Le tribunal correctionnel de Rennes a prononcé, ce 8 juillet 2024, des peines de prison à l'encontre de deux hommes qui avaient tiré à la kalachnikov sur une voiture occupée par trois jeunes. Les faits se sont produits le 14 mars dernier sur l'A84.
Un habitant de Sevran (Seine-Saint-Denis) et un autre de Meaux (Seine-et-Marne) ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Rennes, ce lundi 8 juillet 2024, à six et deux ans de prison pour avoir tiré à la kalachnikov sur une voiture occupée par trois jeunes. Les faits se sont déroulés aux Portes-du-Coglais (Ille-et-Vilaine) le 14 mars 2024.
La fusillade a eu lieu dans la commune vers 22h30 : trois jeunes Rennais circulaient à bord d'une Peugeot 308 lorsqu'ils avaient essuyé des tirs de kalachnikov sur le bord de l'autoroute A84, en provenance d'une Renault Alpine qui les suivait.
Deux d'entre eux avaient été touchés et l'un d'eux portait d'ailleurs encore un fixateur à l'audience de ce lundi 8 juillet 2024 : touché au bras, il pourrait même "rester handicapé". Les trois sont en tout cas traumatisés.
Les deux auteurs des tirs, âgés respectivement de 34 ans et de 24 ans, avaient été "blessés par balles" quatre jours plus tôt dans le quartier du Blosne, à Rennes.
"J'ai failli mourir pour rien"
Ils auraient dû être jugés le 23 mai 2024, mais "plusieurs investigations" étaient encore attendues. L'homme de 34 ans avait été interpellé le 21 mai 2024 à Meaux, alors qu'il portait une arme chargée des "mêmes cartouches" que celles ayant servi à la fusillade aux Portes-du-Coglais. Or, ce lundi 8 juillet 2024, le tribunal de Rennes n'avait toujours "aucun retour" de "l'expertise balistique".
Les deux prévenus ont commencé à dire qu'ils "ne se connaissaient pas" mais ils avaient été identifiés comme les occupants d'un Airbnb situé à Châteaubourg (Ille-et-Vilaine). La Renault Alpine avait été louée au nom du "R", le surnom du prévenu de 34 ans et son téléphone bornait sur place.
L'enquête n'a toutefois pas permis d'établir la présence du second prévenu de 24 ans sur le bord de l'autoroute. Il a donc été renvoyé pour "association de malfaiteurs" aux côtés de son coprévenu, jugé pour sa part pour "violences aggravées par trois circonstances".
À l'audience, les deux ont nié avoir tiré sur les trois jeunes Rennais. "Je ne suis pas assez bête pour me faire contrôler avec une voiture que j'ai louée, avec mon téléphone, pour tirer sur des gens que je ne connais même pas" a fait valoir le trentenaire originaire de Meaux, déjà condamné dix-neuf fois, notamment pour des infractions à la législation sur les stupéfiants.
"Depuis les faits, je n'ai plus goût à la vie, j'ai failli mourir pour rien, pour zéro euro" a pour sa part dit l'une des victimes à la barre. Ce jeune homme avait "un travail stable" et "une belle paye". Il se destinait à "un bel avenir" mais a "baissé les bras" depuis les faits car il est "dégoûté de la vie".
Lui et ses deux amis ont toutefois peiné, lors de l'audience, à expliquer pourquoi ils se trouvaient au niveau des Portes-du-Coglais à cette heure-ci. Ils devaient "aller manger au kebab" à Argentré-du-Plessis mais s'étaient "trompés de route" ont-ils affirmé.
Il menace de mort son coprévenu
"Dans un premier temps, les enquêteurs ont supposé que tout ça n'était qu'une histoire de règlement de comptes avec pour écho la fusillade mortelle survenue début mars" dans le quartier du Blosne, a expliqué Me Antoine Hellio, l'avocat d'une des victimes.
Les deux prévenus avaient comme "lieu de destination" ce quartier de Rennes et le choix de loger à Châteaubourg interroge l'avocat rennais qui a dit "douter de l'attrait touristique" de cette commune de 8.000 habitants.
Les avocats de la défense - Mes Alexandra Dufour, Amar Bouaou et Arnaud Le Bourdais - sont toutefois revenus sur les lacunes de cette affaire, dans laquelle on veut "faire rentrer aux forceps des actes matériels à reprocher". Dans ce "dossier nébuleux" auquel "on ne comprend rien", selon eux, "il n'y a pas eu de vérifications réalisées par les enquêteurs" a plaidé Me Arnaud Le Bourdais, déplorant le fait de devoir "se défendre contre rien".
Sa consœur parisienne a aussi déploré "les choix faits par le ministère public" : sans ouverture d'instruction, le dossier est "vide d'éléments" et ne permettra pas "d'éclairer les victimes qui méritaient aussi de savoir" qui étaient les auteurs de ces tirs.
Après plus de six heures de débats, les deux hommes ont été condamnés à six et deux ans de prison ferme. Ils auront interdiction de séjourner en Ille-et-Vilaine pendant cinq ans.
Le prévenu de 34 ans a mal vécu la décision : il a dû être évacué du box du tribunal, hurlant, frappant contre les murs et menaçant de mort son coprévenu. Ces deux-là sont donc repartis en détention à la maison d'arrêt de Rennes.