Nouveau défi en perspective pour le maxi-trimaran SVR Lazartigue. Après sept mois de chantier, le navigateur François Gabart s'apprête à partir pour une aventure en équipage avec en ligne de mire le Trophée Jules-Verne. Objectif : faire le tour du monde en moins de 40 jours.
Ce ne sera pas simple, mais à quelques semaines de se lancer pour la première fois dans la quête du Trophée Jules-Verne, le navigateur François Gabart en est persuadé : tout est réuni pour battre "très largement" le record du tour du monde en équipage.
Record à battre : 40 jours et 23 heures
Voilà près de huit ans que ce trophée Jules-Verne est la propriété d'un autre grand nom de la course au large : Francis Joyon, qui avait à sa troisième tentative coupé la ligne en 40 jours et 23 heures en janvier 2017. Au vu des progrès technologiques récents des multicoques, c'était il y a une éternité.
Après avoir remis à l'eau ce lundi 26 août à Concarneau son maxi-trimaran SVR-Lazartigue au terme d'importants travaux, François Gabart, l'un des plus beaux palmarès de la voile française, s'est confié sur ce nouveau défi, que devraient aussi tenter en fin d'année Charles Caudrelier (Maxi-Edmond-de-Rothschild) et Thomas Coville (Sodebo).
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"Le Jules-Verne est détenu depuis huit ans par Francis Joyon, or nos bateaux n'ont jamais autant progressé que ces huit dernières années", a-t-il expliqué pendant une sortie d'entraînement tranquille avec les cinq membres de son équipage, parmi lesquels Tom Laperche et Pascal Bidégorry.
Le soleil brille, la mer est plate, et 14 noeuds de vent au large de l'archipel des Glénan suffisent à faire voler à plus de 30 noeuds (55 km/h) l'élégant trimaran bleu sur ses foils, ces appendices qui permettent au navire de s'élever, de minimiser la résistance de l'eau, et d'accélérer.
"On peut envisager des temps incroyables"
À en croire Gabart, c'est la maîtrise sans cesse accrue de cette technique du vol qui doit faire la différence autour du globe, d'autant qu'après des débuts compliqués, les maxi-trimarans volants ont prouvé leur fiabilité. Plusieurs ont même bouclé en début d'année l'Arkea Ultim challenge, première course autour du monde en solitaire pour les multicoques de leur envergure.
"Clairement, il y a eu une énorme marche de franchie l'hiver dernier", estime François Gabart. "Donc il y a tous les ingrédients pour améliorer le record très largement". Imaginé dans les années 1980, le Trophée Jules-Verne devait récompenser le marin qui, imitant le héros Phileas Fogg, tournerait autour du globe en moins de 80 jours. Bruno Peyron le fit en 1993 en 79 jours.
"Si on prend les performances intrinsèques des bateaux, on pourrait envisager des temps incroyables", poursuit le skipper à la mèche blonde qui a tout gagné ou presque depuis 2013 et est même depuis fin 2017 détenteur du record du tour du monde en solo (42 jours et 16 heures).
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Celui qui se présente comme "un garçon très optimiste et très positif" reste bien conscient de la difficulté du Jules-Verne. Caudrelier et Coville, à bord de deux bateaux tout aussi "incroyables", l'ont déjà tenté, avant d'abandonner pour cause d'avarie. Ce qui prouve, selon Gabart, que "ce n'est pas si simple que ça".
À la recherche de la bonne fenêtre météo
Améliorer le temps de Joyon impliquera déjà de choisir, à partir du 1er novembre, la bonne fenêtre météo susceptible de baliser les six, voire les huit premiers jours de course. Au-delà, il faudra une dose de chance pour espérer des cieux propices. Le géant de 32 mètres devra aussi compter sur sa bonne étoile pour ne rien heurter en chemin. À mesure que la vitesse augmente, les collisions ne pardonnent plus. C'est aujourd'hui l'aléa principal de la course au large.
Malgré un début de course très prometteur, SVR-Lazartigue, skippé par Tom Laperche, avait été contraint d'abandonner fin janvier sur l'Arkea Ultim Challenge après avoir accroché un objet flottant à 2.400 km du cap de Bonne Espérance. Le choc avait provoqué une avarie majeure et nécessité 10.000 heures de réparation à Concarneau, jusqu'à sa tardive remise à l'eau lundi.
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"Dans tous les sports, il y a une part d'aléa, qui est à la fois quelque chose de cruel, mais qui fait aussi sa beauté", philosophe Gabart. Son équipage ne sera pas seul cet hiver dans le Grand Sud, puisqu'il pourrait y croiser les 40 marins du Vendée Globe qui mettront les voiles le 10 novembre. Et le fait que ses rivaux Caudrelier et Coville tentent également le record en équipage pimentera l'aventure, car plusieurs bateaux pourraient effacer le record de Joyon. "Si on le bat d'une seconde, on sera très heureux et très fier", résume le navigateur de 41 ans. "Après, on n'a absolument aucune limite".