Dans un courrier envoyé à plusieurs rédactions, un Front de Libération de la Bretagne revendique six incendies et sabotages, perpétrés depuis mai 2022. Les mystérieux signataires dénoncent "une crise du logement qui résulterait de l’emprise de l’Etat colonial français". Difficile aujourd'hui de faire le lien avec le mouvement historique, selon le journaliste spécialisé Erwan Chartier.
"Nous sommes le Front de Libération de la Bretagne, nous avons repris le combat pour le peuple breton ". C’est ainsi que commence le courrier envoyé à plusieurs médias de Bretagne.
France Bleu Breizh Izel l’a reçu ce jeudi 20 juillet 2023. Après une succession d'incendies et sabotages survenus dans la région ces dernières années, il est légitime de se demander si le FLB reprend du service.
Une crise du logement, "conséquence de l'emprise de l'Etat colonial"
Dans cette lettre, les signataires dénoncent une crise du logement qui serait "un des nombreux aspects de l’emprise de l’Etat colonial français " et expliquent ne pas vouloir regarder "la Bretagne disparaître sans [se] battre".
Sur le même document a été ajoutée une photo de très mauvaise définition, où l’on devine trois personnes cagoulées, masquées et gantées, posant devant un drapeau breton. Le tout est signé " Pour le Kuzul Meur" ("Pour le conseil général" NDLR), et suivi de trois noms d’emprunts.
Des incendies à Caurel, Landunvez, Belle-Île-en-mer revendiqués
Pour étayer leur propos, six "opérations de représailles" sont listées, dont ils revendiquent la paternité : l’incendie d’une maison secondaire à Caurel (22) le 18 mai 2022, l’incendie d’une maison inoccupée à Landunvez (29) le 12 janvier 2023, le sabotage d’un engin de chantier immobilier à Belle-Île-en-mer (56) le 3 mai 2023, l’incendie d’une voiture immatriculée en région parisienne le 5 mai à la pointe du Cabellou à Concarneau (29), ou encore la destruction partielle d’une maison par le feu à Trébeurden (22) le 16 juin 2023.
En revanche, aucune trace d’un incendie ou sabotage qui se serait déroulé le 10 juin 2023 à Morlaix, comme indiqué dans le courrier.
Quelle crédibilité donner à cette lettre ?
Erwan Chartier, coauteur de l’ouvrage "Le dossier F.L.B., plongée chez les clandestins bretons " (écrit avec Alain Cabonet) connaît bien ce mouvement créé en 1966.
"Le FLB s’est arrêté en 1981. Ce mouvement, qui menait des attentats à l’explosif, était structuré et avait des moyens de revendication authentifiés" rappelle l’actuel rédacteur en chef du Poher.
Selon lui, impossible de faire un lien entre ce courrier et le mouvement historique, puisque n’importe qui peut se revendiquer du Front de Libération de la Bretagne. Pour Erwan Chartier "il est difficile de dire si on se trouve face à un réseau structuré ou à des personnes qui récupèrent un sigle".
À ce stade, aucun lien ne peut, en effet, être établi entre les différents incendies, même si, à certains endroits, il a pu être retrouvé un tag "FLB".
L'accès au logement, "un problème à résoudre en urgence"
Seule certitude pour le journaliste du Poher : la naissance d’un noyau d’activité qui essaie de reprendre la thématique de la crise de l’immobilier. "Ils surfent sur un vrai problème de logement et de hausse des loyers" décrypte notre confrère.
Fort de ce constat, Erwan Chartier alerte : "Il est urgent de traiter ce problème. Le cas échéant, on prend le risque de voir des groupuscules extrémistes reprendre des actions clandestines, pour exister médiatiquement".
LIRE : Envolée du prix des logements sur le littoral : taxer les résidences secondaires, une solution
En 2021, un courrier similaire avait déjà été envoyé à plusieurs rédactions, régionales et nationales.