"Ce n’est pas qu’un ministère de crises" : après 28 mois au ministère de l’Agriculture, Marc Fesneau retrouve son fauteuil de député

Près de deux ans et demi après son arrivée au ministère de l'Agriculture, Marc Fesneau a passé le pouvoir à sa succésseuse, la députée LR, Annie Genevard. S'il défend son bilan, les syndicats agricoles se montrent dans l'ensemble plus critiques et attendent beaucoup de la nouvelle ministre.

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Sur le perron du ministère de l’Agriculture, Marc Fesneau ne cache pas son émotion. Après deux ans et quatre mois en poste en tant que ministre de l’Agriculture, le député MoDem du Loir-et-Cher retrouve son siège à l'Assemblée nationale. "Je crois que le travail accompli ou engagé a été profond, nécessaire et utile, et que cela sera plus encore mis en évidence dans les années à venir", a-t-il déclaré au moment de passer le pouvoir à celle qui lui succédera, Annie Genevard, élue députée Les Républicains du Doubs. Après 28 mois à l’Agriculture, le Loir-et-Chérien semble satisfait du bilan qu’il dresse. 

Une qualité d'écoute...

Au cours de son allocution, Marc Fesneau a rappelé ses différents faits d’armes au cours de plus de deux ans relativement mouvementé : la première vaccination de l’Influenza aviaire, la nouvelle Politique Agricole Commune, la réforme de l’assurance-récolte, les plans de souverainetés… Mais le désormais ex-ministre insiste : "[J’ai] la conviction que ce n’est pas, ici, qu’un ministère de crises, mais davantage un ministère dont la vocation première doit être de donner et retrouver à nouveau du sens."

Pour donner ce sens, Marc Fesneau a tenté de "s’affranchir des conservatismes et des immobilismes de toute nature, et se défier des postures et de la facilité." Avant d’ajouter, jouant de son image d’homme "rural et, veuillez m'excuser, chasseur" : "Le monde agricole mérite une parole claire, tenue, et il est à la base, contrairement à l’image dans laquelle il est parfois enfermé, prêt au changement, si le chemin tracé est celui de la confiance, du respect et de la compréhension mutuelle."

Cette qualité d’écoute était déjà soulignée il y a quelques mois par certains agriculteurs. "Il écoute nos revendications, ce n'est pas pour ça qu'il va tout accepter, mais on est écoutés, estimait alors Bertrand Petit, président de la FNSEA d'Eure-et-Loir. L’ancien ministre n’a d’ailleurs pas oublié tous les agriculteurs rencontrés lors de "centaines de déplacements", saluant "la capacité, maintes fois éprouvée, de ces femmes et ces hommes si souvent caricaturés, incompris, à innover, s’adapter, à réinventer chaque jour une activité multiséculaire, à promouvoir leurs traditions tout en étant modernes ; leur fierté si impressionnante."

...ou un "double discours" ?

En 2023, à l’heure d’un premier bilan de son action, Arnaud Lespagnol, président de la FNSEA Centre-Val de Loire considérait de bons débuts, mais restait dans l’attente suite à des promesses qui "ne peuvent pas suffire". Car Marc Fesneau a souvent marché sur la crête afin d’allier une agriculture productive et nourricière avec les questions de transition écologique. Sans pouvoir contenter tout le monde. 

"J’ai essayé, à chaque instant, de me tenir à un équilibre entre l’impératif de souveraineté alimentaire et la nécessité de mener les transitions, en particulier agroécologiques. Souveraineté et transitions, comme principe de décision et comme principe d’action", a rappelé le député du Loir-et-Cher qui va dorénavant présider le groupe MoDem à l’Assemblée. 

Mais c’est aussi cette position d’équilibriste qui lui a été reproché parfois. À la Confédération Paysanne, ce "double discours" du ministre, était largement pointé du doigt. D'un côté "la nécessaire transition agroécologique", de l'autre "celui du développement de l'agro-industrie, prédatrice des ressources". Ce qui a valu à Marc Fesneau d’être accusé par le syndicat de céder aux "exigences du marché et d'une alimentation bas de gamme et à bas coût", dans un tract publié en octobre 2023.

La Coordination Rurale, de son côté, salue la nomination de d’Annie Genevard, sans nommer Marc Fesneau. Le syndicat appelle dans son communiqué à être reçu d’urgence après "9 mois d’absence de prise en compte réelle de la crise agricole liée à l’échec de cogestion directe entre son prédécesseur [Marc Fesneau] et la FNSEA." Un message qui semble bien entendu par Annie Genevard qui a d’ors et déjà promis des changements ambitieux : "Je vais faire en sorte que dans les semaines qui viennent de premiers résultats se voient dans les cours de fermes."

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