Plus de 80% des fleurs vendues en France proviennent de l'étranger. Pour infléchir ce phénomène, de nombreuses fermes florales fleurissent un peu partout en Bretagne. Le concept de "Slow Flower" est apparu. Il promeut une production locale et saine. Aux consommateurs de changer leurs habitudes d'achat : finies les roses à la Saint-Valentin !
"Je n'aime pas trop la Saint-Valentin, avoue Nathalie Caudal, productrice de fleurs dans le Morbihan. Cette fête est mal placée dans l'année." En même temps, quelle drôle d'idée de mettre la fête des amoureux, rendez-vous incontournable des fleuristes, en plein milieu de l'hiver...
Nathalie ne cultive pas de fleurs pour la Saint-Valentin mais elle est quand même présente en ce mois de février sur le marché de Vannes pour vendre "des tulipes, des tulipes ou des tulipes !" et quelques anémones et renoncules. Des fleurs de saison qu'elle produit dans sa ferme florale, à Séné, depuis trente ans. "On a toujours eu des clients fidèles mais depuis 5 ou 6 ans, il y a une prise de conscience sur la production de fleurs locales et de saison."
Le Slow Flower fertilise les mentalités
Un engouement des clients qui se retrouve également chez des jeunes qui souhaitent devenir producteur de fleurs. "Toutes les semaines on a des demandes de stages, de visites." On parle aujourd'hui de Slow-flower (en comparaison avec le Slow-food, qui s'oppose au Fast-food). Un mouvement qui prône une production locale et éco-responsable.
"C'est le sens de l'Histoire de produire à une échelle locale, s'enthousiasme Hélène Taquet, fondatrice du Collectif de la Fleur Française qui soutient la culture de fleurs françaises locales et de saison. Il y a de nombreuses micro-fermes qui se créent. Notre collectif reçoit une à trois demandes d'adhésions chaque semaine. C'est énorme. On compte 450 fermes florales aujourd'hui en France contre près de 8 000 il y a 40 ans."
Une cinquantaine de fermes florales voient le jour chaque année. Pour la plupart, des micro-fermes. "L'accès au foncier est compliqué, développe Hélène Taquet, et nous ne sommes pas vraiment poussés par les chambres d'agriculture. C'est donc difficile de s'installer."
Moins de risques, plus de libertés
C'est pourtant le choix de Tiphaine Turluche. Cette fleuriste du Bono dans le Morbihan a décidé de sauter le pas l'année dernière pour devenir productrice de fleurs. Attention, on parle ici de "bébé production". "C'est vraiment minuscule, on a cultivé 400 m2 de terrain l'année dernière et on cultivera 600m2 en 2023."
Tiphaine voulait avant tout réduire les risques du transport et éviter les accidents de trajet de transporteurs venus du Var ou du Périgord. "Cela me permet aussi d'avoir plus de liberté et d'autonomie sur la disponibilité des fleurs pendant la saison des mariages."
Sa mini-ferme florale lui permet également d'avoir plus de variétés de fleurs. "Je cultive des fleurs plus spécifiques avec un style qui m'est propre et que je peux couper le matin même pour un mariage."
Pour la Saint-Valentin, Tiphaine se fournit dans le Var et propose des bouquets d'Anémones, Renoncules, Giroflées, Genets ou encore de Mimosa.
Des fleurs françaises qui tiennent trois fois plus longtemps en vase
Les fleurs françaises ont de nombreux atouts, si on écoute nos interlocutrices. En plus de l'aspect écologique et responsable, "elles ont une durée en vase plus longue. Elles tiennent trois à cinq fois plus longtemps que les fleurs étrangères, explique Hélène Taquet. Le bouquet tient mieux". En effet, les fleurs sont cueillies à un meilleur stade de maturité et elles voyagent moins en camions réfrigérés.
La fleur locale coûte en moyenne 20 centimes de plus qu'une fleur importée de Hollande. Cela suffit à décourager certains acheteurs. "Il y a une envie, mais il y a toujours cette histoire de prix, se désole Hélène Taquet. Les clients vont prendre de l'étranger car les Hollandais cassent les prix pour briser l'élan de la fleur française. Ils sont coriaces mais il faut soutenir la production locale !"