Dans la lignée de nos rediffusions d'évènements sportifs qui ont fait vibrer la Bretagne, voici la Route du Rhum 2018. Un scénario incroyable pour la plus bretonne des courses au large : fortes dépressions, avaries, échouages, finish au couteau. Flashback.
Le spectacle était à la hauteur de l'évènement. Un départ canon ce 4 novembre 2018. Le premier record est celui de la flotte avec 123 skippers qui se sont élancés pour la Route du Rhum, avec en tête, les Ultimes, géants des mers, et les Imocas désormais volants avec leurs foils.
Les bateaux volants ont emmené la flotte de la 11ème route du Rhum devant Saint-Malo, entre la Pointe du Grouin et le Cap Fréhel.
Notre émission spéciale : le départ de la Route du Rhum
Revoir le départ depuis Saint-Malo de la 11ème édition de la Route du RhumUne fois franchie la ligne de départ au large de la Pointe du Grouin, sous le regard de milliers de spectateurs massés sur le littoral, la course a vite été animée. Les conditions sont plus que musclées et les premières 48h s'annoncent décisives pour de nombreux concurrents.
Dès les premiers milles, les premières avaries
Plusieurs concurrents s'arrêtent, pour réparer et résoudrent des problèmes techniques.
Les avaries se multilpient rapidement : un flotteur en partie arraché pour le leader de la course Sébastien Josse, de la casse pour Thomas Coville qui doit se dérouter vers La Corogne. Armel Le Cléac’h, l'un des grands favoris de l'épreuve sur son Ultime Banque Populaire, doit faire un arrêt technique à Roscoff pour un problème technique. La mer n'est pas tendre avec les marins de la Route du Rhum.
Démâtages, déroutages, la dépression pousse un quart des concurrents à se mettre à l'abri. La Class Rhum est impactée par la dépression. Face au très fort coup de vent, une vingtaine de skippers de la Route du Rhum choisit de se réfugier dans un port : à Brest, à Roscoff, Bénodet mais aussi à Camaret.
Les conditions météo désastreuses font redouter le pire aux skippers
Un concurrent chavire, c'est Armel Le Cléac'h, pourtant l'un des favoris de la course.
Armel Le Cléac'h n'est pas le seul à être dans la difficulté. Après une avarie, Jérémie Beyou sur son Imoca Charal, se réfugie à Brest. Thomas Coville, lui aussi victime d'une casse sur Sodebo, s'abrite à La Corogne. L'Ultime Edmond de Rothschild de Sébastien Josse subit une avarie majeure, une partie de son flotteur tribord a été arrachée. Monin, l'Imoca d'Isabelle Joschke, l'une des six femmes engagées sur la course a démâté, le Class40 Narcos du Britannique Sam Goodchild également. Et puis le bateau du Guadeloupéen Willy Bissainte s'échoue sur l'île Rouzic, il est victime d'une voie d'eau.
La catégorie la plus touchée est celle des célèbres et gigantesques Ultimes : ils étaient six au départ le 4 novembre, ils ne sont plus que deux en course : Macif de François Gabart et Idec Sport de Francis Joyon. Ces deux-là mènent la danse.
Un final de folie
Jamais une victoire ne s'est jouée dans un finish aussi serré depuis 40 ans et la première édition ! Francis Joyon remporte la Route du Rhum au terme d'un corps à corps grandiose avec François Gabart.
Depuis sa première participation en 1990, Francis Joyon n'avait jamais réussi à s'imposer dans la plus célèbre des transatlantiques. Et c'est dans un scénario des plus "hitchcockiens" qu'il coupe la ligne en vainqueur à 23h21 locales (04h21 en métropole, 03h21 GMT) au terme de 7 jours 14 heures 21 minutes et 47 secondes passés en mer, soit un nouveau record (le précédent avait été établi par Loïck Peyron en 2014, 7 jours 15 heures 8 min 32 sec).
Revoir l'arrivée complète, le duel entre François Gabart et Francis Joyon autour de la Guadeloupe.
"C'était vraiment une course extraordinaire. Le fait de tactiquer avec François (Gabart), c'était vraiment passionnant", déclare Joyon après avoir arrosé la foule très nombreuse sur les pontons, et avoir esquissé quelques pas de danse.
"C'était frustrant, difficile, je savais que Francis revenait." Revivez la réaction de François Gabart sur les pontons d'arrivée.
Avec 7 minutes d'avance, Francis Joyon a donné tout ce qu'il pouvait, comme jamais, pour gagner cette Route du Rhum et éloigner le jeune François Gabart.
Selon Francis Joyon, la victoire s'est jouée sur la remontée du canal des Saintes : "J'avais serré la côte, j'entendais même les gens [sur la côte], j'étais à moins de 20 mètres du phare, j'ai vraiment collé à la côte pour en pas être pris dans le courant descendant. Je me suis alors retrouvé dans une position différente de François, c'est comme ça que j'ai pu repasser devant. Après il arrivait comme un avion (...) et j'ai viré pour une place entre lui et la ligne d'arrivée."
Le vainqueur ajoute que le dernier virement a été un moment de "grande inquiétude" : "Je voyais François revenir (...) j'avais l'impression de rééditer l'arrivée de Mike Birch pour qui j'ai beaucoup d'admiration".