Sexualité et consentement. "Pendant les soirées étudiantes, certains pensent que tout le monde est OK pour tout (...) alors que pas du tout."

Parce qu'après les soirées étudiantes rennaises, il y a trop de plaintes pour agressions sexuelles ou viols, les pouvoirs publics ont décidé de soutenir une campagne de communication sur le consentement. "Ça fait du bien quand on arrive à en parler de façon dépassionnée, quand ce n'est pas un sujet d’actualité brûlant", explique Thomas Guiheneuc de l'association rennaise Liberté Couleurs, sollicitée pour mener cette campagne.

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"Le consentement ? Ça passe forcément par une question" nous dit cet étudiant en Staps, assis sur un transat, au milieu du campus de l'Université de Rennes 2. À ses côtés, deux amies. L'une dit que c’est parfois compliqué avec l'alcool : "pendant les soirées, certains pensent que tout le monde s’amuse, que tout le monde est OK pour tout, que tout le monde va au même rythme et veut les mêmes choses, alors que pas du tout". L'autre jeune femme explique qu'elle parle régulièrement du consentement et de ce qui se passe en soirée : "on parle entre copines, surtout après des soirées quand il nous arrive des choses, mais ça peut aussi être très tabou".

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Le consentement, ça s'apprend

Pour que le sujet du consentement ne soit plus un tabou, Thomas Guiheneuc, cofondateur de l'association rennaise Liberté Couleurs anime des ateliers. Ce midi-là, il teste à nouveau un jeu interactif avec une vingtaine d'étudiants de l'IUT Carrières sociales sur le campus de Beaulieu à Rennes. C'est un jeu de cartes qui s'appelle "Ça matche ou pas ?". Il y a un personnage, Loulou, qui va agir ou réagir en fonction d'une situation donnée. Une étudiante prend le jeu en main et expose la situation : "Loulou est alcoolisée, son partenaire lui propose une pratique sexuelle. Comment réagit Loulou et que va-t-elle faire? " Les étudiants exposent leurs arguments. Les uns sont choqués, d'autres contents... Gwenaëlle trouve les échanges intéressants : "on voit qu’on n’est pas tous égaux et qu’on n’a pas les mêmes réactions sur certaines choses, c’est un peu inattendu". Thomas Guiheneuc pose la question qui dérange certains : "est-ce que vous avez déjà parlé de ce type de situations avec vos partenaires? (...) Pourquoi attendre qu'elles se présentent pour en parler?".

À LIRE. Consentement : comment en parler aux plus jeunes ?

C'est pour dissiper ces possibles malentendus et mieux comprendre les réactions des uns et des autres, qu'une campagne de communication a été lancée à Rennes. Ell est soutenue par le Rectorat, la préfecture, la Métropole de Rennes et l’association Liberté Couleurs, et initiée par le procureur de Rennes qui a constaté que de nombreuses plaintes étaient déposées pour des faits de viols ou agressions sexuelles lors de soirées étudiantes. Or dans ces procédures judiciaires, la matérialité des faits est souvent établie, mais l’élément moral de l’infraction, c’est-à-dire la preuve du défaut de consentement, fait quant à lui régulièrement défaut, entraînant des classements sans suite (pour "infraction insuffisamment caractérisée").

Pour Thomas Guiheneuc, les jeunes sont animés par le sujet du consentement, mais lors de ces ateliers, il essaie de les amener à aller plus loin.

Je leur demande : concrètement, dans ton couple avec tes amis, est-ce que tu t’es déjà retrouvé dans une situation, où finalement tu as dit oui, parce que c’était plus facile, est-ce que tu t’es déjà posé la question de ton positionnement sur le consentement ? Et là, on se rend compte que ce n'est pas si simple, qu'il y a un vrai flou dans la posture de chacun régulièrement.

Thomas Guiheneuc,

cofondateur de l'association Liberté Couleurs

Les garçons, n'ayez pas peur

Il rassure aussi les garçons. Il leur dit qu'ils ne sont pas des cibles. Il leur conseille d'avoir simplement de la considération pour l'autre, que ce soit dans un groupe d’amis, avec ses partenaires : "il y a plein d’indicateurs, des regards, des postures, des mots, des attitudes et c’est ça l’important".

Il souhaiterait que le code de l'éducation soit respecté, avec trois ateliers par an depuis le CP, jusqu'au lycée. "on n'en serait pas là", regrette-t-il. En attendant les cours vraiment obligatoires dans toutes les écoles, le ministre de la justice a laissé entendre il y a quelques jours, qu’il était favorable à l’inscription de la notion de consentement dans le code pénal. Une avancée pour tous ces jeunes.

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