cette responsable d'une société de transport routier. Pour calmer le jeu, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault présente son "Pacte d'avenir pour la Bretagne" le 16 octobre 2013, une série de mesures visant à aider le secteur de l'agroalimentaire. 

10 jours plus tard, le samedi 26 octobre, un millier de manifestants se donnent rendez-vous sous le dernier portique écotaxe encore debout dans le Finistère : celui de Pont-de-Buis. C'est ici qu'ils vont porter pour la première fois le fameux bonnet rouge qui deviendra le symbole de leur mobilisation, en écho à la révolte antifiscale des paysans bretons de 1675.

Camions, tracteurs bloquent la RN165. Des pneus brûlent tout au long de la journée. De violents affrontements éclatent avec les forces de l'ordre. "Tant qu'il y aura des portiques comme ça, il y aura des bonnets rouges" clame ce manifestant.

"Trop, c'est trop"

Le mouvement, désormais baptisé "Vivre, décider et travailler en Bretagne", organise un rassemblement régional à Quimper, le 2 novembre, où convergent entre 15.000 et 30.000 personnes. Les Bonnets rouges déferlent en Cornouaille avec, à leur tête, Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère, et Christian Troadec, le maire de Carhaix. Ils sont les porte-parole de la mobilisation contre l'écotaxe et pour l'emploi.

Début novembre, le collectif publie une "Charte des Bonnets rouges" où figure notamment la gratuité des routes bretonnes. Dans l'intervalle, le gouvernement annonce la suspension de l'écotaxe qui sera définitivement supprimée en 2016.

Un nouveau rassemblement se déroule à Carhaix le 30 novembre, lequel réunit entre 17.000 et 40.000 personnes sous la bannière "Re zo re", "trop, c'est trop".

Une cinquantaine de comités locaux de Bonnets rouges essaiment un peu partout en Bretagne et des cahiers de doléances sont mis en place dont la synthèse est dévoilée lors d'Etats généraux à Morlaix en mars 2014.

Entre août et décembre 2013, cinq portiques écotaxe sont endommagés ou détruits en Bretagne. Ils le seront aussi dans la Manche, le Maine-et-Loire ou encore la Loire-Atlantique.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité