"On va reconquérir le Blosne", la lutte contre le trafic de drogue à Rennes s'accélère avant les JO 2024

Pour contrer un trafic de drogue qui pourrit la vie des résidents du sud de la ville de Rennes, une opération anti drogue d'ampleur se déploie durant trois semaines. L'opération "Place nette" a été annoncée ce 17 avril par le préfet Philippe Gustin qui veut rendre le Blosne à ses habitants.

"Ce serait vraiment impensable que nous ne puissions pas récupérer le quartier du Blosne des mains des dealers..." Rendre ce quartier aux habitants en y délogeant les dealers est la priorité numéro 1 du préfet de Bretagne. Il l'affirme, ce quartier du sud de Rennes "est un cas exemplaire" qu'il a ciblé avec le ministre de l'Intérieur.

3 semaines d'opération Place nette au Blosne

Ce 17 avril 2024, le préfet de région se présente devant la presse avec du concret dans la lutte face à la criminalité qui gangrène le quartier. Une fusillade la nuit du 9 au 10 mars a révélé au grand jour ce que les policiers et les riverains connaissaient depuis longtemps. Malgré les efforts de la ville pour installer une vraie mixité et les moyens mis pour la culture et la rénovation urbaine, le trafic de drogue s'est enraciné au Blosne. Le quartier détient le record de points de deals. Un tiers du trafic de drogue de Rennes se joue dans ses rues. Cela peut rapporter jusqu'à 70.000 euros sur quelques rues.

"Avec la ville et le procureur, nous avons lancé une opération Place nette qui va se prolonger sur trois semaines" annonce Philippe Gustin. Dans le jargon, cela signifie que les forces de police intensifient leur présence et les opérations de contrôle auprès des riverains et des commerces. L'objectif est de reconquérir par la présence policière "des territoires abandonnés".

Lire : Fusillade à Rennes. Face aux narcotrafiquants, "il faut s'attaquer aux têtes de réseaux"

40 individus interpellés en un week-end

Depuis les échanges de tirs à la Kalachnikov aux abords de l'école primaire du quartier, 60 forces de l'ordre sont mobilisées chaque nuit sur Rennes. Ils contrôlent près de 100 personnes en moyenne par opération. Depuis le 12 avril et le début de l'intensification des efforts, déjà 40 personnes ont été interpellées.

Question stupéfiants, les CRS, gendarmes et policiers ont saisi 17,6 kilos de cannabis et 1,4 kilo d'héroïne. Lors des opérations dans les commerces, 23 kilos de tabac de contrebande ont également été confisqués.

Lire : “On va harceler les dealers” : 28 points de revente de drogue à Rennes sur les 32 du département

"Les fumeurs ont du sang sur les mains"

"Les fumeurs de joints ont du sang sur les mains" lâche le préfet. Il s'explique. "Les consommateurs doivent assumer qu'ils engraissent des organisations criminelles de narcotrafiquants. Ce n'est plus Peace & Love".

Face aux armes des dealers, les forces de l'ordre utilisent leur arsenal judiciaire dont les expulsions d'appartement. "Nous travaillons main dans la main avec la mairie et les bailleurs sociaux ainsi que les propriétaires et locataires de ce quartier". Si une plainte est déposée pour un appartement occupé pour être un lieu de deal, de stockage de drogue ou d'emprise des dealers sur des personnes vulnérables, "l'expulsion peut se faire entre 3 et 7 jours" détaille Philippe Gustin.

Les enfants doivent pouvoir refaire du vélo au Blosne.

Philippe Gustin

Préfet de la région Bretagne

Dans le cadre de ce grand nettoyage de printemps dans ce quartier, les agents de la ville ont retiré 10 tonnes d'encombrants. Des épaves de voitures, chaises, tables de jardin utilisées pour freiner les policiers dans leurs opérations. "Le quartier doit retrouver sa tranquillité, les enfants doivent pouvoir y refaire du vélo" souffle le préfet.

Cet objectif simple et clair commence à prendre effet. "C'est vrai que c'est incroyablement calme depuis dimanche" murmure un riverain à la sortie du métro. "Je commençais à chercher un logement dans un autre quartier, mais si les policiers réussissent à virer les dealers de crack, je reste"  renchérit un autre usager.

Réussir sur la durée

"Il faut que ça dure et cela sera le plus difficile" maugrée une maman inquiète pour ses enfants scolarisés dans l'école du quartier. "Du métro, ils vont aller au parc des Gayeulles" ironise un ado. C'est bien le risque en effet. Pour s'en prémunir, le préfet insiste "notre collaboration avec la justice est totale". Le procureur et lui sont sur la même longueur d'onde face aux trafiquants. Des peines risquent de tomber.

Pour rassurer la population, la police multiplie sa présence. Les véhicules sont visibles sur tous les points stratégiques. Des motos circulent, des agents veillent. Des équipes cynophiles avec des chiens renifleurs ont été déployées dans 6 écoles pour s'assurer que les groupes scolaires ne servent pas de caches.

Le préfet le sait, il faut agir vite. "Nous voulons nettoyer un grand coup avant les Jeux Olympiques". Logique, un tiers de son effectif sera sur Paris lors des JO. La préfecture, la mairie, le procureur donnent rendez-vous dans trois semaines pour faire le point sur cette opération d'ampleur. 

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