Plus de 300 producteurs de lait, selon les organisateurs, ont manifesté jeudi à Saint-Brice-en Coglès (Ille-et-Vilaine), inquiets de se retrouver dans un mois sans industriel pour transformer leur production après la dénonciation de leur contrat par le groupe agroalimentaire Savencia.
"Nous avons besoin de Savencia, mais Savencia a besoin de notre lait", s'agace un manifestant. Ils étaient plus de 300 producteurs de lait à Saint-Brice-en Coglès. Le 8 mars, leurs contrats avec la laiterie arrivent à terme, et Savencia veut choisir l'organisation de producteurs avec qui elle veut discuter.
Le groupe Savencia a dénoncé le contrat qui le liait à l'Association d'Organisation de Producteurs (AOP) Sunlait, laquelle regroupe six associations de producteurs, dont Ouest'Lait en Bretagne et Normandie, ainsi que Sud-Gascogne, implantée dans le sud-ouest.
Pour ces deux associations, les contrats dénoncés arrivent à terme le 8 mars et plus tardivement dans l'année pour les quatre autres.
"Savencia a besoin à 100% de ce lait mais son but est de déstabiliser l'AOP pour rejeter nos demandes et payer le lait au prix qu'ils veulent (...) Ils veulent casser la structure et l'affaiblir", a déclaré le vice-président de Ouest'Lait, Denis Berranger.
Un rassemblement était également prévu jeudi après-midi à Jurançon (Pyrénées Atlantiques) devant la fromagerie des Chaumes.
Des négociations difficiles
"L'acheteur (Savencia, ndlr) refuse de discuter avec notre organisation nationale. Il nous encourage à revenir à des organisations locales, car ce sera plus facile pour discuter selon eux. Mais on sait que pour nous, ce sera plus difficile de peser", a expliqué Nicolas Bernatas, président de l'association des producteurs du Sud-Gascogne.
Interrogée par l'AFP, la direction de Savencia a assuré qu'elle ne laisserait "aucun producteur au bord de la route", ajoutant que "certains dirigeants" de Sunlait "ont rendu le dialogue impossible".
Jeudi prochain se réunira à Paris, à la demande de l'AOP, le comité de règlement des différends, mis en place par la loi Egalim 2.
Dans l'esprit de ses concepteurs, il s'agit d'"aller plus loin que la médiation et d'éviter les tribunaux", a précisé M. Berranger. Les décisions rendues par ce comité, saisi "pour la première fois" depuis sa création, doivent être appliquées, même si la partie adverse a la possibilité de faire appel, a-t-il dit.
Avant la création de ce comité, Sunlait avait saisi le tribunal après la dénonciation des contrats par Savencia, en 2019. En première instance, le tribunal avait donné raison à l'AOP, une décision invalidée en appel.
Selon M. Berranger, Sunlait, qui rassemble environ 950 producteurs, livre à Savencia 17% du lait transformé par l'industriel, un pourcentage confirmé par ce dernier.