Face à la crise de la filière bio, les agriculteurs déplorent "un manque de volonté politique"

Le groupement des agriculteurs biologiques du Morbihan (Gab) et celui d'Ille-et-Vilaine se sont réunis en assemblée générale, ce 19 mars 2024. Se sentant marginalisée et souffrant de la baisse de ses ventes, la filière bio traverse une période critique.

"Les petits radis, les oignons nouveaux, les navets en botte, ça annonce le printemps ! " se réjouit Nicolas Céré, pendant qu'il récolte dans ses serres à Séné, dans le Morbihan. 

Malgré la crise de la filière bio depuis deux ans, ce maraîcher bio et ses deux associés, installés à côté de Vannes, estiment que leur entreprise se porte bien. Leur secret ? Cultiver une grande diversité de légumes, sous serre et en plein champ, et vendre la totalité en circuit court.

"On n'a pas d'intermédiaires, on fixe nos prix en fonction des prix du marché, mais il n'y a pas de diktat d'une enseigne de distribution ou d'une centrale d'achat", explique Xavier Morat, "donc forcement, on protège nos marges." Magasins de producteurs, restaurateurs, le marché hebdomadaire de Sené: la ferme d'Ozon écoule toute sa production en vente directe, sa localisation géographique, non loin de Vannes, facilitant les livraisons à ses clients.

Plus de 4.000 ferme bio en Bretagne

Tous les producteurs bio ne peuvent toutefois pas écouler leur production en circuit court. Et de nombreux agriculteurs souffrent d'une baisse des ventes. En France, la part du bio dans l’alimentation des Français est passée de 6,4 % à 6 % en 2022.

La consommation de produits bio a brutalement décéléré depuis 2021, surtout en 2022, après des années de croissance à deux chiffres. Cette tendance a pris l’ensemble des acteurs à contre-pied. Dominique Dubreuil, président du Groupement des agriculteurs biologiques du Morbihan (Gab 56), réclame "une vraie volonté politique"  de la part du gouvernement pour soutenir la filière bio.

Même si les volumes des ventes de bio ont diminué ces dernières années - et bien que les cours, notamment du lait bio, aient chuté -, la filière bio résiste tant bien que mal dans la région. La Bretagne reste la première région productrice d'œufs, de légumes et de lait bio en France.

4.102 fermes sont menées sur le territoire, un chiffre qui a doublé en dix ans. Mais l'agriculture conventionnelle reste largement dominante, le bio ne concernant que 15% des exploitations agricoles bretonnes.

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"L'État ne respecte pas ses propres lois "

Quand le consommateur rogne sur son budget alimentation, les cantines s'avèrent un levier essentiel pour garantir des débouchés à l'agriculture bio.

Or, l'objectif de 20% de produits bio dans la restauration collective, fixé par la loi Egalim, n'est pas respecté depuis son entrée en vigueur au 1er janvier 2022. "L'État ne respecte pas ses propres lois ", déplore Dominique Dubreuil, du Gab 56.

L'obligation, qui ne s'appliquait qu'aux cantines d'établissements publics, s'étend désormais aux établissements privés, que ce soit dans l'enseignement, dans les Ehpad ou dans les restaurants d'entreprise.

La restauration collective comme point d'appui

Dans ses cantines, la Bretagne ne propose encore que 14 % de produits alimentaires issus de l'agriculture biologique. Une proportion néanmoins deux fois supérieure à la moyenne nationale, qui n'atteint que 7% dans les repas servis.

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Certaines communes se démarquent par un réel engagement à servir aux enfants des produits bio:  à Bruz, au sud de Rennes, les cantines des écoles et crèches servent 1.400 repas chaque jour en bio à 100%. Le Conseil régional soutient aussi la filière en proposant, dans les lycées, des repas où 19% des produits cuisinés sont bio.

(Avec Romuald Bonnant)

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