Cela restera gravé dans les mémoires. Comme l'ouragan de 1987, pour ceux qui l'ont connu. Dans la nuit du 1ᵉʳ au 2 novembre 2023, la Bretagne subit les assauts de la tempête Ciaran. Des rafales jusqu'à 207 km/h à la pointe du Raz. Au lever du jour, les Bretons ne peuvent que constater les dégâts. Des images qui restent toujours aussi fortes un an plus tard.
La bombe météo annoncée par les prévisionnistes a bien éclaté. Le 1ᵉʳ novembre 2023, en fin d'après-midi, l'état de la mer laisse présager une tempête inédite. "Ça a l'air plus important que les autres fois" fait remarquer un promeneur sur une digue dans le Finistère, "on va voir ce que cela va donner".
Un an après, les stigmates de cette tempête sont encore visibles. Si Enedis achève l'énorme chantier de la remise en état des réseaux - plus d'un million de foyers ont été privés de courant - les forêts portent encore les traces du passage de Ciaran.
Dans la nuit du 1ᵉʳ au 02 novembre, cela donne des vents d'une violence extrême. Des rafales ont été mesurées à 207 km/h à la pointe du Raz.
Dans notre vidéo, la nuit : des toitures arrachées ou endommagées, un habitant qui ne peut que filmer le pignon de son mur qui s'écroule, mais aussi le bras d'une grue qui se brise.
Au matin, des arbres en travers des jardins. Sur des voitures. Contre les murs des maisons. "On n'a pas entendu les arbres tomber, tellement cela soufflait fort" témoigne un riverain. "Tout est cassé, on vit à ciel ouvert" se désole cette habitante, devant sa véranda éventrée.
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Devant l'église du Conquet, dont une flèche a troué la toiture pour s'écraser dans la nef, un homme estime que "par rapport à 1999, c'était beaucoup plus fort, on ne peut pas comparer".
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"Cela fait mal au cœur de voir tout ce qui s'est passé" confie ce technicien forestier, la gorge serrée, au milieu d'un amas de bois. Les tronçonneuses sont à l'œuvre, déjà, mais il faudra du temps pour effacer les traces du passage de Ciaran.
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Également à l'œuvre, les techniciens d'Enedis. Ils sont à l'aube d'un chantier titanesque qui s'achève à peine. Plus d'un million de foyers ont été privés d'électricité. "En termes de matériel qui a cédé (...) on a eu une intensité sans précédent de la puissance de la tempête" souligne le directeur d'Enedis, Hervé Champenois. Après la tempête, le distributeur d'électricité a dû mobiliser 3.400 agents et acheminer 8.000 poteaux et 750 tonnes de matériel pour rétablir le réseau.
Dans les exploitations agricoles, pour certains, c'est le ciel qui leur est tombé sur la tête. Des maraîchers voient des serres entièrement détruites, d'autres qu'il faudra réparer. "Si on n'a pas d'aides d'urgence, on arrêtera et il faudra aller travailler ailleurs" estime ce maraîcher du Trégor.
Dans les parcs ostréicoles, c'est parfois le même constat : des tables renversées, des poches d'huîtres ensablées, donc perdues.
Là aussi, les professionnels, un an après, subissent encore les conséquences des dégâts. Dans de nombreux secteurs, tous prennent désormais en compte les effets du changement climatiques sur les phénomènes météo, qui seront plus nombreux et plus intenses à l'avenir.