Silencieux face à la violence et aux moqueries, Maxime et Karell témoignent de leur calvaire. Des avocats viennent dans les collèges et cherchent à briser ce silence.
"Quand je me suis fait harceler, je ne l’ai pas dit. Ce n’est pas moi qui l’ai dit… ", murmure Maxime, un jeune collégien au regard franc, les épaules recouvertes d'un sweat à capuche gris. Face à ses camarades et à des adultes venus échanger avec eux, il témoigne pour la première fois dans une salle de classe.
Le harcèlement scolaire touche un élève par classe en France, selon une récente enquête du ministère de l'Éducation nationale. Maxime, âgé aujourd’hui de 11 ans, fait partie de ces enfants. Il a été la cible de violences et de moqueries à l’âge de 8 et 9 ans.
"Je me faisais frapper tous les jours"
"Je me faisais frapper tous les jours. Des gens se moquaient de moi, ils me disaient des méchancetés ", raconte Maxime, visiblement marqué.
Ce qu'il regrette le plus ? "Je n’en ai pas parlé à mes parents au début. Je n’en ai parlé à personne. " Un silence lourd qui souligne la difficulté pour de nombreux jeunes de mettre des mots sur leur souffrance.
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Harcèlement sexuel en CM2
Le cas de Maxime n’est malheureusement pas isolé. Karell, une autre élève de 12 ans, a elle aussi vécu un enfer, mais d’une autre nature. Alors qu’elle n’était qu’en CM2, elle a été victime de harcèlement sexuel.
"Je n’arrive pas à m’en débarrasser, cela me revient toujours à l’esprit", confie Karell, encore bouleversée par ce traumatisme. Comme Maxime, elle n’a pas pu en parler directement à ses parents. "Ce sont mes amis qui sont allés voir des adultes pour qu’ils interviennent et en parlent à mes parents", se souvient la jeune fille.
Cela me revient toujours à l'esprit.
Karellvictime de harcèlement sexuel par un autre élève en cm2
Le silence, l’isolement, la peur de ne pas être entendu : autant de freins qui empêchent les victimes de se confier et de trouver de l’aide.
Des avocats dans les collèges pour informer et prévenir
À l’occasion de la "Journée du droit dans les collèges", des avocats interviennent dans les établissements scolaires. Leur mission ? Sensibiliser les élèves à leurs droits et à leurs devoirs. Ils leur donnent également des outils pour se défendre face au harcèlement et à ses conséquences dévastatrices.
Un message clé est transmis : les smartphones, omniprésents dans la vie des jeunes, peuvent aussi devenir leurs pires ennemis.
"Les réseaux sociaux donnent une caisse de résonance à ce type de faits", prévient Hélène Laudic-Baron, une avocate présente. "Avant, le harcèlement s’arrêtait à la porte de l’établissement scolaire. Avec les téléphones, il continue en permanence, en permanence… " Le cyberharcèlement prolonge les souffrances des victimes bien au-delà des murs de l’école.
Le dispositif "pHARE", un programme pour lutter contre le harcèlement
Au collège public Amand Brionne près de Rennes, en Ille-et-Vilaine, le directeur de l’établissement mise sur le dispositif "pHARE", un programme mis en place par le ministère de l’Éducation nationale pour lutter contre le harcèlement scolaire. Dans ce cadre, des élèves volontaires sont formés et sensibilisés aux comportements harcelants.
Leur rôle est d’observer, d’écouter et, surtout, d’alerter. Parler de la détresse que l’on a pu observer, selon le directeur, est souvent le début d’une solution.
La lutte contre le harcèlement, qu’il soit physique ou moral, passe donc par l’engagement de toute la communauté scolaire et la libération de la parole des victimes. Une tâche difficile mais nécessaire, pour que plus aucun enfant ne traverse ce calvaire en silence.
avec Benoit Le Vaillant