Contamination des huîtres par les eaux usées : "on commence à être pris au sérieux" réagissent les ostréiculteurs

Ce mardi 2 avril 2024, la justice a ordonné aux structures gérant l'assainissement du Bassin d'Arcachon de procéder à des travaux d'urgence afin de remédier à la pollution des eaux relevée notamment après la contamination d'huîtres. En Bretagne, on salue cette avancée.

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"C'est très positif, on est forcément content" réagit Philippe Le Gal ce 3 avril 2024. Le président du comité conchylicole de Bretagne-sud et du comité national de la conchyliculture ne cache pas sa satisfaction suite à la décision prise la veille par le tribunal judiciaire de Bordeaux.

La justice a ordonné ce mardi 2 avril au syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon (SIBA) et à son délégataire, la société SB2A (filiale de Veolia Eau), de prendre une série de mesures en urgence pour mettre fin aux débordements des eaux usées dans le milieu naturel.

Ce référé pénal environnemental, "c'est une nouvelle procédure qui va dans le même sens que toutes les actions que nous menons depuis des années" poursuit Philippe Le Gal, ostréiculteur à Surzur dans le Morbihan. 

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Dimensions du réseau en question

Le juge a notamment demandé l'arrêt immédiat de tout pompage sur un bassin de sécurité et la construction de déversoirs d’orage pour mettre fin au "caractère actuellement inadapté du dimensionnement du réseau d’assainissement" qui se manifeste par des débordements des eaux usées dans le milieu naturel. 

Comme l'explique le journal Le Monde, qui parle de la fin de "l'omerta" sur la contamination, un ultimatum a été fixé par la justice : jusqu'à six mois pour certains de ces travaux. Il a été assorti d'une astreinte de 1.000 euros par jour de retard "au regard de l'importance de la pollution."

"L'aspect environnemental des débordements est enfin pris en compte. C'est une excellente nouvelle" complète Frédéric Coudon, ostréiculteur à Baden sur la rivière d'Auray (Morbihan). 

Avec cette décision de Bordeaux, la justice demande à l'État de mettre en application les règles qui existaient déjà. Cela va évidemment dans le bon sens !

Frédéric Coulon

Ostréiculteur à Baden (Morbihan)

Selon un arrêté datant de 2015, les débordements d'eaux usées sont autorisés dans la limite de 5% des volumes traités par an. "Au-delà, poursuit l'ostréiculteur qui s'occupe précisément des sujets relatifs à la qualité de l'eau au sein du comité conchylicole de Bretagne-sud, c'est qu'il y a un problème structurel qui doit être résolu." 

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Durée de purification prolongée

Frédéric Coudon fait partie de la trentaine de professionnels du pays d'Auray et Quiberon qui ont été directement touchés fin 2019 et début 2020 par une pollution aux norovirus (ces derniers provoquent des gastro-entérites). Son entreprise a dû fermer durant près de deux mois. "71 jours précisément, dit-il. J'ai perdu 37% de mon chiffre d'affaires, mais le préjudice est bien plus important." 

L'ostréiculteur a en effet dû investir pour se "protéger de ce type de risques". Après avoir subi cette pollution, il a agrandi ses bassins insubmersibles, là où sont stockées les huîtres avant d'être vendues. "En temps normal on les met 48h dans ces bassins, mais en période de risques, on prolonge la durée : de 8 à 15 jours pour les protéger de toute contamination" indique-t-il.

Outre cette augmentation de la durée dite de purification, l'ostréiculteur fonctionne en circuit fermé : fini le pompage dans l'eau de la rivière quand celle-ci est potentiellement contaminée. Des efforts qui ont payé. "Notre secteur n'a pas été fermé cet hiver. C'est aussi lié aux travaux effectués par l'AQTA (la collectivité d'Auray Quiberon Terre Atlantique, NDLR) qui a lancé un 'plan Marshall' pour réduire ces débordements et limiter les risques." 

"Nous sommes victimes, pas responsables"

Des progrès sont donc réalisés à l'échelle de la Bretagne, mais "le travail n'est pas fini, poursuivent les ostréiculteurs. Outre le préjudice médiatique dont les professionnels souffrent à chaque crise, les ostréiculteurs touchés demandent des réparations pour les fermetures imposées.

"Nous sommes victimes, pas responsables" répètent Philippe Le Gal et Frédéric Coudon. Une trentaine d'entreprises ont été pénalisées fin 2019, début 2020 dans le pays d'Auray-Quiberon. "Or l'expert mandaté dans le cadre du référé expertise a montré que les collectivités étaient responsables à plus de 95%, soulignent-ils. Nous demandons maintenant des indemnisations. Avec cette décision de Bordeaux, on a le sentiment que nos actions en justice commencent à être prises au sérieux" espèrent-ils.

La procédure du juge administratif est en cours, mais "le temps de la justice, n'est pas celui des entreprises" regrette Frédéric Coudon qui insiste aujourd'hui sur la nécessité de rassurer le consommateur. "Notre but, c'est qu'il y ait zéro malade, précise Philippe Le Gal. Il faut mettre en place des outils, des indicateurs précis qui vont nous permettre d'anticiper, de sécuriser les zones conchylicoles et de rassurer les consommateurs."

Outre le secteur d'Auray-Quiberon, d'autres zones bretonnes comme celles de Morlaix et Cancale ont aussi souffert ces derniers mois de diverses pollutions.

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