Alixe Barrier a décroché le titre de Miss Handi France 2023. Diadème sur la tête et étoiles plein les yeux, la jeune femme resplendit de mille feux et prend son rôle très au sérieux. Ce titre, la Morbihannaise veut s’en servir pour faire changer le regard sur le handicap et sur les maladies invisibles.
"Nous sommes tous pareils. Que l’on vive sur nos deux jambes ou dans un fauteuil roulant, nous sommes les mêmes. Nos corps sont plus ou moins minces, nous avons de petits ou de gros bobos, mais nous sommes tous pareils, répète Alixe Barrier. Il ne devrait pas y avoir de jugement, il faut que l’on s’accepte comme on est."
La jeune bretonne a décroché courant mai le titre de Miss Handi France 2023 à Troyes dans l’Aube. "C’était magique, se souvient-elle. C’était dans le décor magnifique de la mairie. Toutes les candidates et tous les candidats étaient là, c’était une super ambiance. Il y a beaucoup de solidarité entre nous. On s’est aidés pour s’habiller, se maquiller, se coiffer."
Une Miss pas comme les autres
Car le concours de Miss Handi, crée en 2013 par Priscille Vigneron pour faire accepter le handicap de chacun se déroule comme les autres concours de beauté. Chorégraphie, défilé en tenue de ville, en maillot de bain, puis en robe du soir.
"Oui, j’ai défilé en maillot de bain. Il faut se laisser vivre, ne pas se cacher, assume fièrement Alixe. Et puis, quand à la fin de la cérémonie, quand on a annoncé mon nom, j’ai crié. C’était un drôle de cri, il venait du cœur, du ventre, de partout." Alixe avoue avoir versé quelques larmes. "Et c’est la Miss Handi 2022 qui a posé le diadème sur ma tête, c’était super touchant."
Depuis mon élection je me sens plus forte, plus femme et encore plus déterminée.
Alixe Barrier, Miss Handi France
"Cette aventure est la plus belle que j'ai vécue jusqu'ici. Un rêve devenu réalité car je n'ai écouté que moi cette fois-ci. Si vous avez envie de faire quelque chose faites-le pour vous et non pour quelqu'un", écrit-elle sur sa page Facebook. "Depuis mon élection je me sens plus forte, plus femme et encore plus déterminée."
Le plus beau titre de Miss
Avant la découverte de sa maladie, Alixe avait déjà participé à des concours de beauté, mais n’avait jamais porté l’écharpe. Cette fois, c’est chose faite. Et cette couronne de Miss Handi France, Alixe la trouve encore plus belle et plus brillante que toutes les autres. "Quand je me suis présentée pour le concours de Miss Morbihan, c’était un concours pour faire un concours, là, pour moi, c’est un véritable honneur d’avoir obtenu ce titre."
Car cette écharpe de Miss Handi s’accompagne pour elle d’une mission, changer le regard sur le handicap et notamment sur les maladies invisibles.
"Je n’en peux plus des gens égoïstes ou de ceux qui me regardent mal quand je me stationne sur une place handicapée, lâche la jeune femme. Oui, au premier abord, mon handicap ne se voit pas, personne ne se doute de rien. Alors, je fais un grand sourire et je montre le petit macaron bleu sur ma voiture."
Une maladie invisible
Alixe souffre du syndrome d’Ehlers-Danlos. Une maladie qui touche tous les tissus conjonctifs, les tendons, les ligaments, les parois des organes, les vaisseaux sanguins. "Comme notre production de collagène est insuffisante, nous avons des articulations hyperlaxes, témoigne Alixe, une peau très élastique et des vaisseaux sanguins fragiles. Les médecins parlent parfois de la maladie chewing-gum."
La jeune femme a longtemps souffert sans que le diagnostic ne soit posé. "Depuis toujours, on voyait bien qu’on avait un problème dans la famille, mais les médecins disaient, c’est dans votre tête. Je savais bien que ce n’était pas le cas."
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Et puis un jour, la tante d’Alixe a été diagnostiquée. "On lui a dit que c’était une maladie héréditaire, qu’il fallait que toute la famille aille consulter. Et c’est là, qu’on a découvert que je souffrais du même mal. C’est bizarre, mais ça m’a soulagée. Ça a été une délivrance de me dire, je ne suis pas folle et je ne me laisserai plus faire quand on me tiendra des paroles méchantes."
"Comme le mien, 80% des handicaps sont invisibles. Les maladies mentales, psychiques, mais aussi les handicaps sensoriels, comme la déficience visuelle, la surdité. Ce n’est pas parce qu’ils ne se voient pas qu’on ne souffre pas", poursuit Alixe.
En 2016, elle a été obligée de mettre un terme à sa carrière dans la restauration. Au quotidien, ce sont de nombreux de symptômes qui gâchent la vie. Ces derniers temps, c’est sa jambe gauche qui l’ennuie. Parfois elle se paralyse, d’autres fois, elle se bloque complètement, alors Alixe se sert de sa canne. Un jour peut-être elle aura besoin d’un fauteuil roulant.
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Elle espère donc que son titre lui permettra de sensibiliser à ce syndrome. "Pour l’instant, il n’y a aucun traitement pour nous guérir", souffle- t-elle. Elle entend donc parler du Gersed. le Groupe d’étude et de recherche du syndrome d’Ehlers-Danlos. "Petits dons par petits dons, on peut faire des grandes choses".
"J’ai vraiment envie de changer les choses, il faut que ça bouge, se révolte Alixe. En 2023, c’est incroyable que les trottoirs ne soient pas adaptés, qu’il n’y ait pas assez de places de parking adaptées."
"Il y plein de choses à faire et tant que je pourrai, je lutterai contre les préjugés, je me bagarrerai pour qu’on cesse de juger les gens". Alixe compte bien se battre. Et avec sa couronne et son sourire en guise d’arme de persuasion massive, elle pourrait bien l’emporter…