Début février 2024, un canidé a été fauché mortellement par une voiture à Gourin (Morbihan). Son corps était criblé de plombs. Tout laisse penser pour les experts que cet animal est un loup. Une enquête a été ouverte par le procureur de Lorient.

L'information circulait depuis plusieurs jours parmi tous ceux qui s'intéressent de près à la présence du loup en Bretagne. Du côté de Gourin dans le Morbihan, un canidé aurait été renversé par une voiture début février. L'animal avait le corps criblé de plombs.

Pour Tanguy Descamps, représentant de l’association Ferus (Association nationale pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs) en Bretagne, cette information est d'importance, car si les analyses génétiques prouvent que l'animal mort est bien un loup, comme tout le laisse à penser, ce serait le premier loup à être retrouvé mort en Bretagne.

En Bretagne historique, un loup avait été tué, renversé par une voiture du côté de Saint-Brévin-les-Pins en Loire-Atlantique.

Pour François de Beaulieu, membre du groupe Loup en Bretagne et auteur d'un livre sur la présence historique du loup dans la région, le fait que l'animal renversé à Gourin soit un loup ne fait aucun doute. Plusieurs éléments le laissent entendre comme le fait que le parquet de Lorient ait ouvert une enquête et aussi "par rapport à la photo qui a fuité".

Le procureur de la république de Lorient a été saisi et il n'a certainement pas été saisi pour un chien écrasé.

François de Beaulieu,

membre du groupe Loup en Bretagne

Un acte de braconnage "très grave"

"Selon les fuites" comme le signale François de Beaulieu, le canidé mort avait des plombs dans le corps, une information "très inquiétante" car le loup est une espèce protégée (en France depuis 1993). Donc "il s'agit d'un acte de braconnage totalement inadmissible. On ne saurait tolérer que les loups soient accueillis de cette manière-là en Bretagne".

Même s'il y a des tirs sur les loups qui sont autorisés annuellement dans le cadre de plans loup "d'ailleurs critiqués par les associations naturalistes" dans certaines régions, "on ne peut pas comme cela tirer sur des loups n'importe quand, n'importe comment," s'emporte François de Beaulieu. Et d'expliquer que la cohabitation est nécessaire : "On a l'expérience en Bretagne d'espèces protégées pour lesquelles on a trouvé des moyens de cohabitation dans le cadre de discussions et de dialogues comme le goéland argenté par exemple. Il provoque des nuisances dans un certain nombre de villes et on a trouvé des solutions pour limiter sa reproduction et vivre en cohabitation".

Si l'acte de braconnage était officiellement prouvé, "Il n'y a pas de doute que les associations porteront plainte et on espère qu'il y aura à terme une condamnation".

Un loup dans le nord-ouest du Morbihan

Si la présence de loups en Bretagne est confirmée depuis mai 2022, il est toujours difficile de déterminer précisément leur nombre "2, 3, 4 ou plus, on ne sait pas exactement, nous livre Tanguy Descamps, mais on se doutait qu'il y avait certainement un loup dans le secteur, car il y avait eu des prédations en 2023 dans deux communes du nord-ouest du Morbihan".

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Au 1er janvier 2024, le préfet du Morbihan avait d'ailleurs pris un arrêté "pour placer Gourin et 19 communes du nord-ouest du département en cercle 2", c'est-à-dire que les éleveurs avaient accès à un niveau supérieur de protection avec la possibilité d'avoir des aides pour acquérir des chiens de protection, des investissements en matériels tels des parcs électrifiés.

Une présence dans la région confirmée depuis deux ans

Très régulièrement, ces deux dernières années, la présence de loups sur le territoire breton est relevée, que ce soit suite à des animaux aperçus et/ou pris en photos comme dans les Côtes-d'Armor où un loup a été repéré à plusieurs reprises ou suite à des ovins retrouvés morts ou victimes d'attaques.

La question d'une attaque de loup sur des bovins est même évoquée sur deux vaches, qui ont été en partie dévorées tout début janvier dans un élevage du Cloître-Saint-Thégonnec, dans le Finistère.

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Pour "le loup de Gourin", reste à attendre les conclusions de l'enquête diligentée par le parquet de Lorient. Sollicité, le procureur de la république ne nous a pas apporté de réponse à cette heure.  

Selon Tanguy Descamps, représentant de l’association Ferus, les analyses génétiques pour déterminer officiellement s'il s'agit d'un loup ou d'un autre canidé peuvent prendre du temps, quelques jours et même quelques semaines. Comme d'autres membres d'associations, il attend avec impatience un communiqué du procureur, "qui ne devrait pas tarder".

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