Kevin Escoffier, naufragé du Vendée Globe est de retour en Bretagne, chez lui dans le Morbihan. Loin de ressasser, il envisage déjà les prochaines échéances comme la Route du Rhum.
Ça y est, Kevin Escoffier a retrouvé cette semaine, sa base, Larmor-Plage dans le Morbihan. "Je suis content d'avoir retrouvé la famille. Je pense que le plus difficile, ça a été pour eux." Le skipper a en effet vécu un Vendée Globe chahuté, contraint d'abandonner la course car son bateau s'est cassé en deux dans les mers du sud.
Une sensation de bateau mou
Tout a été très vite ce 30 novembre. Son bateau surfe sur une vague, le nez rentre dans l'eau. "La décélaration a plié ma coque. Je n'ai pas le souvenir d'avoir entendu un gros bruit, j'ai plutôt eu une sensation de bateau mou, c'était surréaliste."
Le navigateur doit réagir rapidement, enfiler sa combinaison de survie, empoigner son radeau de survie, déjà submergé dans le cockpit. Il a récemment rouvert son téléphone et constaté : "Entre le moment où j'envoie un texto à mon équipe pour les prévenir et que l'eau monte et noie les équipements de bord, il se passe une minute."
Alors que dans 95 % des scénarios de sécurité, il faut rester sur le bateau, lui n'aura pas eu le choix que de le quitter.
L'aventure humaine
En attendant Jean Le Cam, détourné de la course pour lui venir en aide, Kevin Escoffier passera 11 heures dans son radeau de survie. "A aucun moment, je n'ai vu ma vie défiler devant moi. Je suis resté dans l'action. Psychologiquement, il faut avoir un minimum l'impression de maîtriser."
Il se rappelle d'un moment esthétique :"Même dans le radeau, quand Jean me retrouve. La mer est agitée, il y a de grandes vagues. Quand je vois son Imoca tourner autour de moi, c'est très beau."
Les deux hommes passeront cinq jours ensemble, un temps où ils ont pu échanger sur cette mésaventure. "Jean, c'était le meilleur thérapeute à avoir. Il a perdu trois bateaux, c'était rassurant. Ça m'a juste permis d'accepter la situation." Il ajoute : "Je n'ai pas l'impression de pouvoir me reprocher grand chose, je faisais une bonne course."
Cela reste un échec sportif, car je m'étais engagé pour finir et j'ai perdu un bateau
Aujourd'hui, Kevin Escoffier retient : "sportivement, j'étais dans le coup, pour ma deuxième course en solitaire. Avant que je ne casse, j'étais parmi les plus rapides".
"Il y a aussi l'aventure humaine, avec Jean, avec mon équipe et l'équipage de la Marine nationale, où j'ai découvert un métier de marin que je ne connaissais pas. Il me reste de bons souvenirs, malgré l'abandon."
Le skipper pense déjà, à la suite. Il repart bientôt en Vendée, pour discuter avec son sponsor des prochaines échéances comme la Route du Rhum en 2022. Reste à savoir avec quel bateau ? Un nouveau, un d'occasion ? Tout ce qu'il sait, c'est qu'il a envie d'y retourner.