Quatorze jours après le passage de la tempête Ciaran, la Bretagne, en particulier la pointe du Finistère, porte les stigmates de dégâts considérables. Depuis 7 heures, ce jeudi 16 novembre les équipes de France 3 Bretagne et de France Bleu Breizh Izel sont en direct depuis la caserne des pompiers de Châteauneuf-du-Faou (Finistère), où elles recueillent les témoignages marquants de cette tempête, examinent les répercussions et abordent les perspectives de reconstruction.
France 3 Bretagne et France Bleu Breizh Izel vous donnent rendez-vous en direct de la caserne des pompiers de Châteauneuf-du-Faou dans le Finistère 15 jours après le passage de la tempête Ciaran.
De nombreux invités apporteront leurs témoignages : quels souvenirs garderont-ils de cet épisode climatique catastrophe ? Quelles en sont les conséquences aujourd'hui ? Comment aborder la reconstruction ?
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Des foyers toujours sans électricité
"Le combat continue pour redonner l'électricité à tous les foyers" appuie Jean-Philippe Lamarcade, directeur d'Enedis en Bretagne. Deux semaines après l'impressionnante tempête Ciaran qui a touché la pointe Finistère 2500 foyers sont encore privés électricité.
Selon le directeur d'Enedis Bretagne les moyens avaient été anticipés. "3000 salariés étaient déployés". Mais la tempête a fait des dégâts d'ampleur. "Des arbres se sont abattus sur les lignes électriques fracassant tout le matériel. Il faut maintenant reconnecter les maisons des particuliers au cas par cas, maison par maison".
Sur le terrain, "il faut parfois jusqu'à 25 techniciens pour remettre l'électricité pour une maison". Des moyens très importants face à des dégâts considérables. Au matin du 2 novembre, après le passage de la tempête Ciaran, 780.000 foyers s'étaient réveillés dans le noir, sans chauffage.
"Dans le froid et éclairé à la bougie"
Depuis Spezet dans le Finistère, ce couple nous livre leurs souvenirs de cette tempête et de ses conséquences. "Nous nous sommes réveillés dans le noir. Nous avions baissé les volets électriques. Il a fallu un groupe électrogène pour les relever. Nous étions alors à la bougie et sans chauffage."
Le froid les a marqués. "La maison est tombée à 10 degrés se remémore la propriétaire, c'était éprouvant". Son mari Yves garde un sentiment de culpabilité suite à cette coupure d'électricité. "C'est l'un des arbres de notre jardin qui est tombé sur les lignes coupant notre électricité".
40 ans de boulot pour réparer les forêts.
Vincent Seité, bûcheron à Ploudalmézeau
Un travail colossal est entamé dans les forêts du Finistère. "Il faudra 40 ans de boulot pour réparer et nettoyer les forêts" souligne Vincent Seité bûcheron à Ploudalmézeau.
Sans téléphonie ni électricité : Châteauneuf-du-Faou, une commune coupée du monde
Le maire de la commune s'est retrouvé sur le terrain, au poste de commandement communal dès 3h du matin ce 2 novembre. Par la tempête Ciaran, sa commune était alors coupée du monde. "Pas d'électricité, pas d'internet, pas de téléphone... le sentiment de me retrouver des années en arrière" témoigne Tugdual Braban, maire de Châteauneuf-du-Faou.
Afin de faciliter la communication "nous avons dû utiliser les services d'un radioamateur, Nicolas Larvor" assure l'élu. "Quand les agriculteurs ou les bénévoles partaient sur le terrain, en reconnaissance des dégâts, nous avions des difficultés pour les retrouver". Grâce aux techniques de radioamateur, la CB, la communication a pu se faire. Police et pompiers ont été équipés pour pouvoir rentrer en contact de manière permanente.
"Tout s'est joué ici à la caserne, il a fallu tout réinventer" assure Tugdual Braban qui souligne "la mobilisation exemplaire, formidable de toute la commune notamment pour venir en aide aux personnes en grande difficulté de santé".
"Pas complètement armé face à la tempête, mais le service public s'adapte"
Pour Maël de Calan, président du conseil départemental du Finistère, "nous n'étions pas complètement armés face à la tempête Ciran, mais le service public s'adapte pour être de plus en plus performant". L'objectif de l'élu est de permettre aux services publics d'être prêt face aux crises et évènements climatiques qui se multiplient.
"Il nous faut un système électrique avec des lignes enterrées pour éviter les chutes d'arbres. Les poteaux téléphoniques doivent être bien entretenus pour mieux résister". Maël de Calan souhaite des infrastructures plus "résilientes" face aux phénomènes climatiques qui se multiplient.
"On sortira de la crise quand le dernier Finistérien retrouvera l'électricité"
Maël de Calan
Si la crise a été "bien anticipée" pour Maël de Calan soulignant "la bonne prévention mise en place avec le préfet du Finistère", le président du conseil départemental du Finistère est clair "on sortira de la crise quand le dernier Finistérien retrouvera l'électricité". Pour l'élu, le Finistère doit "se relever et anticiper la crise après, qui arrivera".
"on sortira de la crise quand le dernier Finistérien retrouvera l'électricité" pic.twitter.com/QGsMZkfUjC
— France 3 Bretagne (@france3Bretagne) November 16, 2023
"Il faut structurer la reconstruction"
"L'ampleur de la charge est gigantesque pour la reconstruction du Finistère" souligne Maël de Calan. "Avec le préfet du Finistère et d'autres partenaires nous avons fait le constat que nous pouvions perdre énormément de temps si la reconstruction n'était pas structurée".
"Il faut venir en aide aux agriculteurs, évacuer les déchets, consolider les réseaux téléphoniques et électriques et bien d'autres chantiers..." analyse Maël de Calan pour appuyer la création du comité de pilotage pour la reconstruction qui a été mis en place ce mercredi 15 novembre. L'objectif est d'évaluer les dégâts et d'établir un diagnostic pour prioriser les chantiers pour réparer et reconstruire. Ce comité regroupe des élus, des collectivités et des acteurs économiques.
"Les dégâts sont considérables, mais nous ne sommes pas encore en mesure de les évaluer précisément" détaille le président du conseil départemental du Finistère. "Il faut mettre des chiffres, sur nos besoins mais je ne sais pas encore si cela sera suffisant" commente Maël de Calan. La chambre d'agriculture du Finistère travaille avec les agriculteurs et les maires du Finistère pour évaluer et recenser les dégâts causés par la tempête Ciaran.
Les dégâts sur le modèle productif agricole sont absolument considérables.
Maël de Calan
Maël de Calan constate que "les serres, les pépiniéristes, les éleveurs ont pris de plein fouet la tempête. Les dégâts sur le modèle productif agricole sont absolument considérables." Pour l'élu l'enjeu est de remettre sur pied des centaines d'exploitations agricoles.
3200 kilomètres de routes bloquées au 2 novembre
Au lendemain de la tempête dans le Finistère, "3200 km du réseau routier étaient bloqués sur les 3600 que compte le département" par des arbres couchés sur les routes. "L'ampleur de la tâche, le souvenir des pires heures du confinement, cela m'a marqué comme la solidarité et l'efficacité du service public pour se relever et reconstruire ses routes et remettre l'électricité" souffle Maël de Calan sur le plateau de France 3 Bretagne et de France Bleu Breizh Izel.
Des vagues de 12 mètres, des vents en rafale jusqu'à 207 km/h, la tempête Ciaran a sonné la Bretagne. 780.000 foyers se sont retrouvés sans électricité au lendemain de cette tempête historique.
"Il faudra panser les plaies"
Si des indemnités de la part d'Enedis vont tomber pour "tous les foyers privés d'électricité plus de 5 heures" assure le directeur Bretagne d'Enedis, "il faudra panser les plaies de la tempête" confie un habitant de Plogoff.
Les cicatrices laissées par la tempête se referment peu à peu grâce aux élagueurs, aux couvreurs. Les artisans reprennent leur activité mais il y a des pertes.
Dans le bourg de Chateauneuf-du-Faou l'électricité est revenue en 36 heures. Rapide mais pas assez pour sauver le stock de la boucherie de la commune. "On a perdu toute la marchandise de la chambre froide, la chaîne du froid a été coupée..." résume la propriétaire, Sadia Mébarki.
LIRE : Tempête Ciaran et inondations. Une enveloppe de 80 millions d’euros pour les agriculteurs
Le gouvernement "travaille" à la mise en place d'un "fonds d'urgence exceptionnel" pour les habitants sinistrés bretons suite au passage des tempêtes Ciaran et Domingos, a annoncé Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, ce jeudi 16 novembre 2023. L'état de catastrophe naturelle n'a pas été reconnu en Bretagne.
LIRE : Tempête Ciaran. Pourquoi l'état de catastrophe naturelle n'est-il pas reconnu en Bretagne
Plus de 1.000 pompiers mobilisés dans le Finistère
Grâce à son groupe électrogène la caserne des pompiers de Châteauneuf-du-Faou était le seul bâtiment de la commune avec de l'électricité.
En tant normal, 300 pompiers sont disponibles chaque jour dans le Finistère. Au lendemain de la tempête plus de 1.000 pompiers ont été mobilisés pour venir en aide à la population souligne Virginie Jouan, commandante au SDIS 29.
Le bilan humain de la tempête est de 3 blessés léger dont un sapeur-pompier qui se rendait à la caserne et un mort survenu après le passage de Ciaran, un technicien d'Enedis en intervention.
Après Ciaran les dégâts de la tempête sont considérables
- Patrimoine
Après le passage de la tempête Ciaran qui a touché la Bretagne début novembre, la Fondation du patrimoine dresse un bien triste bilan. "Des toitures de maisons et d'églises sont fortement endommagées, des milliers d'arbres sont à terre et des édifices tout juste restaurés sont à reconstruire".
- Foyers sans électricité
Près de deux semaines après le passage de la tempête Ciaran, quelques milliers de foyers restent toujours privés d'électricité en Bretagne dont la plupart dans le Finistère. Solidarité et système D sont de mise dans ce département. Mais certains sinistrés commencent à perdre patience.
Cédric Thomas, sa compagne et leur fillette de sept ans viennent de passer quatre nuits dans des chambres d'hôtel ou des locations meublées de tourisme. "On a passé toute la semaine à chercher un logement, mais on doit bouger tous les jours", se désole le Quimpérois.
Lorsque l'électricité est coupée chez lui, ce jeudi 2 novembre à 2 h du matin, au plus fort de la tempête Ciaran, ce père de famille est loin d'imaginer que l'incident va durer plus d'une semaine. "On vient de nous dire que le courant ne devrait pas être rétabli avant au moins deux semaines !"
- La procédure de calamités agricoles engagée
Au Faou, la tempête Ciaran est un coup dur pour les pépiniéristes de la pointe bretonne, dont les serres et les plantes ont subi de plein fouet les assauts du vent. Beaucoup d'équipements par terre, des milliers de plants à déménager. Une situation difficile pour ces petites structures vulnérables.
"Le préfet du Finistère a engagé dès le lundi 6 novembre la procédure de calamités agricoles" annonce la préfecture dans un communiqué de presse. La promesse du président de la République, en déplacement en Bretagne en fin de semaine dernière suite à la tempête Ciaran, de faire reconnaître l'état de catastrophe naturelle et de calamités agricoles "partout où on pourra le faire" semble prendre forme progressivement.
"Nous sommes allés voir tous les agriculteurs touchés pour relever ferme par ferme les dégâts qu'ils ont subis", explique Dominique Cap, le président de l’Association des maires du Finistère. Nous sommes dans le factuel. "Les élus et techniciens sont sur le terrain auprès des agriculteurs qui sont aujourd'hui dans une grande détresse."
Les ostréiculteurs ont subi, eux aussi, les vents violents de la tempête Ciaran. Dans le Morbihan, l'heure est aux premiers constats. Si certains ont été relativement peu impactés, pour d'autres en revanche, c'est l'intégralité de leur parc à huîtres qui a été dévastée. Une situation compliquée à gérer qui va entraîner des frais imprévus et beaucoup de travail dans les semaines à venir.
