La retraite est l'occasion de commencer une nouvelle vie et de nouvelles activités pour les séniors. Ils sont parfois rattrapés et (sur)sollicités pour garder les petits enfants. Ils témoignent sur la juste distance à mettre pour trouver un équilibre tout en gardant un rôle plus ou moins actif dans l'éducation des marmots.
"La vie de famille passe avant tout. S'il y a besoin, je suis là pour garder les petits enfants." Ce vendredi, Françoise est "de permanence" au Secours populaire d'Auray avec deux autres "mamies".
Aujourd'hui, elle partira plus tôt. "Je vais chercher mes petites filles à l'école trois fois par semaine", explique-t-elle. Dans l'association, ce n'est pas un problème. "Ici, on est presque toutes des retraitées avec des petits enfants. On essaye de s'organiser et de jongler entre nos emplois du temps."
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Bénévoles, mamies, femmes actives, ces trois grands-mères, comme 93%, des 15 millions de grands-parents en France, apprécient passer du temps avec leurs petits enfants. Elles n'ont pas forcément la même vision sur leur rôle auprès d'eux et essayent de trouver le juste équilibre avec leur vie personnelle.
Guider et rassurer
Selon un sondage Ifop, les grands-parents sont plus d’un sur deux à s’occuper de leurs petits enfants au moins une heure par semaine (55%). "Ce temps passé est directement corrélé à la distance entre le domicile des grands-parents et celui des petits-enfants." À l'image de Nelly, dont "les enfants sont loin. Le plus proche est à Rennes", elle essaye quand même de s'investir tout en gardant du temps pour elle.
"L'éducation, on la laisse aux parents, développe cette dernière le sourire aux lèvres. On est là pour dépanner, donner un petit coup d'aide." La plupart de ses petits-enfants sont déjà grands, elle essaye donc de discuter avec eux, de les guider "dans leurs incertitudes, leurs doutes. Je leur explique que de tout temps la vie a été comme ça, qu'on est toutes passées par là. Faut relativiser leur anxiété, leurs peurs, leurs inquiétudes."
Nelly essaye également de leur inculquer des valeurs. "C'est mon rôle de leur faire prendre conscience qu'ils doivent prendre leur part dans la société, faire du bénévolat et un minimum effort. Pour certains, ça marche."
"Il faut savoir mettre le holà !"
"Il faut savoir mettre le holà !" s'exclame Myreille, la jeune senior dynamique est toujours active. Elle a son entreprise et vient faire du bénévolat un jour par semaine. C'est une grand-mère qui est là pour "dépanner" mais pas plus !
"Pour l'éducation, il y a les crèches, les nounous, etc. Nous, on a déjà donné et on n'est pas sur la même longueur d'onde ! Je ne prends que les loisirs, les bons côtés, c'est mieux." Un week-end de temps en temps ou quand la crèche ferme pour Noël.
Les mots croisés et la petite fille
"Il y a trois sortes de grands-parents, développe Soizic, une "Nanou" très proche de sa petite fille. Il y a ceux qui ne s’intéressent pas, ceux qui s’investissent pendant les vacances, mais pas dans la vie quotidienne, et ceux, comme nous, qui font ce qu’ils peuvent pour participer au quotidien." Avec le grand-père, ils ont même déménagé dans le Morbihan pour accompagner leurs enfants et petite-fille.
"On s’est rapprochés. Ça nous fait une deuxième vie, du changement et c’est moins monotone." Sa retraite doit aussi rimer avec lecture, le marché du lundi à Auray, les mots croisés, le cinéma et les voyages. "Il faut pouvoir concilier tout cela, se ménager du temps mais c'est un plaisir."
Passer plus de temps avec les petits-enfants qu'avec les enfants
Pour elle, comme pour son mari Bernard, ils jouent un rôle dans l'éducation. "Il faut l'aider à grandir, explique cet ancien instituteur. Il y a un vrai plaisir à lui faire découvrir des choses, des saveurs, des couleurs." L'idée pour lui est aussi "de trouver le temps de passer plus de temps avec ma petite fille qu'avec ma fille. Dans la vie active, tu as moins de temps pour tes enfants. La vie avec tes petits enfants est moins stressante. Tu es plus cool et plus tranquille."
"On a beaucoup plus de patience." Jean-Claude aussi est du même avis. "Je partais à 7h du matin et je rentrais un tour de cadran plus tard à 19h-19h30. Tu les vois, les enfants se couchent et puis c'est tout." Le jeune retraité de Guignen essaye donc de se dégager du temps. "Ce sont des souvenirs. Elles diront papy n'était jamais là où il était là. Je les mets à contribution. Ça va les marquer."