Le mouvement de grève des médecins du cabinet du Gast, dans le quartier de Maurepas à Rennes, se poursuit depuis ce lundi 14 octobre 2024. Les médecins, toutes des femmes, consultent toujours, mais ont décidé de dénoncer les agressions verbales qu’elles subissent de plus en plus de la part des patients. La semaine dernière, une d’entre elles a été la cible de menaces de mort. Un climat de plus en plus insupportable.
Les menaces de mort proférées en fin de semaine dernière ont été la goutte de trop. "On a vécu ça violemment, ça nous a choquées, confie le docteur Françoise Jégu-Raïd. C’est pour ça qu’on a décidé d’en parler".
Depuis ce lundi 14 octobre et jusqu’à nouvel ordre, les sept médecins et la secrétaire médicale ont décidé de faire grève. Leur banderole "Stop aux menaces" s’affiche en gros sur les vitres du cabinet.
Mais l’activité continue. Les patients ayant rendez-vous sont reçus, mais la partie administrative n’est pas assurée.
Des incivilités et des agressions verbales quotidiennes
Ces menaces de mort s’ajoutent à de nombreuses incivilités. Le comportement de certains patients se fait beaucoup plus agressif, notamment depuis le Covid et les confinements successifs.
"Les gens sont un peu plus à cran, affirme le docteur Laurence Marchal-Fresnel. Globalement, la population est adorable, mais il y a une minorité de gens qui n'est pas respectueuse, qui est agressive.(...) On veut alerter les patients pour qu’ils prennent conscience qu’on ne parle pas à quelqu’un qu’on côtoie presque tous les jours comme à un chien".
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Un message qui porte, notamment auprès des patients concernés
Certains patients se reconnaissent en lisant le message devant le cabinet médical. Et prennent conscience qu’ils peuvent être agressifs avec les praticiens ou la secrétaire.
"On a une patiente qui a pu s’excuser ce matin des propos qu’elle a tenus à la secrétaire", note le docteur Laurence Marchal-Fresnel.
Le mouvement semble donc porter ses fruits, au moins en partie.
On a une patiente qui a pu s’excuser ce matin des propos qu’elle a tenus à la secrétaire.
Docteur Laurence Marchal-Fresnel
Une patiente, Christiane, qui habite dans le quartier depuis six ans, a accepté de nous parler de ce climat d’insécurité.
Elle avait d’abord trouvé très pratique d’avoir une maison de santé à côté de chez elle, avec des personnes très disponibles. "Malheureusement, regrette-t-elle, il y a beaucoup de gens qui y rentrent sans rendez-vous, comme si c’était une épicerie, et veulent passer tout de suite. Les médecins ont raison de réagir à cela, sinon elles ne peuvent pas travailler correctement. C’est inadmissible que des gens qui sont là pour nous soigner soient agressés, car parfois cela dépasse les menaces".
Malheureusement, il y a beaucoup de gens qui rentrent sans rendez-vous, comme si c’était une épicerie, et veulent passer tout de suite. Les médecins ont raison de réagir à cela.
Christiane, une patiente et riveraine
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Conséquences d'un système de santé dégradé
Les médecins pointent du doigt la dégradation du système de santé en France. Plus de patients, moins de médecins, il devient très compliqué de recevoir des soins et trouver un généraliste qui voudra bien vous accueillir.
Une situation qui engendre beaucoup de frustration chez les patients et l’agressivité de certains.
Avec leur mouvement, les membres de la maison médicale souhaitent alerter les patients, leur expliquer que les médecins ne sont pas responsables.
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La ville de Rennes sollicitée... en vain
Ils veulent aussi alerter les élus de la ville. « On aimerait aussi que la mairie nous aide à trouver des locaux adaptés, plus sécurisés, explique le Dr Marie Pancher. Moi, j'ai longtemps travaillé à la campagne et je suis ravie d’être rentrée à Rennes et d’avoir trouvé ce cabinet. Je suis ravie de pouvoir soigner une majorité de la population qui se comporte très bien".
À la mairie, on leur répond que cette maison médicale est une structure privée, et qu’à ce titre, elle n’est pas prioritaire.