Le 6 février 1998, le préfet de Corse Claude Erignac était assassiné dans une rue d'Ajaccio. Retour sur une page douloureuse de l’histoire de l’île, qui continue, 25 ans plus tard, de marquer l'actualité.
6 février 1998 : Claude Erignac est assassiné à Ajaccio. Le préfet de Corse est pris pour cible dans une rue ajaccienne, alors qu’il se rendait à une pièce de théâtre avec son épouse.
Sur place, les enquêteurs découvrent l'arme du crime, un pistolet qui se révélera avoir été dérobé à la gendarmerie de Pietrosella lors d'une attaque revendiquée en octobre 1997 par un groupe clandestin baptisé "Sampieru".
9 février 1998 : Le communiqué d'un groupe nommé les "Anonymes" revendique l'assassinat.
Le même jour, Bernard Bonnet est nommé préfet de Corse. La réponse de l'État se veut ferme dans un contexte où les attentes populaires sont fortes.
11 février 1998 : À l'appel du manifeste des femmes pour la vie, des milliers de personnes défilent dans les rues de Bastia et d'Ajaccio pour dire non à la loi des armes et à la violence.
Côté enquête, les débuts sont chaotiques. Marcel Lorenzoni, éleveur porcin et syndicaliste est dans le collimateur : c'est la piste agricole. Plus de 600 auditions et 300 interpellations, qui se solderont par un non-lieu général en 2016.
21 mai 1999 : Alain Ferrandi, Pierre Alessandri, Didier Maranelli et Marcel Istria sont interpellés. Désigné comme le tireur, Yvan Colonna apprend par la presse les soupçons qui pèsent sur lui.
22 mai 1999 : Yvan Colonna, son frère et son beau-frère organisent une conférence de presse pour clamer leur innocence.
23 mai 1999 : José Versini et Martin Ottaviani sont interpellés. Lorsque les policiers de l'antiterrorisme se présente au domicile d'Yvan Colonna, ce dernier n'est pas là. Il échappe à son interpellation. Pendant 4 ans, il sera le fugitif le plus rercherché de France.
2 juin 2003 : Ouverture du procès du commando Erignac, devant la Cour d'assises spéciale de Paris. Les condamnations vont de 15 ans d'emprisonnement à la perpétuité.
4 juillet 2003 : Arrestation d’Yvan Colonna à Olmeto, après quatre années de cavale.
27 septembre 2004 : Pierre Alessandri s'accuse d'être le tireur.
22 février 2006 : Vincent Andriuzzi et Jean Castela, qui avaient écopé de 30 ans, font appel et sont acquittés.
13 décembre 2007 : Yvan Colonna est condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises spéciale de Paris.
27 mars 2009 : En appel, il est de nouveau condamné à la perpétuité, assortie cette fois d’une période de sûreté de 22 ans.
30 juin 2010 : La Cour de cassation annule le jugement de la Cour d’assises d’appel de Paris pour vice de procédure.
20 juin 2011 : Yvan Colonna est finalement condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, sans période de sûreté.
Au fil du temps, la question du rapprochement carcéral des membres du commando et de l'aménagement de leur peine est posée, notamment pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Mais les rapports favorables de l'administration pénitentiaire se heurtent aux appels systématiques du parquet antiterroriste.
6 février 2018 : pour les 20 ans de l'assassinat, le président de la République Emmanuel Macron se rend à Ajaccio. La présence de l'ancien ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, donne le ton du déplacement. La veuve du préfet Erignac est elle aussi présente.
2 mars 2022 : Yvan Colonna est agressé par un codétenu, Franck Elong Abé, dans la prison centrale d'Arles. Il décèdera 19 jours plus tard. Dans les rues de Corse, des manifestations rassemblent des milliers de personnes, générant d'importants heurts avec les forces de l'ordre.
17 mars 2022 : Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin se rend en Corse et prononce, pour la première fois, le mot d'autonomie. Des discussions sur l'avenir institutionnel de la Corse s'ouvrent alors.
11 avril 2023 : Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, dont le statut de détenu particulièrement signalé (DPS) a été levé, sont rapprochés à la maison d'arrêt de Borgo. Après un premier refus d'aménagement de peine, le processus de discussion avec le gouvernement est interrompu.
31 janvier 2023 : Pierre Alessandri obtient sa libération conditionnelle.
Une page est-elle en train de se tourner ?
Retrouvez la rétrospective réalisée par Dominique Moret :